Aux Etats-Unis, les candidats à la présidentielle ne peuvent se présenter que pour deux mandats consécutifs. En 2008, on arrivera donc enfin (ouf !) au terme du règne Bush ; et déjà la Copyright Alliance, un lobby qui compte parmi ses membres nos chers aimés de la MPAA et la RIAA, s’intéresse à la relève.
Parlant au nom des 11 millions d’américains travaillant dans les « industries créatives », Patrick Ross, son président, a envoyé des lettres questionnant les futurs candidats sur leur conception de la propriété intellectuelle. « Il est primordial, pas seulement pour les créateurs, mais aussi pour l’économie américaine, de s’assurer que la propriété intellectuelle soit respectée et le piratage réduit » explique Ross. « Nous voulons savoir ce que vous feriez pour aider l’Amérique à préserver l’une de ses plus grande force, sa communauté créative. » C’est clair, l’industrie du disque ne restera pas passive pendant les élections et pèsera de tout son poids sur le candidat qui lui promettra les meilleures garanties quant à la défense, non pas de la créativité – reprenons un terme plus juste – mais de son business.
Naturellement, les questions posées aux candidats sont loin d’être neutres, et transparaissent d’une volonté forte de renforcer le copyright. D’ailleurs, les derniers amendements allaient plutôt dans ce sens ; du Digital Millennium Copyright Act dont l’équivalent en France fut la loi DADVSI, à la loi d’extension du terme des droits d’auteur très soutenu par Walt Disney (au point d’avoir été désigné ironiquement sous le nom de « Mickey Mouse Protection Act ») tous les deux adoptés en 98.
Il est complètement hypocrite de la part de la Copyright Alliance de prétendre défendre la créativité par un renforcement de la propriété intellectuelle. Si il y a bien une chose que le gel des dates d’entrée dans le domaine public a permis, c’est bien de renforcer l’avarice des industriels au détriment de la créativité. Quant à la lutte contre le piratage, elle peut effectivement se justifier, quoique les méthodes employées par la RIAA laissent fortement à désirer. Mais n’est-il pas étrange que la campagne menée se révèle être un gouffre financier alors qu’elle avait initialement pour but d’éviter, justement, que trop d’argent n’échappe aux labels dans les réseaux de peer-to-peer ? Bref, ce ne sont pas des questions que pose Patrick Ross aux futurs candidats, mais une simple manière de rappeler le poids que peut avoir son lobby pour peser sur l’élection américaine.
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