Le journal Scientific American a repéré, dans son édition à paraître en décembre 2019, une innovation technologique qui surclasse tous les filtres Instagram dont vous pourriez rêver. Un algorithme baptisé Sea-thru offre la capacité technique de quasiment « supprimer » l’eau sur les photos subaquatiques. Les deux inventrices détaillent leur travail dans un article PDF accessible en ligne. Le nom du programme est un astucieux jeu de mots phonétique, il faut comprendre « see-through » (« voir à travers »).
Ce projet partait d’une constatation : sur les photos prises sous l’eau, les éléments capturés sous l’objectif ne sont pas toujours bien visibles, ou ne sont pas fidèles à la réalité. L’eau provoque un effet de distorsion, ainsi qu’un filtre coloré qui ne restitue pas le véritable état. Ce n’est pas tant un problème esthétique qu’un problème scientifique, puisque c’est parfois un obstacle au référencement efficace des espèces marines (même les IA ont du mal à les identifier et à les classer). Sur des logiciels de montage comme Photoshop, il est possible régler certains niveaux de couleur afin de gommer certaines propriétés colorimétriques de l’eau. Mais c’est très artisanal et ne permet pas d’obtenir les « vraies » couleurs de l’environnement subaquatique.
Sur l’image ci-dessus, une palette de couleurs a été posée à côté d’un corail. Cela permet de constater la différence de fidélité des couleurs entre la présence d’eau (gauche) et son gommage par l’algorithme (droite).
Les couleurs sont restaurées
L’algorithme Sea-thru n’a rien à voir avec les correctifs possibles sous Photoshop. Il ne traite pas les niveaux de couleur, mais la physique lumineuse, soit plus précisément son absorption et son rayonnement. Sea-thru est capable de repérer les particules lumineuses correspondant à la présence d’eau. Cela signifie que le programme informatique identifie pixel par pixel la distorsion et les mauvais modèles de couleur qui en résultent, puis il inverse l’effet. Résultat, les couleurs qui avaient été perdues par la présence d’eau sont restaurées.
Pour que Sea-thru repère effectivement les pixels distendus par l’eau, le programme a besoin d’enregistrer un maximum d’informations sur l’environnement de l’image. Il faut par exemple qu’il puisse déterminer très précisément la distance entre l’objectif et l’élément photographié. Comme elle l’explique sur Reddit, la co-inventrice Derya Akkaynak a pris systématiquement plusieurs photos des objets sous-marins pour les avoir sous plusieurs angles. Une autre possibilité est la photogrammétrie, une technique qui intègre la distance dans les données de l’image — Sea-thru est capable de les comprendre et les traduire.
En tout cas, comme vous pouvez le constater sur les images, l’algorithme est efficace et le résultat est impressionnant : une fois traitée par Sea-thru, l’image montre les coraux comme s’ils étaient vus par l’œil humain en dehors de tout environnement marin, à l’air libre.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.