Le joueur sud-coréen Lee Sedol, qui avait tenté de vaincre AlphaGo dans une série de cinq matches, prend sa retraite. Son niveau est moins bon qu’avant et il estime que l’IA ne peut pas être vaincue. Alors, à quoi bon continuer ?

Une page se tourne dans l’histoire du go. Le joueur sud-coréen Lee Sedol, qui s’était frotté à un système d’intelligence artificielle extrêmement performant lors d’une série de cinq matches épiques, a décidé de se retirer du circuit. Et c’est justement à cause de cette IA, surnommée AlphaGo, que le joueur professionnel a pris sa retraite : elle est trop forte et ne pourra jamais être battue par un humain.

En 2016, Lee Sedol avait perdu assez largement contre AlphaGo, par quatre manches à une.  Par la suite, le système avait également balayé plusieurs grands champions sous une fausse identité, lors de rencontres en ligne. Il a aussi vaincu le numéro un de l’époque, le Chinois Ke Jie, mais avec un écart d’un seul point. Les autres rencontres ne changeront pas la donne, pas plus que le match à cinq joueurs pros contre AlphaGo.

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Lee Sedol, à droite, face à un joueur chargé de reproduire les coups d’AlphaGo. // Source : Google

AlphaGo, inarrêtable

Au cours de cette période, AlphaGo s’est même hissé tout en haut du classement Go Ratings, qui fait référence au sein de la communauté des joueurs. Il a aussi reçu à titre honorifique le grade de neuvième dan professionnel, qui est le niveau maximal que l’on peut atteindre. C’est la puissante fédération coréenne de jeu de go qui l’a remis — Lee Sedol et Ke Jie ont aussi ce grade.

Lee Sedol, autrefois classé numéro un sur Go Ratings, pointe aujourd’hui à la 54ème place. Il demeure toutefois l’un des plus grands représentants de la discipline, avec, selon la BBC, pas moins de dix-huit titres mondiaux remportés. Et même s’il redevient numéro un, ce dont il doute, car cela nécessiterait des « efforts acharnés » qui ne donneront peut-être rien, AlphaGo resterait encore au-dessus, parce que rien ne l’affecte.

Selon DeepMind, la filiale de Google spécialisée dans l’intelligence artificielle, et qui est à l’origine d’AlphaGo, la version de l’IA qui a été opposée à Lee Sedol n’est plus la plus forte : d’autres versions du système ont été développés par la suite, comme AlphaGo Master (qui a servi contre Ke Jie) et AlphaGo Zero, une mouture encore plus forte, qui n’a pas eu besoin de voir des parties d’humains au préalable.

Jeu de Go

Les pierres noires contre les pierres blanches. // Source : Steve James

DeepMind s’est lancé dans le jeu de go non pas par plaisir, mais parce qu’il constitue un champ de recherche très intéressant. Ce jeu de plateau millénaire, venu de Chine, est considéré comme un « Graal » : en effet, il offre un nombre de combinaisons possibles absolument ahurissant. Au début d’une partie, les possibilités s’élèvent à 10170, ce qui est bien plus élevé que les échecs (10120).

Depuis, DeepMind est passé à autre chose — notamment au jeu de stratégie en temps réel, avec StarCraft 2, qui implique de nouveaux défis à remonter, qu’AlphaStar, le nom de l’IA, a su relever sans trop de peine. DeepMind a toutefois estimé que l’existence d’Alphago aura à terme un effet bénéfique sur le jeu de go, en incitant les joueurs et les joueuses à explorer de nouvelles stratégies.

AlphaGo a fait l’objet d’un documentaire sur Netflix. Il existe aussi une page Wikipédia d’une grande qualité relatant ce face à face, son contexte et ses implications. Vous y apprendrez par exemple que lors de la première partie, Lee Sedol a été confronté à un tel coup d’AlphaGo que sa mâchoire s’en est affaissée. Et de l’avis des spécialistes, Lee Sedol a joué un coup divin à la quatrième partie.

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