TikTok envoie-t-il les données de ses utilisateurs en Chine, sans leur consentement ? C’est en tout cas ce qu’affirme Misty Hong, une étudiante américaine. Elle a entamé le 27 novembre une action en justice contre l’application. Il s’agit d’une action groupée, c’est-à-dire d’une plainte à laquelle des tiers peuvent se joindre. Misty Hong y accuse TikTok d’être « un logiciel de surveillance chinois » qui ne dit pas son nom.
Les vidéos brouillon collectées
L’étudiante raconte qu’elle avait téléchargé l’application en mars ou avril 2019. Elle assure n’avoir jamais créé de compte, mais avoir découvert que TikTok lui en avait créé un de manière automatique, quelques mois tard. Elle a alors tenté de produire des vidéos. Alors qu’elle ne les avait jamais publiées — elles étaient restées de simples brouillons –, TikTok aurait collecté ces données, ainsi que des informations personnelles sur Misty Hong, et les aurait envoyées sur des serveurs en Chine.
La plainte évoque des conditions d’utilisation sur la vie privée « ambiguës » qui permettraient à l’application de collecter de nombreuses données personnelles de manière secrète et illégale. Lorsqu’un utilisateur enregistre une vidéo et clique sur le bouton « suivant », elle est automatiquement transférée vers des serveurs, sans qu’il le sache. L’utilisateur n’a pas besoin de l’avoir publiée, ni même de l’avoir sauvegardée, assurent la plaignante et ses avocats.
Ce n’est pas tout : TikTok récupérerait aussi d’autres données comme les listes de contacts des smartphones et réseaux sociaux des utilisateurs, leur adresse email, adresse IP et géolocalisation. Cette collecte s’effectuerait y compris lorsque l’application n’est pas active, et l’entreprise cacherait le fait qu’elle transfère ces données à l’étranger.
Le prochain Cambridge Analytica ?
TikTok est une application particulièrement prisée des adolescents. Ils y publient des vidéos dans laquelle on voit parfois leurs visages, ce qui les rend de fait identifiables. Elle est détenue par ByteDance, un géant de la tech chinois qui a récemment sorti son premier smartphone. Misty Hong craint que l’entreprise n’utilise ses données à mauvais escient, pour surveiller des Américains. Elle se servirait aussi de ces données à des fins de ciblage publicitaire. « Le fait de s’amuser avec TikTok, ça a un certain coût », lit-on dans la plainte rendue publique le 29 novembre.
Des questionnements sur la vie privée sur l’application, qui a été téléchargée plus d’1,5 milliard de fois selon Cnet, avaient déjà été soulevés. En 2018, le South China Morning Post avait démontré qu’il n’était pas possible sur TikTok de paramétrer son compte de sorte à ce que seuls ses « amis » puissent accéder à ses contenus, ce qui laissait des informations personnelles au vu de tous. C’était d’autant plus problématique que des mineurs et mineures étaient concernés. Depuis, l’entreprise affirme avoir réglé ce problème.
Des médias américains comme Quartz avaient aussi tiré la sonnette d’alarme au sujet du traitement des données personnelles sur l’application de partage de vidéos. Ils évoquaient un deuxième « Cambridge Analytica », en référence au scandale qui avait éclaboussé Facebook.
Pour le moment, TikTok n’a pas réagi à ces nouvelles accusations. Nous les avons contactés et mettrons à jour l’article s’ils répondent.
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