Le résumé du test
- C’est enfin un MacBook Pro pensé pour les pros, surpuissant, durable et sans défaut particulièrement rédhibitoire
- Le clavier Magic Keyboard est un régal, le micro est bluffant, mais on aurait aussi aimé un port carte SD
- Tout est maîtrisé : c’est donc un achat prudent. Les prochains seront peut-être plus radicaux (OLED, Face ID…).
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Rarement aurons-nous attendu un produit technologique aussi longtemps que ce MacBook Pro 16 pouces. Depuis l’introduction du MacBook premier du nom, Apple semblait avoir perdu de vue sa clientèle professionnelle, troquant volontiers le souci du détail si cher à Steve Jobs pour des innovations dont personne ne voulait. Une innovation en particulier : le clavier papillon, symbole de toute une génération d’ordinateurs estampillés Apple.
Censé permettre une frappe avec une course agréable tout en garantissant une finesse maximale, le clavier papillon a été la source de tous les maux de Cupertino sur le secteur du laptop. Qu’importe l’excellence des machines présentées les années précédentes, un défaut pouvait être rédhibitoire : ce clavier trop fragile pour soutenir une utilisation intensive. À la rédaction de Numerama, qui s’équipe en MacBook Pro et MacBook Air de nouvelle génération, presque tous les claviers ont eu un souci — les professions de l’écrit, qui ont un usage intensif des touches, étaient les premières victimes.
Quatre ans après les premiers MacBook, Apple commercialise un MacBook Pro qui a tout pour faire rêver. Spoiler : à quelques détails prêts, c’est bien la machine de rêve qui nous avait été vendue.
Le MacBook Pro 2019 est disponible à partir de 2 699 € et 2 899 € en Core i9, configurable entièrement sur l’Apple Store.
Loving the machine
Il faut remonter à 2016 pour trouver les premiers MacBook Pro arborant un nouveau design, avec ou sans Touch Bar et munis uniquement de ports USB-C Thunderbolt. Cette génération est la première à adopter le clavier à switch papillon qui propose une finesse inégalée tout en conservant une bonne course. Manque de chance : le clavier papillon, qui était justifié sur un ordinateur grand public de voyage comme le MacBook devient une erreur sur la gamme Pro, qui induit fiabilité, durabilité, solidité. Le pro est pile le client qui peut troquer sans mal un peu de finesse pour gagner en confort et Apple l’a ignoré.
Après avoir enchaîné des révisions de son design butterfly et cumulé les programmes de reprise, la firme a baissé les bras : le MacBook Pro 16 pouces est équipé d’un clavier à switch en ciseaux classique. Il prend le nom de Magic Keyboard, s’inscrivant dans la droite lignée des claviers Apple pour ordinateurs de bureau. À l’usage, ne cachons pas notre plaisir : même s’il a fallu s’habituer de nouveau à une frappe plus haute après 3 ans sur un MacBook Pro « papillon », le confort est difficilement égalé une fois les habitudes reprises.
Le clavier n’est ni trop bruyant, ni trop plat. Les quelques changements ergonomiques (la touche physique ESC, les flèches en T inversé) montrent à quel point Apple a soigné sa copie, voulant être à tout prix barricadé contre la critique. On ne peut même plus en vouloir à la Touch Bar : celle que l’on considérait comme un gadget il y a 3 ans s’est imposée très rapidement dans nos usages et tous les métiers y trouvent leur compte. L’édition vidéo et audio retrouve le côté physique des potentiomètres hyper précis pour naviguer dans les timelines, les professions de l’écrit ont des raccourcis rapides vers des mots et autres emojis, les professions du dessin ont toutes les palettes de couleur à portée de doigts. Vous n’utiliserez pas tout le potentiel de la Touch Bar, mais il est assez clair qu’elle saura vous être utile au quotidien.
En réalité, quand on a corrigé cet aspect qui tombe sous les doigts, on s’approche déjà de la machine parfaite. Les années précédentes, le MacBook Pro était un engin de travail robuste et puissant, pouvant être configuré avec des composants très haut de gamme et jouissant d’une qualité de fabrication peu égalée sur le marché. L’aluminium qu’on retrouve sous les mains est doux et résistant, jamais trop chaud et le pavé tactile est l’un des seuls du marché (le seul ?) à nous faire complètement oublier l’usage d’une souris. Avec sa précision, ses gestes multitouch et ses raccourcis au bout des doigts, il fait passer tout professionnel maîtrisant ses subtilités pour un magicien dessinant des incantations pour passer d’une fenêtre à l’autre, retourner au bureau ou lancer une application.
Le déverrouillage par Touch ID est un plaisir au quotidien, permettant à l’utilisateur de déverrouiller des tas de fonctionnalités de macOS sans avoir à entrer systématiquement un mot de passe (pratique pour le trousseau). Comme toujours, tout est chiffré matériellement et logiciellement sur un ordinateur Apple, des fichiers aux communications.
Sans augmenter la facture par rapport au MBP de l’an passé (2 699 €), Apple propose déjà une configuration suffisante pour des tâches avancées :
- Processeur Intel Core i7 hexacœur de 9e génération à 2,6 GHz
- Turbo Boost jusqu’à 4,5 GHz
- AMD Radeon Pro 5300M avec 4 Go de mémoire GDDR6
- 16 Go de mémoire DDR4 à 2 666 MHz
- SSD de 512 Go
- Écran Retina de 16 pouces avec affichage True Tone
- Touch Bar et Touch ID
- Quatre ports Thunderbolt 3
La configuration la plus onéreuse, à plus de 7 000 €, embarque un processeur 8 cœurs cadencé à 2,4 GHz, turboboosté à 5 GHz, 64 Go de RAM, une carte AMD avec 8 Go de VRAM et 8 To de stockage SSD. Nos vidéastes ont opté pour 8 cœurs, 64 Go de RAM, la carte avec 8 Go de VRAM et 512 ou 1 To de SSD : c’est finalement le composant le plus onéreux et le moins nécessaire au quotidien, grâce aux SSD que l’on peut connecter en USB-C. Le tarif monte alors à 4 499 €.
Les petites choses qui surprennent
Et même si tout cela aurait déjà fait une machine d’exception sur laquelle nous n’aurions eu que peu de choses à redire, le MacBook Pro 16 pouces parvient encore à surprendre. Déjà, par sa capacité à faire des choses où on ne l’attend pas forcément. Jouer, par exemple. Souvent moqué, le jeu vidéo est à la portée d’un Mac aussi bien configuré, même si les composants ne sont pas gaming : sur la configuration que nous testons (8 cœurs, 16 Go de RAM, Radeon 5500M 4 Go), des titres comme World of Warcraft, dans une version vraiment jolie côté options graphiques, tournent sans broncher. Sur l’Epic Game Store, Untitled Goose Game nous prendra bien quelques heures lors de ces fêtes. Quant à Subnautica Below Zero, le jeu en accès anticipé s’installe, mais a un comportement erratique, faisant glitcher le moniteur dès qu’il passe en plein écran.
Dans ces jeux, le MacBook Pro souffle, mais ne chauffe pas outre mesure. C’est assez clair : on l’entend ventiler à 53 décibels mesurés, dans un environnement de travail qui oscille entre 40 et 45 décibels. À titre de comparaison, les ordinateurs gamer Max-Q en « Whisper Mode » tentent de rester à peine au-dessus des 40 décibels. Mais le résultat est là : dans un long voyage ou comme machine de détente d’appoint, le MacBook Pro sait remplir son rôle.
Mais c’est plutôt sur deux outils pro que le MacBook Pro 16 pouces nous a bluffés. En ces périodes de télétravail forcé, les réunions à distance par un chat audio se font nombreuses. Et aussi bien en réception, grâce à ses haut-parleurs, qu’en émission, grâce à ses 3 micros, le MacBook Pro surprend par sa qualité.
Plusieurs fois, collègues et contacts ont été impressionnés par le rendu de ma voix, à tel point que j’ai fini par prendre les appels de mon iPhone sur le MacBook Pro. On se rend compte en réalité, par contraste, que ces composants sont négligés sur la plupart des laptops, en particulier les micros. Et pourtant, ce trio change tout : placé au milieu d’une pièce le MacBook Pro devient un objet de télécommunication de qualité professionnelle, rivalisant avec du matériel de téléconférence haut de gamme, captant les voix de plusieurs personnes sans sourciller.
Et pour cause : cette qualité incroyable sur un laptop est un effet secondaire du cahier des charges d’Apple, qui voulait permettre aux musiciens et aux podcasteurs d’avoir un outil capable de faire des enregistrements exploitables sans micro USB. Nous l’avons essayé (le résultat peut-être écouté dans notre vidéo) et le pari est gagné : la piste brute d’un enregistrement de guitare est exploitable. Même si ce n’est pas la qualité d’un studio pro, c’est déjà plus que suffisant pour enregistrer des idées et les exploiter dans des compositions. Les podcasteuses et podcasteurs, de leur côté, peuvent tout à fait compter uniquement sur cette entrée pour poser une voix : avec un peu de compression, on arrive à un résultat qui convient tout à fait au format, même pour les productions les plus exigeantes.
Les enceintes, elles, ont été pensées pour la spatialisation et avec 6 haut-parleurs, on ne peut qu’apprécier regarder des films dont les pistes sont bien encodées. La simulation d’un environnement acoustique 360 degrés fait son petit effet.
D’après Apple, les professionnels n’avaient pourtant qu’une demande : plus d’espace à l’écran. Il faut avouer que de notre côté, ce n’est pas vraiment une killer feature. Certes, l’écran 16 pouces est magnifique et très bien calibré, mais notre usage professionnel ne nous demande pas un espace de travail trop grand. Notamment parce qu’il est désormais très extensible, soit par un classique écran, soit en utilisant un iPad en extension sans fil avec Sidecar. Et il est vrai que ce que l’on gagne en confort visuel, on le perd en mobilité : le MacBook Pro 16 pouces conserve un design fin, mais est un grand laptop.
Les 11h de batteries annoncées ne sont pas galvaudées pour un usage bureautique : dès que le processeur ou la carte graphique sont utilisés au maximum en revanche, on peut diviser cette valeur par deux. Avec un bloc charge de 96 W, la charge est suffisamment rapide pour que cela n’ait jamais été un problème lors de nos quelques semaines de test : en un peu plus de deux heures, on le retrouve chargé.
Regrette-t-on quelque chose au bout du compte ? De notre côté, une seule chose : Apple avait l’opportunité de remplacer Touch ID par Face ID et, ce faisant d’améliorer la webcam 720p, dépassée sur un tel produit. Le déverrouillage par le visage, disponible sur iPhone et iPad, aurait eu beaucoup de sens, d’autant que la bordure supérieure est encore bien plus large que celle d’un iPhone. Du côté de notre vidéaste, un regret vient ternir le tableau : l’absence de port SD. Même si Apple est cohérent dans son choix du tout-USB-C et que les adaptateurs sont aujourd’hui monnaie courante, un lecteur de carte SD aurait permis de faire une machine ultime pour la création vidéo.
Est-ce alors le moment d’acheter ? Il semblerait qu’Apple soit arrivé à une fin de cycle avec ce produit, ce qui est pour beaucoup une bonne chose : les erreurs ont été réparées, la formule est maîtrisée et on a dans les mains une machine ultime. Il y a fort à parier que les prochains MacBook Pro lancent un nouveau cycle d’innovation, incluant peut-être FaceID, un écran OLED et d’autres nouveautés, sur plusieurs diagonales d’écran. Aux professionnels qui n’aiment pas essuyer les plâtres, c’est cette machine de 2019 qui conviendra.
Le MacBook Pro 2019 est disponible à partir de 2 699 € et 2 899 € en Core i9.
Le verdict
Apple MacBook Pro 16 pouces (2019)
Voir la ficheOn a aimé
- Le MacBook Pro ultime
- Le clavier, l'écran, les micros
- De nombreuses configurations possibles
On a moins aimé
- On veut tout cela sur du 13 pouces
- La webcam 720p
- Pas de port carte SD
C’est le premier MacBook Pro depuis la génération 2016 dont le test ne vient pas avec un « mais » qui pourrait tout changer. La proposition d’Apple est complète, maîtrisée et les erreurs du passé ont été corrigées. Pour des professionnels de tous les métiers impliquant le numérique, c’est donc un ordinateur de premier choix, aboutissement d’une longue lignée.
Les regrets sont accessoires ou par anticipation : on aurait aimé un port carte SD et on se doute qu’Apple sortira un jour des MacBook avec Face ID et un écran OLED. Des points qui ne peuvent pas repousser un achat comme aurait pu le faire le clavier papillon des précédents modèles.
Après une gamme iPhone 11 impressionnante, Apple conclut son année hardware en beauté.
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