L’affaire Amazon sur le prix des livres n’a pas fini de lever la polémique. Il y a un mois, le libraire en ligne se faisait condamner à 100.000 euros d’amende et 1.000 euros par jour tant qu’il n’aurait pas corrigé ce qu’on lui reproche, à savoir, d’offrir la livraison aux clients.
A l’origine de la plainte, le SLF, Syndicat de la Librairie Française. Ce dernier considère en effet les frais de ports gratuits comme une remise destinée à contourner la Loi Lang, qui impose le prix unique des livres. La Loi Lang, rappelons-le, oblige tout libraire à vendre un ouvrage au même prix, avec une seule marge de manœuvre de 5 % possible. Elle condamne toute tentative de vouloir offrir certains avantages au consommateur pour l’attirer d’une autre manière qu’en jouant directement sur le prix : bons d’achat, remises, etc. Les frais de port gratuits ont été considérés comme tels par le tribunal.
Seulement Amazon est loin d’approuver la décision, qu’il considère comme une « tentative cynique » d’éliminer la concurrence d’Amazon.fr. Dans la pétition qu’il vient de lancer en ligne, il y explique que le but de la Loi Lang est de « préserver la diversité de la création culturelle et de donner aux libraires les moyens de proposer une large sélection de livres, et pas seulement les best-sellers. » Or, Amazon n’a pas vraiment à faire ses preuves en tant que plateforme fournissant un large choix de titres.
Pour autant, aussi cynique soit-elle, la loi Lang n’est pas biaisée de ses intentions. Le projet ne s’est jamais caché de vouloir défendre les petites librairies contre les grosses enseignes et ce coup porté n’entre pas pas en contradiction avec. La loi a justement été conçue comme une arme anti-concurrentielle protégeant les plus faibles de la chaîne.
Après, que l’on approuve ou pas, c’est plus un débat de fond. D’un côté les défenseurs d’Amazon refusent que l’on pénalise une plateforme tournée vers le progrès et favorisant leur consommation culturelle comme aucune autre n’en est capable. De l’autre, les défenseurs des librairies indépendantes dénoncent les visées vampiriques d’Amazon qui voudrait évincer ce réseau pour arriver à une situation de monopole où il pourrait faire la pluie et le beau temps.
Quoiqu’il en soit, Amazon se lance dans un bras de fer avec la justice. Refusant catégoriquement de priver la seule France de ses remises sur la livraison, la plateforme a décidé de recourir en appel. Elle concède aussi de payer les 1.000 euros d’amende par jour pour continuer de les offrir. Il faut dire que cette obligation la pénaliserait considérablement sur le marché. Elle rendrait ses livres, augmentés des frais de port, plus chers que ceux que l’on trouve sur place en librairie. Une situation qui profiterait à la Fnac ? Dans une certaine mesure, oui, pour ses magasins. Mais le groupe offre aussi les frais de port gratuitement. Une mesure défavorable à Amazon ne tarderait pas à la viser aussi.
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