Parce qu’elles sont invisibles et immatérielles, les ondes électromagnétiques peinent à être appréhendées par la population. Aussi sont-elles perçues avec méfiance, du fait de leur caractère insaisissable. Cela se voit par exemple avec l’arrivée de la 5G ou l’hostilité envers le compteur connecté Linky. Des craintes existent, malgré l’existence de limites réglementaires interdisant le dépassement de seuils précis et l’absence de preuves qui démontreraient définitivement leur nocivité supposée.
Dans une moindre mesure, les smartphones aussi sont dans cette situation. Parce que ce sont des équipements radioélectriques, ils sont eux aussi en situation d’émettre et de recevoir des ondes électromagnétiques. Dès lors, des interrogations sur ce que l’usage du téléphone portable peut provoquer sur la santé humaine réapparaissent régulièrement dans le débat public malgré, là encore, l’existence d’études qui n’ont pas permis de mettre en avant des effets nocifs sur l’organisme.
Informer sur le DAS du smartphone
C’est donc dans ce contexte de méfiance et de défiance que l’Agence nationale des fréquences (ANFR) cherche à rassurer la population par un meilleur accès à l’information. Fin 2017, l’établissement public — dont l’une des missions est d’établir et de faire appliquer un protocole de mesure sur l’exposition du public aux ondes — lançait un site pour montrer que les plus importantes sources d’ondes dans un foyer ne sont pas toujours celles que l’on croit, et que les risques sont souvent surestimés.
Et en cette fin d’année 2019, l’ANFR propose désormais dans son application dédiée Open Barres — un jeu de mots entre l’Open Data, c’est-à-dire l’ouverture des données au profit du public, et les barres indiquant la qualité du signal sur l’écran du smartphone — un outil qui sert à renseigner le débit d’absorption spécifique (DAS) de chaque smartphone. Car parmi les missions de l’ANFR figure la surveillance des équipements radioélectriques proposés dans le commerce.
Le DAS est un indicateur chiffré qui sert à quantifier l’énergie des ondes émises par les équipements radioélectriques qui est absorbée par le corps humain. Pour le dire vite, plus cet indicateur est bas, mieux c’est. Il existe en France des seuils de DAS que les appareils ne doivent pas dépasser. Ce seuil est de 2 W/kg (watts par kilogramme) pour la tête et pour le tronc, c’est-à-dire le torse. Or, grâce à Open Barres, une application disponible sur Android, il est possible de connaître le DAS de votre smartphone.
Par exemple dans le cas d’un smartphone OnePus 6 disposant de la mise à jour la plus récente disponible en date du 26 décembre, et ayant accès au réseau 4G de Bouygues Télécom, le DAS au niveau de la tête est de 1,33 W/kg, tandis qu’il est de 1,38 W/kg pour le tronc. L’ANFR précise que sa source d’information est, pour ce modèle de smartphone, le Bureau Fédéral de Radioprotection (BfS). Il est à noter que l’application ne donne pas le DAS pour les bras et les jambes (la limite est de 4 W/kg).
Ces valeurs limites n’ont pas été choisies au hasard. Leur élaboration s’appuie sur les travaux de la commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP), détaille le portail interministériel d’information sur les radiofréquences. Il s’agit d’une organisation internationale non gouvernementale composée d’experts scientifiques indépendants. Ces valeurs datent de 1998, mais peuvent être révisées si nécessaire.
Pour faire simple, un premier seuil est défini à partir de l’expérimentation, quand un effet thermique (en clair : un échauffement des tissus) dû aux ondes est observé. Ensuite, un second seuil, réglementaire, est fixé par rapport à ce qui a été mesuré avant. Ce second seuil est 50 fois inférieur au premier. Il s’agit d’une importante marge de sécurité qui sert à couvrir d’éventuelles incertitudes scientifiques. C’est sur ce second seuil que la limite du DAS a été établie.
À l’heure actuelle, du fait de nouvelles exigences européennes en matière de mesures des ondes, l’évaluation du débit d’absorption spécifique au niveau du tronc doit se faire à une distance maximale de 5 millimètres. Auparavant, la distance maximale autorisée était de 25 millimètres. Quant à la mesure au niveau de la tête, il faut que l’appareil soit au contact de l’oreille. Il faut savoir que plus la distance est grande entre l’appareil et l’organisme, plus la puissance chute. Pour une mesure crédible, il faut donc être au plus près.
En principe, il n’est pas nécessaire de se servir de l’application Open Barres pour obtenir le DAS de tel ou tel modèle. Vous pouvez très bien aller dans une boutique et consulter la fiche technique des produits exposés pour connaître le débit d’absorption spécifique. Une recherche en ligne permet aussi d’arriver au même résultat. Cependant, l’application Open Barres a un atout : elle peut indiquer le DAS de façon dynamique. Sa valeur peut évoluer en fonction de la puissance du réseau d’un opérateur.
C’est ce qu’explique l’ANFR : « Grâce à Open Barres, vous pourrez également, sur les trajets que vous choisirez, collecter et afficher la puissance du signal reçue à partir du réseau de votre opérateur mobile. Plus celle-ci est élevée, moins votre appareil aura besoin de fonctionner à son DAS maximum ». Par ailleurs, l’application peut aussi indiquer les valeurs recueillies lors du contrôle de votre smartphone, si celui-ci a été analysé par l’ANFR — ce n’est pas le cas pour tous les appareils.
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