C’est un travers courant de l’industrie de la tech, qui se manifeste surtout lors des grands rendez-vous comme le CES : pour attirer l’attention du public et de la presse, les sociétés ne lésinent pas sur les superlatifs pour décrire leur dernier projet. Mais lorsque l’on gratte le vernis de la communication, on se rend parfois compte que ce qui est vraiment proposé ne correspond pas toujours à ce qui a été annoncé.
C’est exactement ce que l’on peut craindre avec le très intrigant projet Neon de STAR Labs, une filiale de Samsung. Au cours des dernières semaines, il a été question d’une technologie capable de créer des « humains artificiels » grâce au calcul informatique. Cet « être virtuel », à en croire STAR Labs, « ressemble et se comporte comme un vrai humain, avec la capacité de montrer ses émotions et son intelligence ».
Pour accentuer cette communication autour du caractère presque vivant de ses avatars, le site de Neon utilise même une extension de nom de domaine en « .life » et parle d’une sorte de « nouvelle forme de vie ». Cité par The Verge, le président de STAR Labs va même plus loin dans la science-fiction en expliquant « qu’il y a des millions d’espèces sur notre planète et espère pouvoir en ajouter une plus »
Il est vrai que les quelques visuels proposés par le site officiel, pour appuyer son propos, sont saisissants. Chaque personne à l’écran semble parfaitement réelle, à tel point que l’on peut se demander s’il ne s’agit pas, justement, de vrais individus. Aucun détail ne manque : le grain de la peau, les rides, les ombres, les plis des vêtements, les reflets, la lumière ou bien les mèches de cheveux.
Une base humaine retouchée numériquement
Et il s’avère que c’est justement le cas : il ne s’agit pas de personnages générés de rien. Ces « humains artificiels » sont en fait bâtis à partir de vrais humains, retravaillés ensuite numériquement, sans doute à partir de techniques bien connues dans le monde du cinéma et du jeu vidéo, à savoir la capture de mouvement et la capture de visage. Assemblés, ils produisent un jeu de comédien ou de comédienne.
Dans un communiqué, STAR Labs confirme que la ressemblance de ces avatars est basée sur de vraies personnes et qu’ils proposent une palette d’attitudes, mais aussi de dialogues et d’émotions. D’après le communiqué, Neon est toutefois capable d’en générer d’autres, mais sans dire comment. L’entreprise ne précise pas non plus la méthode employée pour modeler ces personnages.
Le problème, c’est qu’il sera impossible de juger sur pièces ce que valent vraiment ces « êtres virtuels », car STAR Labs a prévenu que « les scénarios présentés à notre stand du CES et dans notre contenu promotionnel sont fictifs et simulés à des fins d’illustration seulement ». En somme, si l’entreprise ne peut ou ne veut pas de montrer Neon dans un vrai environnement, sans doute ne doit-il pas être si saisissant que cela aujourd’hui.
Il est probable que STAR Labs mobilise des algorithmes qui servent aux « deepfakes ». Ceux-ci servent à remplacer un visage par un autre dans une vidéo (et même tout un corps, y compris ses mouvements !), donnant l’illusion que c’est une autre personne qui est mise en scène. Les deepfakes mobilisent des procédés d’apprentissage automatique, une discipline de l’intelligence artificielle.
C’est sans doute un mélange de ces différentes approches technologiques dont se sert STAR Labs pour le projet Neon, y compris pour générer de nouvelles gammes d’émotion ou d’expression — mais il n’est pas clair pour l’instant de savoir comment celles-ci sont produites, tout comme le fonctionnement de ces pseudo-humains artificiels, faute pour la filiale d’en dire davantage.
Quant à l’usage de Neon dans la tech contemporaine et future, il reste bien mystérieux.
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