Le résultat est sans appel et traduit l’impatience du Vieux Continent. Ce jeudi 30 janvier, le Parlement européen a massivement soutenu (582 voix pour, 40 contre et 37 abstentions) une résolution demandant à la nouvelle Commission présidée par l’Allemande Ursula von der Leyen de prendre d’urgence des mesures réglementaires — donc, contraignantes pour l’industrie — afin d’aboutir enfin à un chargeur universel pour tous les appareils portables.
Pour les parlementaires, il est temps que le législateur pallie l’incapacité des industriels à s’accorder d’eux-mêmes sur un dispositif commun, qui pourrait servir à tous les appareils de petite et de moyenne taille (des smartphones aux tablettes, en passant par les caméras, les liseuses ou encore les téléphones portables, pour ne mentionner que les catégories de produits les plus communes).
Certes, admettent les députés, les accords volontaires entre les parties prenantes du secteur ont « considérablement réduit le nombre de types de chargeurs sur le marché » depuis une dizaine d’années, puisque les discussions en la matière ont débuté en 2009, à une époque où la mode était aux Samsung Galaxy, iPhone 3GS et autres HTC G1 Dream. Une éternité, donc, dans le monde de la téléphonie.
À l’époque, plusieurs industriels avaient signé protocole d’accord a été signé (parmi eux figuraient Apple, LG, Nokia, Motorola, Nokia et Sony Ericsson) pour élaborer un chargeur commun. Il devait arriver en 2011, avec comme base la connectique micro-USB. Après l’expiration du mémorandum d’entente en 2012, certaines entreprises ont poursuivi leur engagement via des lettres d’intention en 2013 et 2014.
Cela étant, les élus constatent que la population doit « toujours composer avec différents types de chargeurs sur le marché » ce qui, au regard du rythme de renouvellement assez important de matériel que l’on peut constater chez le grand public, entraîne inutilement la production de déchets électroniques supplémentaires, qui pourrait être abaissée si une base commune était adoptée.
Au-delà de la commodité, donc, il y a un enjeu environnemental : en Europe en 2016, la production totale de déchets électroniques s’élevait à 12,3 millions de tonnes, soit en moyenne 16,6 kg par personne. Cette part pourrait être réduite si les chargeurs pouvaient alimenter davantage de produits : ils seraient non seulement moins mis à la poubelle, mais il sera aussi possible d’en fabriquer moins.
Enjeux pour l’Europe et l’environnement
D’ailleurs, c’est l’une des demandes du Parlement : rendre facultatif le chargeur dans l’achat d’un appareil électronique quelconque. « Des stratégies visant à découpler l’achat de chargeurs de l’achat de nouveaux appareils devraient être introduites avec une solution universelle de chargement », plaident les élus. Mais attention : tout ceci doit se faire sans la moindre hausse de prix pour la clientèle.
La résolution adoptée ce jour n’a pas de valeur juridique contraignante, mais elle invite la Commission européenne à regarder où est son intérêt : « il est essentiel, pour la crédibilité de l’Union européenne aux yeux de ses citoyens et sur la scène internationale, que les actes législatifs adoptés par l’Union soient transposés en temps utile par des mesures législatives concrètes », observe le Parlement.
En 2018, Margrethe Vestager, la commissaire en charge de la concurrence, qui a depuis été reconduite dans ses fonctions, déclarait que « compte tenu des progrès insatisfaisants de cette approche volontaire, la Commission lancera prochainement une étude d’impact pour évaluer les coûts et les avantages de différentes autres options ». De toute évidence, les choses ont patiné depuis.
Enfin, en périphérie de cette problématique, le Parlement souhaite que la Commission favorise l’interopérabilité des chargeurs sans fil avec les différents appareils portables et se penche sur des initiatives législatives qui amélioreront la collecte et le recyclage de chargeurs sur le continent. Bruxelles est invité à formuler ses propositions au plus tard en juillet 2020. Dans six mois, donc. Mais ça fait dix ans que le sujet traine.
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