Lorsque l’on parle de peer-to-peer, le mot « piratage » revient sans cesse dans la conversation, et avec lui, inextricablement lié, celui de responsabilité devant la justice. Les services P2P sont régulièrement attaqués devant les tribunaux. Certains en ont déjà fait les frais (Napster, Scour…), d’autres en subiront probablement bientôt les conséquences (KaZaA, Grokster…). Mais une affaire peu banale au Danemark nous apprend que le P2P peut également servir, au contraire, à fuir la justice…

Vous connaissez peut-être déjà NewsInterceptor, un service d’origine française qui permet de recevoir en temps réel les grands titres de centaines de sites Internet du monde entier. Et bien les danois connaissent Newsbooster, qui remplie sensiblement les mêmes fonctions que son concurrent.

Le principe est simple. Régulièrement, Newsbooster parcours les sites Internet de sa base de donnée, et regarde si de nouveaux articles sont parus. Le cas échéant, il met en mémoire le lien du nouvel article sur le site référencé, et l’ensemble des utilisateurs du logiciel peuvent alors voir le titre de l’article et cliquer sur le lien pour y accéder s’ils le désirent. Mais certains journaux en ligne n’ont pas apprécié la démarche et ont décidé de porter plainte contre Newsbooster, qui s’est vu contraint en juillet 2002 de supprimer les liens directs vers les articles de trois de ces journaux. La décision définitive est attendue pour le mois prochain.

Les éditeurs de contenus en ligne préfèrent que les visiteurs accèdent à la page d’accueil, et non à un article situé en profondeur dans le site. Il est en effet reconnu qu’un visiteur qui accède directement à un article est tenté de se contenter de cet article et non de visiter le site dans sa globalité. La pratique du deep-linking, pourtant illégale au regard du droit européen, est cependant monnaie courante.

Puis Dieu créa le P2P…

Vexé, le fondateur de Newsbooster, Nicolai Lassen, a décidé de prendre le taureau numérique par les fibres et de se servir du modèle P2P. En effet, bien qu’absolument stupide puisque remettant en cause l’intérêt principal des liens hypertextes sur Internet, le fond juridique ne pose pas de véritable problème. Par contre procéduralement, Lassen tente aujourd’hui de jouer sur la territorialité du Droit. Il a en effet lancé en réaction un service parallèle accessible aux seuls danois, Newsbrowser, qui est selon ses propres termes « un déménagement physiologique hors du Danemark ».

La seule différence entre Newsbooster et Newsbrowser est que ce dernier réside sur une architecture P2P entièrement décentralisée. Ainsi ce n’est pas vraiment au Danemark que sont stockés les liens hypertextes non autorisés, mais dans tous les ordinateurs de tous les utilisateurs à travers le monde. A chaque fois qu’un site ne donnera pas son autorisation pour paraître sur Newsbooster, il le sera sur Newsbrowser. Lassen espère ainsi profiter de la jurisprudence néerlandaise sur KaZaA, qui avait déclaré l’irresponsabilité de Sharman Networks dans l’échange de fichiers illégaux.

Lassen fait de cette affaire une croisade contre les directives européennes (renforcée par des lois nationales danoises) qui prohibent l’utilisation du deep-linking sans autorisation. « Nous continuerons à nous battre pour qu’une décision légale reconnaisse la différence entre un lien de référencement et la copie d’information protégée ».

Dans notre traditionnel respect de la légalité, nous allons donc vous proposer le lien légal vers notre source d’information pour cet article :

http://www.wired.com (bon courage pour la recherche de l’info)

… et le lien illégal, juste à titre informatif :

http://www.wired.com/news/politics/0,1283,57230,00.html

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