Des incontournables Toy Story aux émouvants Wall-E et Là-haut, les films produits par le studio américain Pixar ont su s’imposer parmi les plus remarquables de leur temps. Disney, d’ailleurs, a bien compris le potentiel de l’entreprise et la valeur de ses longs-métrages, car il en est le propriétaire depuis 2006, au terme d’un deal à 7,4 milliards de dollars, et en fait l’un des atouts de Disney+, son site de SVOD.
Pixar a vu le jour en tant qu’entreprise en 1986, quand Steve Jobs a acheté la division informatique (Graphics Group) de Lucasfilm, la société de production de George Lucas, à qui l’on doit Star Wars. Cette division avait été lancée en 1979, quand Edwin Catmull fut recruté par Lucas pour la diriger.
Si les productions de Pixar sont aujourd’hui bien ancrées dans le paysage audiovisuel, l’origine du nom du studio, elle, est moins connue. C’est en fait l’histoire d’un consensus entre plusieurs cadres et fondateurs de la société, car les précédentes pistes, comme « Cinematrix », n’avaient pas reçu l’assentiment général, et il n’était pas non plus question de garder l’ancien nom de la division, Graphics Group.
Cette histoire est racontée dans l’ouvrage Droidmaker: George Lucas And the Digital Revolution, de Michael Rubin, dont le site Cartoon Brew, a repris le passage clé. Il met en scène une discussion lors d’un dîner entre trois des fondateurs et employés historiques de Pixar — Alvy Ray Smith, Loren Carpenter et Rodney Stock — et Jim Blinn (un informaticien qui a travaillé pour la NASA et Microsoft).
Mot-valise entre pixer et radar
Loren Carpenter faisait toujours pression pour que « Cinematrix » soit le nom du produit ou de la division, mais n’arrivait pas à obtenir l’adhésion de qui que ce soit. Un soir, Loren, Alvy Ray Smith, Jim Blinn et Rodney Stock sont allés dîner pour essayer de résoudre le problème. Ils se sont installés à une table au Country Garden, l’endroit le plus proche de leurs bureaux, où l’on pouvait s’asseoir et se procurer de la bonne nourriture à toute heure. C’était un peu bruyant, mais confortable.
— « Nommons-le simplement d’après ce qu’il fait. Il fait des images », a fait remarquer Alvy. « Mais il devrait avoir un son cool et scientifique, comme le laser ».
Tout le monde a manifesté son approbation entre deux bouchées. « Le ‘er’ à la fin est bon. C’est un suffixe espagnol qui en fait un verbe. Laser…pixel laser…pixer… ».
Alvy s’est figé. « Pixer ? C’est plutôt bien ».
« Ça fait bizarre », a dit Loren.
« Hé bien, quelque chose comme pixer ».
« Ce nom n’accrochera jamais », a déclaré Loren.
« Pourquoi pas ? »
Loren a réfléchi un moment. « Ça semble juste un peu… étrange. Et pourquoi pas Pixar »
« C’est bien », a lâché Alvy.
Jim et Rodney n’ont pas cessé de dîner, mais leurs yeux ont montré qu’un consensus se dégageait. Loren y réfléchissait.
« En plus, cela ressemble un peu plus à ‘radar’ et ça a un côté astronomique, comme un ‘quasar’ ou un ‘pulsar’ », a ajouté Loren.
Blinn, comme s’il était un délégué non officiel du programme spatial dépêché pour assister au repas, a levé les yeux de sa soupe et a acquiescé de la tête.
Alvy était satisfait. « Vous savez, ‘ar’ est une autre façon d’écrire la fin d’un verbe espagnol », a-t-il déclaré, pour appuyer son argumentation.
« J’aime bien ça. Si nous l’appelons Pixar, ça va marcher, et ça sonne bien », a déclaré Loren. « Ça va le faire ».
Ce récit est confirmé par Disney, dans une version beaucoup plus succincte, sur une page qui propose de découvrir neuf faits méconnus de l’entreprise. On y lit que Loren Carpenter et Alvy Ray Smith appréciaient chacun la sonorité et la symbolique d’un mot différent, « radar » pour le premier et « pixer » pour le second, parce que sa jeunesse, passée au Texas et au Nouveau-Mexique, l’avait exposé à l’espagnol.
Pixar est né de deux idées différentes des co-fondateurs, raconte ainsi Disney. Alvy Ray Smith était fasciné par la langue espagnole et par le fait que certains noms anglais ressemblaient à des verbes espagnols, comme laser. Il a ainsi conçu le mot pixer, en lui donnant le sens de « faire des images ». Loren aimait plutôt le son high-tech du mot radar.
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