Dans l’écosystème Apple, l’application Plans est celle qui a l’histoire la plus étonnante. D’abord, parce qu’elle commence par un fiasco, ce qui n’est pas coutume chez Apple, puis par des excuses publiques, ce qui n’est pas courant dans une industrie qui n’admet jamais ses échecs. Depuis cette sombre histoire, l’application Plans se fait discrète, Apple augmentant ses capacités par petites touches, sans grand effort de communication. Mais ces améliorations discrètes ont toutes un objectif : faire mieux que Google Maps.
À la WWDC 2019, nous découvrions par exemple la version Apple de Street View, limitée à quelques villes de la côte ouest des États-Unis. Et pourtant, techniquement, Apple a de l’avance : clichés, animations, transitions, expérience utilisateur… tout est plus léché que sur Google Maps, même avec ses 15 ans d’avance. Ce sont ces ingrédients que l’on retrouve dans la mise à jour de Plans le 17 février 2020. Pas d’annonce, mais des fonctionnalités ô combien intéressantes liées aux transports en commun : Plans ajoute en France et en Europe des dizaines de villes, petites (Quimper, Cherbourg, Nancy…), moyennes et grandes (Nice, Nantes, Marseille, Bordeaux…), avec la possibilité de créer des itinéraires pour les relier avec précision.
Comme nos confrères d’iGen le notent à raison, c’est par exemple le cas de Cherbourg. Depuis Paris, sur Google Maps, l’application de Google récemment mise à jour indique « Aucun itinéraire en transports en commun » quand on lui demande d’aller à une adresse au hasard, l’Avenue de Capel. Sur Plans, le trajet est complet : l’application donne non seulement les trajets en transports en commun dans Paris pour rejoindre la Gare Saint-Lazare, mais aussi le train Intercités à prendre avec son numéro et, une fois sur place, le bus local à emprunter. De la gare de Cherbourg, on apprend qu’il faudra trouver le bus Zéphyr 3 et s’arrêter à l’arrêt Arago avant de marcher 6 minutes.
Comme sur Google Maps, on peut aussi faire des trajets plus longs, impliquant des TGV, voire plusieurs compagnies nationales et réseaux pour traverser l’Europe. Un trajet de Paris jusqu’à Nice, Berlin ou Barcelone ne gêne absolument pas Plans, qui donne également des informations sur les perturbations éventuelles liées aux mouvements sociaux et aux travaux, à la CityMapper. Et contrairement à CityMapper, nul besoin de changer de ville dans l’application pour retrouver des fonctionnalités liées.
Plans, un train de retard
Tout cela nous rappelle en creux qu’en 2020, Plans est en retard. S’il souhaite imposer son application comme une référence et faire oublier le réflexe « télécharger Google Maps », Apple a encore du boulot. Par exemple, alors que les trajets urbains en voiture sont de moins en moins pertinents à mesure que les villes se dessinent autour de transports alternatifs à la voiture, Plans ne propose rien pour le vélo ou les deux roues. Ce que Google Maps fait, avec un certain talent qui plus est.
Interrogés sur ces lacunes lors d’un entretien à la WWDC, les ingénieurs de Plans nous avaient répondu qu’Apple souhaitait prendre son temps et concevoir des fonctionnalités bien intégrées. On sentait assez nettement le fantôme de l’échec de Plans à sa sortie : Apple ne veut plus rien risquer avec cette application. Cette première avancée pour mieux couvrir la France et d’autres pays européens montre en revanche que le géant de Cupertino peut très vite changer la donne, en une mise à jour côté serveur — l’app Plans n’a pas été mise à jour sur notre iPhone de test.
Une fois l’application au niveau, voire meilleure que ses concurrentes sur certains points, ce sera le début d’un long combat marketing pour faire abandonner des usages bien ancrés aujourd’hui : Waze, Google Maps et CityMapper sont des réflexes difficiles à perdre, qu’importe la qualité de l’alternative envisagée.
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