Copyright Madness
Au voleur. L’industrie musicale nous a habitués à des dérives à répétitions. Nous avons déjà épinglé dans le Copyright Madness des accusations de plagiat capilotractées pour un sample de quelques secondes. Mais on peut vraisemblablement aller encore plus loin dans les abysses de la propriété intellectuelle. Le chanteur Justin Bieber a récemment sorti un nouvel album. Parmi les titres qui le composent, un morceau a fait l’objet d’un fact musical checking de la part de l’artiste Asher Monroe.
Il a identifié dans la chanson Running Over de Bieber une mélodie qu’il a utilisée dans sa chanson Synergy. Cependant, le Lucky Luke du copyright a oublié que la mélodie en question est un échantillon libre de droits composé par Laxcity disponible sur le plateforme Splice.com. Des compositeurs créent et mettent en vente leur création sur cette plateforme à destination de musiciens ou d’artistes qui peuvent les acheter pour les intégrer à leurs chansons sans verser de royalties aux compositeurs. Il serait peut-être temps de remixer le copyright…
Ce qui est légal sur une plateforme peut très bien ne pas l’être sur une autre.
Givré. Si vous allez à San Francisco ou New York, vous pourrez visiter le Musée de la crème glacée. À travers un parcours aux couleurs rose bonbon, vous découvrirez l’histoire de la crème glacée et dégusterez tous les parfums possibles et imaginables. Et si vous faites partie des heureux élus, vous aurez le droit de voir une fresque représentant une licorne sur fond couleur arc-en-ciel. On dit bien heureux, car cette œuvre a bien failli n’être jamais exposée.
En effet, une artiste a poursuivi le musée pour violation de copyright, car elle avait soumis une proposition qui mettait en scène une licorne avec des bonbons. Le tribunal a fait preuve de clairvoyance en rappelant que des idées ne peuvent être appropriées seules leur mise en forme peut l’être. Par ailleurs, revendiquer le moindre droit sur une créature mythique est un peu culotté. On ne saurait que trop conseiller à la plaignante de noyer son chagrin dans un pot de crème glacée.
Chut ! Internet est devenu un endroit fantastique, car ce qui est légal sur une plateforme peut très bien ne pas l’être sur une autre. Fortnite a été obligé de développer une fonctionnalité spéciale pour permettre aux joueurs de mettre en sourdine les contenus protégés par le droit d’auteur. Par exemple, le jeu propose des émoticônes qui lancent des petits extraits de musique, comme le légendaire « Never Gonna Give You Up » de Rick Astley. C’est parfaitement légal, car Fortnite a conclu un accord pour réutiliser cette musique. Mais Problème : si un Youtubeur enregistre une partie avec ces petits extraits et poste ensuite une vidéo sur YouTube, il a de fortes chances de se faire repérer par le robot détecteur de violation des droits et sanctionner. On en est donc au stade où il faut développer des fonctionnalités pour neutraliser des fonctionnalités… On n’arrête pas le progrès !
Trademark Madness
Battle Royale. Les drama sont monnaie courante dans les familles royales, mais cela peut encore s’aggraver lorsque le droit des marques s’en mêle. Il y a quelques semaines, le prince Harry et Meghan Markle ont décidé de couper les ponts avec la royauté britannique afin de refaire leur vie comme simples citoyens. L’histoire est jolie, mais pas complètement vraie, car ils avaient aussi prévu un business plan, impliquant un dépôt de marque sur le nom « Sussex Royal » pour lancer une fondation et faire du merchandising. Cela ne plait guère à Élisabeth II, la reine d’Angleterre, qui a fait savoir qu’elle s’opposerait à l’usage du terme « royal » sur lequel elle revendique sa souveraineté. Il va donc falloir que le couple Harry/Meghan apprenne à faire autre chose dans sa vie qu’exploiter une marque. Peut-être que ce n’est pas plus mal ?
Motus. La société RightsHero (son nom est déjà tout un programme…) est spécialisée dans la traque des contrefaçons sur Internet et elle est notamment missionnée par des ayants droit pour envoyer automatiquement des demandes de désindexation de liens à Google. Elle nous régale cette semaine d’une bévue qui vaut son pesant de cacahuètes. Un blogueur a eu la mauvaise surprise de voir disparaître de l’index de Google un billet qu’il avait consacré à Ada Lovelace, pionnière de l’informatique.
En se renseignant sur ce retrait, il découvre qu’on l’accuse de violer les droits d’un show télé indien, intitulé « Dance India Dance ». Son billet n’a aucun rapport avec cette émission, mais c’est le titre qui posait problème. Il employait en effet le mot « Did », qui était aussi l’acronyme de cette émission… Visiblement, RightsHero a déjà provoqué la suppression de tout un tas de pages web, dont le seul crime était aussi d’avoir utilisé le mot « did ». Est-ce qu’Ada Lovelace pouvait prévoir que les ordinateurs seraient un jour utilisés à faire des choses aussi stupides ?
Patent Madness
Celui qui dit qui y est. L’expression « la meilleure défense, c’est l’attaque » trouve tout son sens en matière de propriété intellectuelle. Une entreprise d’électronique turque a décidé d’attaquer pour violation de brevet le fabricant coréen LG. Cependant, le brevet en question utilisé par LG dans la conception d’une machine à laver a expiré en 2017. Par conséquent, LG ou n’importe qui d’autre est tout à fait autorisé à réutiliser ce brevet. D’après des sources proches du dossier, la plainte de l’entreprise turque serait une contre-poursuite contre LG qui avait poursuivi précédemment cette entreprise. La stratégie menée par Arcelik est intrigante et risque de les emmener tout droit dans une impasse. Ce n’est jamais recommandé de laver son linge sale en public…
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