Les vidéastes de YouTube doivent se préparer à voir davantage de leurs contenus être signalés ou retirés par erreur dans les jours et les semaines à venir. Voilà, en substance, le message qu’a fait passer Google en début de semaine, alors que l’entreprise américaine a décidé de renvoyer l’essentiel de son personnel à la maison. Le groupe compte environ 100 000 employés dans le monde, dont 1 100 dans le QG dédié à YouTube.
La cause n’est absolument pas un durcissement de la modération, mais le confinement. Comme les salariés doivent s’abstenir de se rendre au travail pour ne pas risquer une infection au coronavirus ni de participer à sa propagation au sein de la population, le site n’est plus en mesure de procéder comme avant à des vérifications manuelles si des vidéos sont épinglées automatiquement par ses algorithmes.
« En raison des nouvelles mesures que nous prenons, nous allons temporairement commencer à compter davantage sur la technologie pour aider à l’exécution de certaines des tâches normalement effectuées par les évaluateurs. Cela signifie que les systèmes automatisés commenceront à supprimer certains contenus sans examen humain », écrit YouTube le 16 mars.
« Ce faisant, les utilisateurs et les créateurs peuvent constater une augmentation des suppressions de vidéos, y compris de certaines vidéos qui n’enfreignent pas les règles », continue la principale plateforme de vidéos du net. En effet, faute d’avoir du personnel disponible ou pouvant exécuter des missions à distance, elle est obligée de recourir à ses outils de contrôle automatique.
Le problème, c’est que ceux-ci font l’objet de critiques régulières à cause de leurs ratés, notamment en matière de droit d’auteur. En l’espèce, Google utilise un filtre de détection mis à disposition des ayants droit, baptisé Content ID, qui vérifie si des extraits protégés sont utilisés, mais l’histoire regorge de vidéos interpellées à tort. Las, les vidéastes en sont parfois réduits au système D pour rester visibles sur le site.
Google tient compte de la situation
Cela étant, Google ajoute, pour calmer le jeu, que ses équipes ne déclencheront aucun « strike », sauf dans les cas où l’entreprise sera fortement convaincue qu’il s’agit bien d’une infraction. En outre, l’entreprise américaine rappelle qu’il existe un mécanisme d’appel si les vidéastes estiment que le retrait est bien une erreur. Mais là encore, du fait de la crise sanitaire, un délai prolongé est susceptible de survenir.
La situation à laquelle YouTube prépare les vidéastes rappelle celle dans laquelle se trouve déjà Facebook. Le réseau social a lui aussi pris des mesures de confinement et encouragé le télétravail, sauf pour les modérateurs contractuels, pour des « raisons de sécurité » et de protection de leurs outils et secrets d’entreprise. Dès lors, la capacité de modération du site est nettement amoindrie et occasionne des erreurs.
Au début du mois de mars, YouTube a également prévenu que de nouvelles consignes sont en vigueur depuis la mi-février afin de limiter la désinformation et les excès autour de la maladie Covid-19. Ainsi, la plateforme accepte toujours des contenus sur le coronavirus, mais leur monétisation est désormais susceptible d’être refusée, car la crise sanitaire l’a transformé en contenu sensible, de fait.
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