Pour rattraper plusieurs semaines de bourdes autour du coronavirus, Elon Musk s’est assuré de sa propre comm’ de crise en commandant 1 000 respirateurs. Mais malgré les déclarations du milliardaire, ce ne sont pas ceux dont les hôpitaux ont le plus besoin en ce moment.

Il suffit d’écouter les déclarations du Directeur Général de la Santé ou lire les nombreux entretiens des professionnels de la réanimation : les respirateurs sont l’un des éléments techniques les plus importants pour équiper les lits qui traitent les cas les plus graves de covid-19. C’est pour cela que de nombreuses commandes sont passées et que certaines entreprises (Dyson, Ford, General Motors…) modifient leurs lignes de production pour répondre à la demande. Sauf que tous les respirateurs ne se valent pas. La preuve par Musk.

« La panique liée au coronavirus est stupide » // Source : Compte Twitter d'Elon Musk

« La panique liée au coronavirus est stupide »

Source : Compte Twitter d'Elon Musk

Du sous-marin inutile aux respirateurs low cost

Jusqu’à la mi-mars environ, Elon Musk a été dans le camp de la « petite grippe », c’est-à-dire celui qui fait passer le coronavirus pour une maladie bénigne. Le milliardaire fondateur de Tesla et SpaceX a déclaré coup sur coup que « les jeunes étaient immunisés » ou qu’il y « aurait 0 nouveau cas aux États-Unis mi-avril ». Alors que le pays plonge dans la crise avec un système de santé loin d’être égalitaire et que les cas se multiplient, Elon Musk change de ton. Pour se rattraper, il va alors acheter des respirateurs pour fournir les hôpitaux américains : 1 000 d’entre eux ont été commandés en urgence, de type « approuvé par l’agence de santé américaine », écrit-il.

Le 2 avril pourtant, c’est la désillusion qui rappelle l’histoire rocambolesque du sous-marin miniature. Les respirateurs envoyés par Elon Musk à l’hôpital de New York, dits « BiPAP » pour Bilevel Positive Air Pressure, nom protégé par le créateur du produit, sont utilisés dans la ventilation mécanique non invasive. Ils coûtent un peu moins d’un millier de dollars, quand les machines adaptées à la réanimation coûtent environ 50 000 dollars, confirme le Financial Times. Ce sont ces appareils qui sont utilisés pour traiter par exemple l’apnée du sommeil. Ils sont loin des machines invasives dont les hôpitaux ont besoin aujourd’hui pour faire respirer les malades atteints de cas graves de covid-19, celles dont les services de réanimation manquent pour équiper de nouveaux lits.

Coup de comm’ ?

Alors, un coup de comm’ dans l’eau en plus pour Elon Musk, qui a visiblement acheté ces respirateurs vieux de 5 ans en promotion ? Si l’on compare l’autopromotion de son action, avec les gros stickers Tesla collés sur les cartons (pour des objets qui n’ont pas été produits par Tesla, mais par ResMed) et la réalité du besoin des hôpitaux, c’est évident. Mais les respirateurs non invasifs ne sont pas totalement inutiles dans le traitement de covid-19 : comme l’explique un article du Figaro, ils sont utilisés par les hôpitaux pour soulager les cas les moins graves qui présentent tout de même des difficultés respiratoires. Un article publié dans la Revue Médicale Suisse atteste de cet usage dans les situations d’urgence, qui peut même parfois être plus commode pour le patient.

Reste que les insuffisances respiratoires graves provoquées par le coronavirus demandent aujourd’hui, encore, d’avoir recours à des appareils lourds et invasifs : ce sont eux qui manquent cruellement aux hôpitaux et que des entreprises, labos et makers cherchent à construire par tous les moyens. Ce sont ces respirateurs qui permettent d’ouvrir des lits de réanimation.

Pas sûr que les déclarations et les actions du CEO de l’entreprise soient favorables à l’image de marque de l’entreprise, qui n’a pas besoin de ces prises de position hasardeuse pour continuer à faire d’excellentes voitures électriques.

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