Au Royaume-Uni comme aux Pays-Bas, des actes de vandalisme ont été observés contre des infrastructures qui serviront au réseau 5G. Cette défiance à l’égard de cette norme de téléphonie mobile, si elle s’appuie sur des inquiétudes légitimes, est aussi alimentée par des allégations infondées, voire mensongères.

Les rumeurs dont fait l’objet la 5G vont-elles faire naître un mouvement de protestation violent à l’encontre des réseaux de télécommunications ? Alors que la future norme de téléphonie mobile se déploie dans plusieurs pays du monde, comme en Europe, des rapports font état d’actes de vandalisme visant des antennes-relais. Le phénomène, observé au Royaume-Uni, semble aujourd’hui s’exporter.

Le journal De Telegraaf signale dans son édition du 11 avril que plusieurs tours ont été endommagées la semaine passée, notamment par des départs de feu. Quatre incidents ont été répertoriés. Sur l’une des infrastructures qui a été attaquée, un message de protestation contre la 5G était inscrit à la bombe de peinture. En principe, le lancement des services 5G aux Pays-Bas surviendra d’ici la fin de l’année.

antenne onde

Les antennes-relais vont-elles devenir des cibles pour des protestations plus violentes contre la 5G ?  // Source : Ivan Radic

La situation est jugée assez sérieuse pour que la NCTV, l’unité antiterroriste néerlandaise, s’exprime sur le sujet : « La NCTV trouve cette évolution préoccupante. L’impact éventuel de la défaillance des tours aux Pays-Bas pourrait être majeur. Une panne pourrait avoir des conséquences sur la couverture du réseau téléphonique et donc sur l’accessibilité des services d’urgence.»

Si la protestation contre la présence des antennes-relais n’est pas nouvelle — elle existe aussi en France, lorsqu’il est question par exemple d’en ériger une à proximité d’une commune, pour améliorer la couverture du réseau localement et ainsi réduire la fracture numérique –, elle n’avait jamais pris un tour si radical. Et il est à craindre que ces actions fassent tache d’huile dans d’autres pays, par effet de mimétisme.

Il existe aujourd’hui deux grandes craintes sanitaires autour de la 5G.

Pas de preuve de dégradation de la santé

La première suggère que cette norme affecte directement la santé humaine à cause des ondes qu’elle utilise pour acheminer les communications. Ce lien de causalité n’est pas prouvé. S’il est vrai que pour certaines fréquences la littérature scientifique n’est pas assez fournie, il existe par ailleurs des dizaines d’études consacrées à d’autres ondes qui n’ont rien observé de tel.

Il convient aussi de noter que des seuils réglementaires existent pour limiter tout risque et prévenir d’incertitude. En résumé, un premier seuil est fixé à partir d’une expérience sur un effet thermique (échauffement des tissus) à cause des ondes. À partir de cette limite, un second seuil, réglementaire cette fois, est défini. Il est 50 fois plus petit que ce qui a été observé expérimentalement.

« Les valeurs limites d’exposition du public aux champs électromagnétiques s’appliquent indépendamment de la technologie (2G, 3G, 4G ou 5G). Les réseaux 5G qui seront déployés par les opérateurs devront donc respecter ces valeurs limites tout autant que les technologies en place aujourd’hui », rappelle le gouvernement. Cependant, par prudence, des études et des vérifications sont menées.

Ainsi, le gouvernement a lancé en 2018 deux missions pour faire le point sur un éventuel impact sanitaire. De son côté, l’Agence nationale des fréquences, qui a pour mission de surveiller l’exposition de la population aux ondes, vérifie que les très rares pics qui sont observés restent bien très loin des seuils — ce qui est le cas. Ce travail se poursuivra le jour où la 5G fera ses premiers pas.

Aucun lien entre 5G et coronavirus

La seconde inquiétude soutient que l’actuelle épidémie de coronavirus (Covid-19) serait liée à la 5G. Ces allégations ne correspondent ni aux faits ni aux connaissances actuelles : « Toutes les données scientifiques disponibles laissent supposer que le SARS-CoV-2 [le nom du virus, NDLR] a une origine animale naturelle et n’est pas un virus artificiel », rappelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Il est vrai que l’on ne connaît pas l’origine exacte du SARS-CoV-2 (plusieurs animaux ont été considérés : le serpent, le pangolin, la chauve-souris, etc.), le fait est que ce virus « appartient à un groupe de virus génétiquement apparentés, dans lequel on retrouve également le SARS-CoV et plusieurs autres coronavirus isolés chez certaines populations de chauves-souris », ajoute l’OMS.

Le SARS-CoV-2 vu par microscope électronique en transmission. // Source : NIAID-RML

Le SARS-CoV-2 vu par microscope électronique en transmission.

Source : NIAID-RML

Une fausse carte est apparue en France suggérant que la propagation de la maladie suivrait le déploiement de la 5G. Problème : cette carte montre en fait la situation pour… la fibre optique. De plus, la 5G n’est pas encore lancée (elle aura même du retard à cause du coronavirus !). Il y a certes des installations expérimentales, mais elles sont rares et sont aussi à des endroits peu touchés.

Mais surtout, l’épidémie existe aussi dans des régions du monde où il n’y a pas le début d’un bout de réseau 5G. C’est le cas des territoires ultramarins de la France, où aucune expérimentation sur la 5G n’est recensée (alors que des cas de personnes infectées par le coronavirus ont été répertoriés) ; mais c’est aussi le cas de nombreux pays du monde, quel que soit le continent.

Source : Numerama

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