Ce sont des résultats qui ne disent rien de l’exposition aux ondes en conditions réelles, lorsque la 5G sera effectivement déployée et active en France, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, mais ce sont des résultats qui sont encourageants. Dans un rapport partagé le 10 avril, l’Agence nationale des fréquences (ANFR) a rendu ses conclusions sur une campagne de mesures concernant les tests pilotes pour la 5G.
Il apparaît que pour les fréquences dans la bande 3400-3800 MHz, c’est-à-dire celle qui sera utilisée lorsque la 5G fera ses débuts dans l’Hexagone, les mesures observées sont très inférieures aux seuils qui ont été fixés par la loi. En moyenne, le niveau d’exposition atteint 0,06 volt par mètre (V/m) sur les 43 sites qui ont été examinés par l’ANFR. Le pic le plus haut a été mesuré à 0,36 V/m.
Il convient toutefois de noter une petite incohérence dans le rapport de l’ANFR. Si l’agence affirme que le pic est à 0,36 V/m, pour une antenne allumée, mais sans trafic, elle relève pourtant une mesure un peu plus élevée dans cette configuration : 0,6 V/m, pour un test réalisé par Nokia, à Nozay. Contactée, l’ANFR n’a pas pu donner suite à notre appel pour cause d’activité réduite à cause du coronavirus. Cela étant, l’incohérence constatée reste toutefois minime et n’a aucune incidence.
Des mesures de l’intensité du champ électrique
Le volt par mètre est une unité de mesure qui décrit l’intensité du champ électrique. La 5G consistant en une nouvelle génération de la téléphonie mobile, donc de liaisons sans fil, il est nécessaire de contrôler l’intensité du champ électrique. L’acheminement des communications entre les antennes-relais et les smartphones passe en effet par des ondes radioélectriques.
En l’espèce, plus le volt par mètre est bas plus l’intensité du champ électrique est faible — et donc préférable. En France, depuis 2002 et le décret n°2002-775, le plafond qu’il ne faut pas dépasser pour les fréquences allant de 3 à 300 GHz est de 61 V/m. C’est ce seuil dont les opérateurs et les équipementiers doivent tenir compte pour exploiter la bande dite 3,5 GHz (3400-3800 GHz).
Une précision d’importance : ces valeurs correspondent à des sites 5G qui sont allumés (en position éteinte, les mesures sont inférieures à 0,01 V/m), mais pour lesquels il n’y a pas de trafic à ce moment-là. L’ANFR a donc procédé aussi à des mesures durant des phases plus actives, comme l’envoi d’un fichier de 1 Go dans une direction donnée et un test d’émission en continu à pleine charge dans une direction donnée.
Ces « configurations inédites », selon l’ANFR, incluent « notamment avec du trafic continu de données dans un faisceau artificiellement bloqué dans une direction donnée » et révèlent des résultats qui « montrent une variation importante du niveau d’exposition en fonction de l’intensité de l’usage ». Cela étant, les hausses notables restent encore loin du seuil fixé par décret.
« Les niveaux d’exposition en 5G sont très faibles »
Dans le cas du transfert d’un fichier de 1 Go, l’ANFR a constaté des niveaux de champ électrique de 0,8, 1,1 et 1,6 V/m. Quant au niveau de champ électrique maximal lorsque l’antenne émet en continu à pleine charge dans une direction donnée, une pointe a été enregistrée à 9 V/m — ce qui reste toujours quasiment sept fois plus bas que le plafond. Rappelons en outre qu’il s’agit de sites pilotes.
« Les niveaux d’exposition sont donc très faibles », observe par conséquent l’ANFR, dont les missions incluent la gestion des bandes de fréquences (l’usage du spectre, sa valorisation et sa réglementation) et le contrôle des installations, des émissions et le traitement des brouillages et des perturbations. Ces mesures visent à vérifier que le cadre réglementaire est bien respecté en France.
Mais si l’ANFR constate que les résultats obtenus lors de cette campagne « sont très inférieurs à la valeur limite réglementaire », elle admet que ces mesures se sont déroulées dans des conditions particulières, puisque les sites pilotes en question « n’étaient pas ouverts à des abonnés ». Autrement dit, il faudra également conduire des mesures lorsque la 5G sera lancée commercialement.
Vers des mesures en conditions réelles
L’ANFR précise que cette campagne de mesures s’est déroulée selon son protocole de mesures, « avant et après allumage de sites représentant diverses configurations d’opérateurs, de constructeurs, de types d’antennes », lui permettant d’observer une variation du niveau d’exposition en fonction de l’usage. Dans ces conditions, l’ANFR entend faire évoluer son indicateur pour « mieux refléter l’exposition réelle » à la 5G dans le cas des faisceaux orientables.
Aujourd’hui, indique l’ANFR, « cet indicateur se fonde sur un modèle d’usage prévisible de la 5G, qui se traduit par l’envoi, dans une direction donnée, d’un gigaoctet de données toutes les 6 minutes. Avec une hypothèse d’un débit moyen de 500 Mbps, l’antenne émet alors dans la direction donnée environ 15 secondes toutes les 6 minutes (soit environ 4 % du temps) ». Ce cadre sera actualisé s’il n’est pas réaliste.
À moyen et long terme, la 5G utilisera aussi d’autres bandes de fréquences, en fonction de leur disponibilité. L’usage du spectre est segmenté pour différentes utilisations (télécoms, Wi-Fi, Bluetooth, radio, GPS, Galileo, etc.). En particulier, des fréquences au-delà des 26 GHz et des segments 700 MHz et 1,5 GHz seront utilisées avec, selon les cas de figure, des plafonds différents.
En l’état actuel des choses, l’ANFR se focalise sur la bande 3,5 GHz puisque c’est elle qui sera exploitée en priorité et pour les prochaines années. Le déploiement de la 5G reste aujourd’hui suspendu à l’amélioration de la situation sanitaire en France, puisque le processus d’attribution des fréquences est pour l’instant bloqué par le coronavirus. Un lancement commercial en 2020 reste toutefois attendu.
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