La Belgique devrait finalement se passer de toute application de traçage pour déterminer qui peut avoir été en contact avec un malade potentiel testé positif au coronavirus, a annoncé le ministre belge Philippe de Backer, le 23 avril 2020, à VRT NWS, la chaîne belge en néerlandais de Flandre.
« Il n’y a pas besoin d’une application pour la recherche de contacts, elle peut être effectuée manuellement et elle existe depuis des années », a-t-il affirmé. Il a avancé le fait qu’une telle application est, selon lui, utilisée par trop « peu de gens », ce qui ne permettrait pas d’avoir des résultats assez concluants pour qu’elle soit vraiment efficace. « Pour voir un effet, 60 % des gens doivent utiliser une telle application », a-t-il souligné, en prenant l’exemple de l’Autriche où une app existe, mais qui n’est utilisée « que par 3 ou 4 % » de la population, malgré beaucoup de médiatisation faite par le gouvernement pour en promouvoir l’utilisation. L’Autriche utilise en effet une application de « tracing » lancée le 25 mars par la Croix-Rouge autrichienne : 400 000 personnes l’auraient téléchargée sur une population globale de 8,9 millions, ce revient en effet à environ 4,5 %.
C’est un revirement important de la part du cabinet de Philippe de Backer, qui était jusque là en charge de développer cet outil technologique. « Nous allons nous concentrer sur l’enquête sur les contacts pour déterminer comment le virus se propage », a-t-il continué, laissant toutefois la porte ouverte à une éventuelle future application : « Voyons comment nous pouvons développer cette application et, s’il s’avère que nous pouvons l’utiliser, nous le ferons. »
C’est également une information cruciale au moment où la France débat elle-même de l’intérêt d’une telle technologie, poussée par le gouvernement d’Édouard Philippe et menée par Cédric O, le secrétaire d’État au Numérique.
https://twitter.com/danielverlaan/status/1253302680719687681
L’utilité des applications de tracing très critiquée
Le débat sur l’utilité potentielle d’une solution technologique pour aider à identifier le chemin de propagation du coronavirus entre les personnes fait rage en France. Le gouvernement souhaite instaurer l’utilisation de l’application StopCovid : celle-ci sera soumise à un vote au Parlement fin avril, bien que l’on ne sache pas vraiment, comme nous l’a confirmé la députée spécialiste du numérique Paula Forteza dans une interview accordée à Numerama, sur quoi les élus vont voter.
StopCovid est censée être une app que les Français installeraient de manière « volontaire » et qui utilise le Bluetooth des smartphones pour détecter si une personne a été en contact avec un malade, afin de la prévenir en cas de risque de transmission. On parle de « contact tracing ».
Mais de très nombreuses barrières laissent penser que cette solution technologique risque de n’avoir aucun effet, à part celui de faire perdre beaucoup de temps et de moyens à l’État et les équipes qui travaillent sur le développement de l’application.
La France s’est d’ailleurs elle-même mise dans une impasse : elle dispose d’un protocole robuste (ROBERT) qui permet de sécuriser au maximum les données personnelles des utilisateurs, mais celui-ci demande de modifier des barrières érigées par Apple pour, justement, protéger ses utilisateurs. À l’inverse, le gouvernement refuse de se tourner vers la solution développée par l’association entre Apple et Google, pour des questions, entre autres, de souveraineté nationale.
Au-delà des enjeux technologiques, il y a également les doutes au niveau humain : le gouvernement promet que l’utilisation de l’app sera sur la base du volontariat, mais rien ne permet de s’assurer qu’il n’y aura pas différents types de pression, plus diffuses, qui pousseraient les Français à devoir l’utiliser (certains éditorialistes mal avisés ayant par exemple déjà proposé des solutions saugrenues, comme d’autoriser uniquement le déconfinement aux Français qui auraient téléchargé l’app).
À l’inverse, si l’application est vraiment facultative, il est difficile d’imaginer que la majorité des citoyens l’installeront de leur plein gré. Des sondages contradictoires montrent que le taux d’acceptation supposée de l’application varie beaucoup (de 47 % à 62 % se disent pour, en fonction des sondages), sachant qu’il y a un monde entre les actions réelles et les intentions déclarées sur la base de peu d’information. On ne sait toujours pas vraiment comment fonctionnerait StopCovid au vu des barrières techniques actuelles.
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