C’est l’un des effets inattendus de la crise sanitaire. Alors que le confinement dure depuis six semaines, le ministère de l’Éducation nationale explore l’utilisation de logiciels libres pour aider son personnel.

Le confinement, mis en place mi-mars, a révélé une chose : l’Éducation nationale n’était absolument pas prête à encaisser l’arrivée de millions d’élèves travaillant depuis chez eux, ainsi que des centaines de milliers d’enseignants. La reprise le 16 mars s’est déroulée dans la douleur, avec de nombreux services qui se sont avérés indisponibles, du fait d’un afflux hors-norme de connexions.

Plus de six semaines se sont écoulées depuis et force est de constater que bien des profs ont pris l’habitude de travailler avec d’autres outils, parfois suggérés par les élèves eux-mêmes, comme WhatsApp ou Discord, pour distribuer les devoirs à faire, assurer un cours ou vérifier si la leçon a bien été apprise. Tant pis pour les polémiques sur la vie privée et les données personnelles.

Toute la question est de savoir s’ils en reviendront, car la migration vers d’autres outils va inévitablement requérir une nouvelle phase d’apprentissage, plus ou moins ardue selon l’aisance technique de chaque enseignant, alors qu’il a déjà fallu s’acclimater à des environnements qui étaient parfois totalement inconnus, et qu’il y a déjà fort à faire par ailleurs pour assurer un semblant de suivi pédagogique.

Apps gouv fr

Apps gouv fr

C’est dans ce contexte délicat que la direction du numérique pour l’éducation, dont le rôle est de mettre en place et déployer le service public du numérique éducatif, a quand même dévoilé dévoilé fin avril une initiative appelée Apps.education.fr. Objectif ? Fournir une plateforme sur laquelle est proposée une liste d’outils pour « répondre aux besoins du travail à distance pendant le confinement ».

Et pour faciliter leur prise en main, des documents de prise en main ont aussi été partagés sur un site dédié.

Des logiciels libres pour l’Éducation nationale

Ce qui frappe, c’est la place laissée aux logiciels libres. Apps.education.fr ne liste que des outils gratuits et ouverts. On trouve Jitsi pour la webconférence, Nextcloud pour le partage de documents, Peertube pour la diffusion de vidéos, Etherpad pour l’édition de texte en collaboration et Discourse pour les forums. Il existe même une solution maison pour les blogs.

Faut-il y voir un pivot de l’Éducation nationale en direction des logiciels libres ? En tout cas, la crise sanitaire semble avoir un effet. C’est d’autant plus remarquable que ce ministère a été par le passé pointé du doigt pour son partenariat avec un grand groupe étranger — en l’espèce, Microsoft –, en vue de diffuser ses logiciels propriétaires, ce qui a mis en colère la communauté du logiciel libre.

Apps.education.fr ne s’adresse pas seulement aux professeurs, mais à « l’ensemble des agents de l’Éducation nationale ». Toutefois, il doit clairement permettre aux enseignants de s’en servir pour des échanges avec les élèves. C’est le cas du système de blogs, qui permet de créer des pages dont les liens sont communicables aux personnes de son choix, ou de Peertube, pour diffuser des vidéos.

Instance PeerTube

Instance PeerTube

Néanmoins, tous les outils ne pourront pas satisfaire tous les cas de figure. La direction du numérique pour l’éducation prévient par exemple que l’outil de webconférence JitsiMeet, qui s’appuie sur les infrastructures de Scaleway, fonctionne de façon optimale jusqu’à 10 personnes. Au-delà, la qualité du service sera trop dégradée. Ce n’est donc pas une option pour faire cours à une classe entière.

Le service entend « proposer les outils essentiels du quotidien » et souhaite à terme, quand il sera fin prêt (il est en version bêta), offrir « aux utilisateurs une plateforme de services numériques partagés à l’échelle nationale ». La liste des services pourra d’ailleurs évoluer. Un bandeau prévient que les outils « sont temporaires afin de répondre aux demandes dans le cadre de la situation sanitaire ».

D’ici là, Apps.education.fr rappelle à toutes fins utiles de ne pas faire l’impasse sur les bonnes pratiques en matière de numérique « afin de ne pas surcharger les réseaux ».

Un récapitulatif des gestes à adopter pour « avoir un comportement responsable avec les outils numériques » est ainsi proposé, incluant l’utilisation de la connexion filaire plutôt que la 4G, la désactivation de la vidéo en webconférence si c’est possible pour solliciter moins sa liaison ou encore la séparation stricte entre la navigation professionnelle et celle qui est privée, surtout s’il y a un PC professionnel dans la boucle.

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