La Belgique, qui s’approche progressivement des 10 000 morts dus au coronavirus, mais dont les statistiques de mortalité et de nouveaux cas sont encourageantes et suggèrent une sortie de crise prochaine, va finalement se doter d’une application de traçage des contacts, comme la France et d’autres pays dans le monde. C’est ce que rapporte la RTBF dans son édition du 26 mai.
Selon les journaux L’Écho et De Tijd, sur lesquels s’appuie la RTBF, le coup d’envoi de cette application surviendra au cours de l’été — des tests en conditions réelles sont annoncés pour le début du mois de juillet. Les réticences politiques aperçues ce printemps semblent être levées : une proposition de loi est examinée au parlement et les régions se montrent ouvertes à ce projet, d’après nos confrères.
Le ministre belge du numérique et des télécoms déclarait pourtant en avril « qu’il n’y a pas besoin d’une application pour la recherche de contacts », car elle se peut s’effectuer de façon artisanale, par le biais d’enquêtes épidémiologiques de terrain et téléphoniques. Il ajoutait qu’une application de cette nature risque de ne pas être assez utilisée pour avoir un quelconque intérêt opérationnel.
La Belgique opte pour des protocoles déjà en place
Dans les grandes lignes, le traçage des contacts, ou contact tracing, consiste à remonter les chaînes de transmission du virus, en repérant les personnes qui sont malades ainsi que les individus qui ont été en contact prolongé avec elles. Cette méthode peut être faite par une application mobile et plusieurs pays se sont engagés dans cette voie-là, en utilisant le Bluetooth, une liaison sans fil à courte portée.
De toute évidence, la Belgique ne suivra pas la stratégie de la France sur l’application de traçage des contacts, puisque l’on parle d’adopter celle « développée dans un consortium européen », qui fait manifestement référence au protocole DP-3T (Decentralized Privacy-Preserving Proximity Tracing), sur laquelle se reposent d’ailleurs Apple et Google pour leur propre protocole, Exposure Notification.
Cette fois se confirme d’ailleurs par le fait que le groupe de travail interfédéral entend « reprendre 80 % du travail » de la Suisse et de l’Autriche. Or, c’est sur le protocole DP-3T que les deux pays misent, à travers l’office fédéral de la santé publique pour le premier et la Croix-Rouge locale pour le second. Ces deux pays sont d’ailleurs cités comme partenaires d’Apple et Google.
Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte pour établir une matrice des contacts croisés : quelle distance entre deux individus doit-on prendre en compte pour considérer qu’ils sont trop proches, et à partir de quelle durée cette proximité pose un problème sur le plan sanitaire ? Par ailleurs, jusqu’à combien de jours peut-on être alerté après avoir croisé un tiers signalé comme malade ?
En France, les réglages retenus sont les suivants : un mètre maximum, pendant au moins 15 minutes. Et l’alerte peut se déclencher jusqu’à 15 jours après, soit la durée d’incubation du virus. Mais en pratique, des barrières sont susceptibles d’en limiter l’efficacité : outre les fausses alertes, tout le monde ne dispose pas d’un smartphone et il apparaît qu’entre un cas que cinq et un cas sur quatre peut être manqué.
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