La 5G n’a actuellement aucune réalité commerciale en France, mais cela n’empêche pas les opérateurs de prendre position avec beaucoup d’avance. On l’a vu en octobre dernier quand SFR s’est mis à commercialiser des smartphones compatibles avec la future norme de téléphonie mobile. On le voit aujourd’hui avec Bouygues Telecom, qui a présenté ses premiers forfaits « 5G ready ».
Ces premiers abonnements, remarqués par nos confrères de Frandroid, imposent une période d’engagement de deux ans et proposent trois enveloppes de données mobiles : 60 Go, 90 Go et 120 Go. Pour la première année, Bouygues Telecom consent à une réduction, qui est plus importante si le mobinaute est déjà client Bbox. Mais au bout de douze mois, les prix sont réévalués significativement à la hausse.
Au-delà de la tarification imaginée par Bouygues Telecom, qui va de 39,99 à 69,99 € par mois si l’on ne tient pas compte de la ristourne de la première année, le détail de l’offre a de quoi rendre perplexe : le volume mensuel de données mobiles n’est pas si élevé que cela, alors que la 5G permettra de télécharger des données dix fois plus rapidement qu’en 4G, ouvrant ainsi de nouveaux usages, notamment dans la consommation de contenus lourds, comme la vidéo en haute et très haute définition. Par ailleurs, ces offres s’articulent avec des smartphones en partie subventionnés par le prix du forfait.
Des forfaits qui n’ont pas encore d’intérêt
En l’état actuel des choses, rien ne justifie de se précipiter sur ces forfaits. D’abord, parce qu’il reste à voir ce que proposera la concurrence : une certaine pression sur les prix peut être observée, puisqu’il y a quatre opérateurs concurrents. Ensuite, parce que la 5G n’a aucune réalité concrète en France : ce n’est en effet qu’en fin d’année que les opérateurs vont pouvoir commencer à déployer leurs réseaux et celui de Bouygues, comme tous les autres, sera embryonnaire au début.
Le 11 juin, le régulateur des télécoms a annoncé que la deuxième phase des enchères pour l’attribution des blocs de fréquences pour la 5G surviendra en septembre. Ensuite, il y aura l’enchère d’octobre, qui servira à positionner chaque opérateur sur la bande du spectre. Et ensuite, en octobre ou en novembre, il y aura la publication des autorisations pour exploiter des réseaux commerciaux en 5G. Ce qui veut dire que le top départ n’aura vraiment lieu qu’en novembre ou décembre 2020.
Par ailleurs, la sortie décidément très précoce de ces forfaits ne manque pas de piquant quand on la passe au prisme des récentes déclarations de Martin Bouygues, le patron de la maison-mère. L’intéressé plaidait en effet pour un report des enchères, expliquant que le fait de « repousser les enchères de quelques mois ne présente aucun risque de déclassement ou de retard pour l’économie française.»
Il ajoutait alors que les « usages potentiels véritablement innovants n’arriveront pas avant 2023 ou 2024 » pour le public. N’ignorant pas d’ailleurs l’émergence de débats sanitaires, environnementaux, énergétiques et d’espionnage, teintés parfois de complotisme (il a été dit que les ondes de la 5G diffusent le coronavirus, ce qui est absurde dans un pays comme la France où la 5G, justement, n’existe pas vraiment) et d’actes de vandalisme, Martin Bouygues considérait que la 5G est aujourd’hui « loin d’être mature ». Raison de plus, donc, de retenir la bride et de garder son forfait 4G pour le moment.
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