Le nombre est tellement bas qu’il parait caricatural, mais il a pourtant été annoncé officiellement par le secrétaire d’État au numérique, Cédric O, ce 23 juin 2020 au cours d’une conférence de presse retransmise en ligne. L’application StopCovid n’a envoyé que 14 notifications à ses utilisateurs depuis sa mise en marche le 2 juin dernier, soit moins d’une notification par jour.
Qu’est-ce qu’une notification ? C’est simple : l’application StopCovid est censée aider à retracer le chemin potentiel de la maladie du coronavirus à travers la population. Lorsqu’une personne a fait un test COVID-19 et qu’elle est positive, elle se voit remettre un QR code par son médecin. Si elle le souhaite, elle peut entrer ce QR code dans StopCovid. Selon Cédric O, 68 personnes ont décidé de rentrer leur QR code dans l’application.
L’application va alors envoyer la fameuse notification à tous les citoyens avec qui la personne a été en contact, et donc potentiellement à risque d’avoir été contaminés.
Cela signifie donc que pour 68 personnes qui ont partagé leur « signalement » de maladie à StopCovid, seulement 14 notifications ont été envoyées depuis les débuts de l’application, ce qui correspond à environ une notification envoyée pour 4 personnes malades.
Cédric O se dit « étonné » du faible chiffre
« Je dois vous l’avouer, la question du nombre de notifications, qui est assez faible, nous a étonnée », a concédé Cédric O. « Ce sont des éléments que l’on doit confirmer par des études de terrain. Il est possible que ce nombre soit logique : compte tenu du fait que vous ne remontez vos contacts que sur 48 heures », a-t-il tenté d’expliquer. Il faut également rappeler que seules les personnes qui ont été en contact à moins d’un mètre et pendant plus de 15 minutes sont susceptibles de recevoir une notification.
« Nous ne savons pas si le chiffe de 14 est logique, ou pas logique (…) cela dépend de l’utilisation que les 68 personnes ont faite de l’application », a continué Cédric O.
Le secrétaire d’État n’a pas donné de précision sur ce qu’il s’est passé à la suite de ces 14 notifications : il faudrait pourtant que les 14 personnes qui ont reçu cette alerte aillent se faire tester. Si l’une de ces personnes avait reçu un test PCR positif et s’était déclarée dans l’application, il semble certain que le ministre l’aurait mis en avant. Ce qui montre qu’en trois semaines, l’application StopCovid n’a pour l’instant servi à identifier aucun cas positif après un contact avec une personne malade.
« Il est possible que nous devions améliorer une partie de la manière dont les gens utilisent l’application », a également insisté Cédric O, qui a mentionné le fait que les utilisateurs ne savaient peut-être pas qu’il fallait avoir l’application activée en permanence pour que les contacts puissent être enregistrés.
Le mois dernier, Numerama avait répertorié dans quel cas StopCovid pouvait être une application utile : nous soulignions déjà à l’époque qu’il fallait de nombreux pré-requis pour espérer qu’elle soit efficace et soit réellement un « outil complémentaire » dans la lutte contre la propagation du virus.
L’application est beaucoup désinstallée
Cédric O a donné des précisions sur le nombre de téléchargements de l’application, qui s’élève à 1,9 million de personnes depuis le 2 juin et qui, comme le montre la courbe partagée par le ministre, est en train de stagner. L’application a été activée 1,8 million de fois au moins une fois, mais le gouvernement n’a pas précisé combien d’utilisateurs l’activaient chaque jour ou chaque semaine, ce qui ne donne aucune information sur le nombre d’utilisateurs actifs quotidiens.
Par ailleurs, le nombre de désinstallations de l’application est conséquent : 460 000 désinstallations sur 1,9 million. Cela signifie qu’une personne sur quatre ayant téléchargé l’application l’a déjà désinstallée. De surcroit, il semblerait que la tendance à la désinstallation soit à la hausse : Cédric O a parlé de « plusieurs dizaines de milliers de désinstallations par jour », qu’il relie notamment à la « baisse de l’inquiétude » vis-à-vis de la maladie.
Il est clair qu’avec la baisse du nombre de contaminations enregistrées chaque jour et des hospitalisations, en plus de la reprise des activités sociales dans toute la France autorisées par le gouvernement depuis le mois de juin, l’ambiance générale est moins à la précaution ces dernières semaines.
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