Après l’application pour smartphone, StopCovid s’apprête à se décliner sur des objets connectés. Un prototype fonctionnel d’un protocole de transmission est attendu pour juillet.

Comme à Singapour, la France s’oriente désormais très clairement vers la perspective d’objets connectés capables de faire fonctionner l’application StopCovid. C’est ce qu’a indiqué ce 23 juin Bruno Sportisse, le président de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria), lors d’une conférence de presse organisée par Cédric O, le secrétaire d’État chargé du numérique.

Un prototype fonctionnel du protocole de transmission des informations doit à ce sujet être présenté au cours du mois de juillet 2020. Il pourra concerner des bracelets ou des montres high-tech, mais aussi d’autres gadgets connectés du même acabit, comme des badges. Cette dernière piste avait notamment été suggérée par Ludovic Le Moan, le patron de l’entreprise Sigfox.

L’annonce du patron de l’Inria, qui a pour tâche d’encadrer la conception de StopCovid, ne constitue pas une surprise. Plusieurs indices l’ont préfigurée : le fait que Withings soit un partenaire de l’Inria sur StopCovid, en tant que spécialiste des objets connectés. Ou bien que Cédric O indique, lors d’une audition devant les parlementaires, que ce même Withings est parvenu à faire marcher StopCovid sur une montre connectée.

Cedric O fait un "point d'étape" de StopCovid le 22 juin 2020 // Source : Ministère de l'Economie

Cedric O fait un "point d'étape" de StopCovid le 22 juin 2020

Source : Ministère de l'Economie

Le secrétaire d’État au numérique avait d’ailleurs suggéré un éventuel passage du projet de Withings à l’étape industrielle, au cours de l’été, en juillet ou août — un calendrier qui reste cohérent avec l’annonce de Bruno Sportisse. Pour sa part, le patron de Sigfox indiquait ce printemps que les badges connectés StopCovid pourraient être produits par millions d’ici le mois de septembre, grâce à une base matérielle déjà prête.

Un passage incertain de la théorie à la pratique

Ces objets connectés StopCovid auraient le mérite de ne pas coûter trop cher à produire et à acheter — c’est du moins l’un des arguments avancés pour défendre ce développement. Ils s’adresseraient plutôt à une population n’ayant pas de smartphone (puisque les autres ont à disposition l’application), par exemple dans certaines zones urbaines défavorisées ou rurales. Ils seraient enfin très simples d’emploi, avec aucune configuration préalable, ou si peu, afin de pouvoir servir à tout le monde.

La mise en route d’une production d’objets connectés compatibles avec StopCovid, si elle a du sens sur le papier, risque néanmoins de heurter de plein fouet le mur de la réalité : si l’application a été beaucoup téléchargée, selon le gouvernement, elle a aussi été enlevée dans un cas sur quatre. En outre, on ne sait rien du nombre réel d’utilisateurs quotidiens ou hebdomadaires. En date du 23 juin, on ne recense que 14 notifications d’alerte envoyées depuis le lancement de l’application.

Ces déclinaisons vont vraisemblablement se heurter aux mêmes écueils que ceux qui ont ponctué les débuts de StopCovid : en les rendant obligatoires, l’efficacité opérationnelle du projet serait certes bien mieux assurée, mais cela occasionnerait des problèmes de libertés individuelles et juridiques. Facultatifs, c’est le contraire qui se produira. On le voit avec les premiers chiffres de StopCovid.

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