C’est l’un des constats du dernier rapport de l’autorité de régulation des télécoms sur l’état de l’Internet français : Netflix occupe une place considérable dans le trafic des principaux opérateurs. Le géant de la vidéo à la demande par abonnement (SVOD) représente près de 23 % du trafic hexagonal, selon des statistiques arrêtées fin 2019. Son challenger immédiat, Google, ne se trouve « qu’à » 15 %.
Un constat qui n’est toutefois pas nouveau. Déjà dans le rapport de 2019 sur l’état du net en France, le régulateur notait la domination de Netflix sur les autres fournisseurs de contenus. Ce qui change, cette année, c’est le fossé qui sépare la plateforme de SVOD des autres sociétés du classement, que ce soit Google, Facebook, Amazon ou des spécialistes de la mise en cache de contenus, comme Akamai ou Level 3.
« L’écart se creuse entre le volume de trafic provenant de Netflix et celui des autres fournisseurs de contenu », relève l’autorité dans son rapport. C’est aussi le cas d’ailleurs entre le top 4 du classement et le reste des poursuivants, puisque le quatuor de tête (Netflix, Google, Akamai et Facebook) est responsable aujourd’hui de 55 % du trafic en France, contre 53 % un an auparavant.
L’ascension de Netflix, arrivée en France en 2014, aura été fulgurante. La plateforme s’était déjà emparée de la deuxième place fin 2017, derrière Google, toujours selon un bilan établi par l’Arcep en 2018. Ce classement pourrait toutefois bouger significativement dès l’année prochaine, puisque la France accueille depuis ce printemps un nouveau géant de la SVOD : Disney+.
Que le haut du podium soit occupé par Netflix s’explique par des facteurs évidents. La vidéo est l’une des activités les plus consommatrices de données sur le net, surtout à l’heure où la haute définition est devenue courante et que les formats d’image comme la 4K, voire la 8K, commencent à apparaître. Netflix s’est d’ailleurs lancée dans l’ultra haute définition dès 2014.
À cela s’ajoutent d’autres facteurs : c’est évidemment plus simple d’occuper le haut du tableau lorsque l’on est un service suivi par des millions de Français. En début d’année, on apprenait que le site de SVOD a 6,7 millions d’abonnés dans l’Hexagone. Et encore, cela ne dit rien de l’usage réel de la plateforme, puisque le partage de comptes est très courant. Il y a donc beaucoup plus de personnes qui streament Netflix.
Optimisation des flux
La multiplication des formats en ultra haute définition, encouragée par le déploiement de réseaux de communication toujours plus performants (4G et 5G dans le mobile et fibre optique dans le fixe), constitue toutefois un enjeu technique. Pour contenir l’inflation de la consommation de données, qui prend des proportions considérables dans le domaine de la vidéo, de nouveaux codecs sont à l’étude.
C’est ce qu’explique d’ailleurs Netflix dans le rapport de l’Arcep sur l’état de l’Internet en France. L’entreprise a commencé à basculer sur le codec AV1, notamment dans le mobile, pour réduire jusqu’à 20 % la bande passante requise pour voir une vidéo. Celle-ci garde la même qualité visuelle, mais a besoin de moins de données. Le codec AV1 fait l’objet d’une alliance avec tous les acteurs qui comptent dans la vidéo.
L’autre levier dont se sert Netflix est le bitrate variable. Gina Haspilaire, la vice-présidente de Netflix Open Connect, explique ainsi que son groupe ajuste « la quantité de données nécessaires pour une vidéo scène par scène afin que les scènes simples nécessitent moins de données que celles complexes ». C’est d’ailleurs par ce stratagème-là que la société a agi pour alléger son empreinte sur les réseaux pendant le confinement.
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