Le grand coup de balai se poursuit sur YouTube contre les vidéos accusées de propager des contenus haineux. Dans la soirée du 6 juillet, c’est la chaîne « ERTV Officiel » animée de longue date par le polémiste Alain Soral qui a été clôturée pour des infractions répétées aux règles de la plateforme. Dans la foulée, une autre chaîne liée à l’essayiste d’extrême droite a également été fermée.
Lorsque l’on visite la première chaîne, on y lit désormais qu’elle « a été clôturée suite à des manquements graves ou répétés aux règles de YouTube interdisant l’usage de contenu incitant à la haine ». Pour la seconde, il est indiqué que le compte « a été clôturé en raison du non-respect des Conditions d’utilisation de YouTube ». Par conséquent, plus aucune des vidéos qui y figuraient n’est accessible.
« La suppression de la chaîne YouTube d’Égalité et Réconciliation d’Alain Soral est pour nous plus qu’une grande victoire : c’est l’aboutissement d’un long combat contre l’antisémitisme et les portes-paroles de la haine sur Internet », s’est félicitée la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), dans un message publié sur Twitter.
La Licra a régulièrement pris part aux actions en justice contre Alain Soral. Avec succès, d’ailleurs : l’intéressé a été condamné à plusieurs reprises pour des incitations à la haine et à l’antisémitisme, notamment en cour d’appel. Fin juin, il était encore puni en justice pour contestation de l’existence de la Shoah. Une amende de 5 000 euros a été prononcée, qui se transformera en peine de prison si elle n’est pas payée.
La chaîne principale d’Alain Soral, ERTV Officiel (acronyme d’Égalité et réconciliation, du nom de l’association présidée par l’idéologue d’extrême droite), était ouverte depuis 2010 et hébergeait plus de 1 200 vidéos. Elle comptait 185 000 internautes abonnés et les visionnages approchaient les 80 millions de vues. Quant à la seconde, plus jeune, elle était en place depuis mars, avec 15 vidéos, 3 200 abonnés et 260 000 vues.
YouTube avait déjà supprimé une première fois la chaîne d’ERTV
La disparition des chaînes YouTube d’Alain Soral est la dernière manifestation du nettoyage lancé par la plateforme américaine. Fin juin, c’est la visibilité de Dieudonné qui en a pris un coup, avec la suppression de son espace. À l’étranger, plus de 25 000 autres chaînes ont été effacées, dont celles tenues par un ex-leader du Ku Klux Klan et par des figures de l’alt-right ou liées au néonazisme.
L’intervention de YouTube survient dans un cadre particulier, notamment aux États-Unis, du fait de la personnalité clivante de Donald Trump, et de la manière dont il exerce le pouvoir, ainsi que des tensions ethniques en cours, symbolisées et actualisées par le mouvement Black Lives Matter. Plusieurs plateformes, de YouTube à Reddit, en passant par Twitch, Twitter, Snapchat ou Facebook, ont engagé une modération plus ferme. Cependant, des mesures étaient observables avant : par exemple, Facebook a supprimé en 2017 la page Facebook d’Égalité et Réconciliation.
Ce n’est pas la première fois qu’Alain Soral se fait éjecter de YouTube. Il l’avait été une première fois en 2018, mais avait fait appel auprès de la plateforme américaine et avait obtenu la remise en place de sa chaîne. La suppression était survenue le 5 juin à l’époque, à cause d’une courte vidéo de 5 minutes. Deux jours plus tard, le 7 juin, elle était rétablie par la filiale de Google.
Cette clémence apparente de la plateforme était toutefois survenue avant un changement des règles de YouTube, qui ont été actualisées en juin 2019 pour combattre plus efficacement les contenus haineux et combler certaines failles des conditions d’utilisation du service dans lesquelles il était encore possible de se glisser. Si un appel reste possible, l’issue devrait être bien différente qu’il y a deux ans.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !