Microsoft a renouvelé son Surface Book, avec une troisième génération qui reprend le même design atypique et la qualité de fabrication. Ainsi que le prix très élevé.

Voilà près de trois ans que Microsoft en était resté à la génération 2 du Surface Book, son PC portable hybride axé sur la performance et célèbre pour son design atypique. En 2020, la firme de Redmond a décidé de lancer le Surface Book 3, décliné en deux tailles (13,5 et 15 pouces). La concurrence est rude sur le segment, pour qui ne voudrait pas de l’écosystème macOS, exclusif à Apple. Pour se différencier, le Surface Book 3 mise d’abord sur la qualité Microsoft, dont les produits ne cessent de se raffiner avec le temps.

Pour notre banc d’essai, la multinationale nous a fourni un Surface Book 3 avec la configuration suivante : écran 15 pouces, processeur Intel Core i7 de 10e génération, carte graphique Nvidia GTX 1660 Ti (6 Go), 32 Go de RAM et espace de stockage de 512 Go. Elle est facturée 3 099 euros mais les prix démarrent à 1 799 euros pour une version 13,5 pouces moins puissante. En bref, la facture est susceptible de vite grimper. Mais les finitions des Surface en font des ordinateurs désirables et parfois, c’est tout ce qu’il faut pour travailler dans de bonnes conditions.

Le Surface Book 3 (dessus) // Source : Maxime Claudel pour Numerama

Le Surface Book 3 (dessus)

Source : Maxime Claudel pour Numerama

Cette étonnante charnière

Ce qui frappe, quand on voit le Surface Book 3 pour la première fois, ce sont les bords qui prennent place tout autour de l’écran, capable de se détacher pour devenir une tablette. A une époque où ils ont tendance à disparaître, Microsoft fait le choix de les assumer pour garantir un ratio 3:2, soit un format très large pour un espace de travail plus grand.  Ces bords revêtent un autre intérêt pour la prise lorsque l’on passe en format ardoise. La charnière si particulière du Surface Book 3 impose des concessions : quand il est refermé, l’ordinateur n’est pas totalement plat et laisse apparaître un jour au niveau du point de liaison. Par ailleurs, ladite charnière est un peu souple : agitez légèrement le laptop et vous verrez l’écran trembler. À contrario, le clavier reste parfaitement en place quand on ouvre l’ordinateur portable — aucun risque de basculement à craindre.

Des finitions largement à la hauteur des attentes

Le mécanisme qui permet de détacher le clavier de l’écran, passant par une touche physique ou une commande logicielle, est d’excellente facture. On passe d’un format à l’autre en un éclair (sans aucune coupure d’alimentation) et c’est un vrai argument pour celles et ceux qui voudraient profiter de cette fonctionnalité sans crainte d’abîmer leur appareil. La technologie employée par Microsoft est robuste, et c’est tant mieux. Notez qu’il est bel et bien possible de recharger le Surface Book 3 qu’importe le mode utilisé (on trouve un port de recharge sur la tranche inférieure). Si jamais vous décidez de détacher l’écran pendant l’utilisation d’une application gourmande (exemple : un jeu vidéo), une notification vous indiquera de quitter le logiciel au préalable.

Autrement, le Surface Book 3 arbore des finitions largement à la hauteur des attentes — et du positionnement premium voulu par Microsoft. Ces dernières années, la firme de Redmond a fait des efforts côté hardware et, aujourd’hui, ses produits s’appuient sur une qualité au moins équivalente à celle d’Apple. C’est un sacré compliment. Le boîtier en magnésium est autant agréable à l’œil qu’au toucher, avec une texture qui accroche la paume et le poignet sans aucune gêne. Sur la version 15 pouces, Microsoft aurait quand même pu étendre un peu plus les touches du clavier.

Surface Book 3 : commande qui permet de détacher le clavier et l'écran // Source : Maxime Claudel pour Numerama

Surface Book 3 : commande qui permet de détacher le clavier et l'écran

Source : Maxime Claudel pour Numerama

Du côté des connectiques, on retrouve :

  • 2 ports USB-A ;
  • 1 port USB-C ;
  • 1 port casque 3,5 mm ;
  • 2 ports Surface Connect pour la recharge (un sur la base, un sur la tablette) ;
  • 1 lecteur de carte SDXC format standard.

Certains reprocheront sans doute à Microsoft ce design qui n’a pas changé entre deux générations. Mais c’est une critique qui pourrait aussi être adressée à Apple, qui n’hésite jamais à éprouver un look pendant plusieurs années une fois qu’il a trouvé le bon. Après tout, le MacBook Pro est le même depuis 2016.

Le Surface Book 3 en mode PC portable // Source : Maxime Claudel pour Numerama

Le Surface Book 3 en mode PC portable

Source : Maxime Claudel pour Numerama

Agrandissez ce trackpad

Un ordinateur portable confortable se définit par deux critères clés : l’écran et le clavier. Sur la partie clavier, Microsoft n’a jamais eu à subir un papillongate, contrairement à Apple. Le Surface Book 3, dépourvu d’un pavé numérique (alors qu’il y a la place), profite donc de l’héritage de ses prédécesseurs, avec un confort de frappe très agréable. Les touches sont suffisamment dures pour qu’on les sente sous les doigts et bénéficient en prime d’une course idéale (lire : ni trop longue, ni trop courte). Les doigts rebondissent naturellement et on peut enchaîner les longs paragraphes — comme ce texte — sans ressentir aucune fatigue. A ces qualités enviables s’ajoute un bruit contenu.

En revanche, Microsoft serait bien inspiré de copier Apple sur le pavé tactile, beaucoup trop étroit sur le Surface Book 3 pour convaincre (surtout pour qui aurait déjà eu un MacBook entre les mains). C’est d’autant plus vrai que, sur un ordinateur 15 pouces, il y a largement la place pour installer une surface plus étendue. Là, on dispose d’un trackpad à peine plus large que la barre d’espace. Pour la future génération, on espère que les ingénieurs prendront cette critique en compte.

Les doigts rebondissent naturellement

Le Surface Book 3 se rattrape grâce à son écran tactile. Au-delà du ratio axé sur la productivité, la définition 3 240 x 2 160 pixels assure un confort visuel très appréciable, qui plus est sur une diagonale importante (15 pouces, pour rappel). En prime, le rendu des couleurs est chatoyant, avec des contrastes correctes qui permettent de ne pas regretter une séance Netflix improvisée. On apprécie aussi la caméra frontale en 1080p, surtout à une époque où les visioconférences sont devenues un vrai outil au sein des entreprises.

Une tablette de 15 pouces, n’est-ce pas trop grand ? Sans aucun doute. Apple s’est arrêté à 12,9 pouce avec ses iPad Pro et, en quittant son clavier, le Surface Book 3 va encore plus loin. Par chance, l’ardoise n’est pas trop lourde, la coque accueille parfaitement les mains et la chauffe est maîtrisée (sauf à se lancer dans des tâches complexes, ce qui paraît moins évident dans ce mode d’utilisation). Il n’empêche, 15 pouces c’est quand même très, très grand. Une fois cette considération digérée, il convient de rappeler une chose : ce que l’on perd en praticité, on le gagne en confort visuel.

Le Surface Book 3 en mode PC portable // Source : Maxime Claudel pour Numerama

Le Surface Book 3 en mode PC portable

Source : Maxime Claudel pour Numerama

Un peu de jeux vidéo, beaucoup de productivité

Gears 5 sur Surface Book 3

On a mis à l’épreuve le Surface Book 3 avec Gears 5, jeu vidéo édité par Microsoft. Le jeu de tir à la troisième personne, impressionnant visuellement, tourne très bien sur le laptop. On bénéficie en prime d’un framerate très confortable. En revanche, un titre aussi gourmand draine la batterie : on a perdu près de 10 % en un gros quart d’heure.

En termes de performance, le Surface Book 3 s’appuie sur un processeur Intel Core quadricœur de dixième génération — soit le dernier cri. En version 15 pouces, l’ordinateur portable hérite de la carte graphique Nvidia GeForce GTX 1660 Ti Max-Q (6 Go) de série — logée dans la partie clavier (ce qui veut dire que le Surface Book 3 a besoin d’être au format PC pour donner le meilleur de lui-même). Sur le papier, le laptop est capable de faire tourner des jeux vidéo, si l’on est pas trop gourmand sur la définition (lire : jouez en 1080p). Quand il a présenté le Surface Book 3, Microsoft n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler que le Xbox Game Pass existait : pour quelques euros par mois, il donne accès à un catalogue de jeux PC (notamment les nouveautés Microsoft).

Les prestations du Surface Book 3 dépendent bien évidemment de la configuration choisie et, surtout, des besoins. Avec une vraie carte graphique dédiée, le PC de Microsoft est à l’aise dans les tâches créatives. Cependant, quand on regarde la concurrence dans cette gamme de prix (entre 2 000 et 3 000 euros), on se rend compte que d’autres produits offrent un CPU mieux loti. Par exemple, le MacBook Pro 16 pouces d’Apple propose un processeur hexacœur (2 699 euros), voire à 8 cœurs avec un i9 (3 199 euros). Chez Dell, la gamme XPS 15 pouces s’appuie aussi sur des CPU hexacœur (à partir de 2 000 euros).

Le laptop est capable de faire tourner quelques jeux vidéo

Le Surface Book 3 n’en reste pas moins un outil de productivité très doué, doté en prime d’une polyvalence qui peut faire toute la différence (et qui explique ce prix très élevé). La fonctionnalité tablette peut s’avérer utile dans le cadre d’une simple réunion tandis que les plus créatifs auront accès à une grande surface pour retoucher leurs travaux. Ils pourront même fixer l’écran vers l’extérieur pour le laisser reposer sur le clavier, et profiter des accessoires compatibles (stylet, palet). Pour des tâches de bureautique simples (traitement de texte, navigation web), le Surface Book 3 paraît trop armé et les produits des gammes inférieures — Surface Pro, Surface Laptop — feront amplement l’affaire.

Tablette du Surface Book 3 // Source : Maxime Claudel pour Numerama

Tablette du Surface Book 3

Source : Maxime Claudel pour Numerama

Deux batteries plutôt qu’une

Le Surface Book 3 est équipé de deux batteries : une dans la tablette, une autre dans le clavier. Ensemble, elles permettent de profiter d’une autonomie d’un peu plus de dix heures dans le cadre d’une utilisation normale. La valeur baisse quand on sollicite davantage la machine, sachant que la tablette ne dépassera jamais les trois ou quatre heures quand elle est détachée.

Le verdict

Trois générations plus tard, le Surface Book 3 reste une machine atypique, un vrai 2-en-1 dont la conception, matérialisée par une charnière propriétaire, justifie la grille tarifaire élevée. Microsoft n'a d'ailleurs pas voulu changer le design, qui paraît d'un autre temps avec ces bords assumés et ce trackpad un peu étroit, qui gagnerait à s'étendre sur un PC aussi imposant. À qui s'adresse le Surface Book 3 ? Difficile à dire puisqu'il serait plus pertinent de se tourner vers un vrai PC pour qui ne serait pas intéressé par la partie tablette. Se pose aussi la question du format : 15 pouces, c'est très gros pour une ardoise. Sinon, entre la qualité de fabrication, l'écran 3:2, le clavier agréable et la configuration musclée (un vrai GPU en prime), le Surface Book 3 est un excellent outil de travail et de divertissement.
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