La neutralité carbone pour sa chaîne d’approvisionnement et ses produits. Tel est donc le nouvel objectif qu’entend remplir Apple en matière environnementale au cours de la décennie qui vient. L’entreprise américaine en a fait l’annonce ce mardi 21 juillet et se donne dix ans pour y parvenir. Cela aura comme effet d’annuler l’impact climatique de chaque appareil Apple vendu en 2030, avance la firme de Cupertino.
Ce qu’on appelle neutralité carbone, ou émissions nettes de CO2 égales à zéro, est une politique climatique consistant à ramener à zéro les émissions nettes de dioxyde de carbone (CO2). Pour y parvenir, il faut parvenir à faire en sorte que le volume de CO2 qui est libéré dans l’atmosphère soit égal au volume qui en est extrait. Il faut donc trouver un équilibre entre les sources de CO2 et les puits permettant de le capturer.
Cette approche est importante pour limiter le réchauffement climatique : « dans ce cas, la concentration atmosphérique de CO2 diminue lentement jusqu’à ce que soit atteint un nouvel équilibre, les rejets de CO2 par les activités humaines étant redistribués et absorbés par les océans et la biosphère terrestre », explique la documentation du GIEC — groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.
Au cours de cette décennie, Apple va actionner différents leviers : l’utilisation de sources d’énergie renouvelables (comme l’énergie solaire et la force éolienne) pour soutenir ses activités, la recherche d’économies d’énergie par l’optimisation de ses infrastructures et de sa production, le recyclage d’appareils usagés, l’innovation technique, notamment dans les matériaux, et l’investissement dans des forêts, entre autres.
L’objectif est très ambitieux, car il touchera les dizaines de fournisseurs avec qui Apple traite. 200 d’entre eux représentent 98 % des dépenses d’approvisionnement en matériaux, fabrication et assemblage de ses produits dans le monde entier pour l’année fiscale 2018. Parmi eux figurent des grands groupes comme Foxconn, Pegatron, Intel, Qualcomm et Samsung.
Une transition écologique de plusieurs années
Apple a déjà accompli un chemin important sur les questions environnementales. En 2013, la société annonçait alimenter la totalité de ses centres de traitement de données (data centers) en sources d’énergie renouvelables. Une tendance qui s’est poursuivie depuis — en 2015, le groupe a bâti deux nouveaux data centers en Europe, pour 1,7 milliard d’euros, toujours avec le souci de ne pas utiliser d’énergie carbonée.
Ces efforts réels avaient été salués par Greenpeace dans ses rapports dédiés aux géants de la tech. « Apple est la société qui a le plus progressé », écrivait l’ONG en 2014. Cela n’a pas toujours été le cas : par le passé, la marque américaine s’est fait épingler pour son manque d’implication. C’est de toute évidence de l’histoire ancienne : le dernier bilan de Greenpeace, en 2017, louait encore sa politique.
« Apple est resté parmi les plus agressifs du secteur dans ses efforts pour alimenter sa plateforme en ligne avec des énergies renouvelables », écrivait-elle alors. Et notait déjà son influence sur sa chaîne d’approvisionnement et sur les autres acteurs de l’informatique en nuage, ou cloud. Cependant, Greenpeace regrettait la lenteur de cette bascule, qui ne va pas aussi vite qu’Apple.
Depuis, l’engagement de l’entreprise s’est diversifié : des emprunts à hauteur de centaines de millions de dollars pour des projets écologiques (et limiter son exposition aux taxes), le recyclage intégral des iPhone, grâce aux robots Liam et Daisy, et des actions ponctuelles qui mobilisent l’écosystème et le public. Et pour éviter une obsolescence trop rapide de son matériel, Apple prend aussi soin de rendre disponibles les dernières mises à jour logicielles. iOS 14 sera par exemple proposé sur 30 modèles d’appareils différents.
Ce qu’il reste maintenant à savoir, ce n’est pas tant si Apple parviendra à tenir son objectif en 2030. En effet, cela ne parait pas hors de portée pour un groupe qui a déjà largement entamé sa transition environnementale. C’est plutôt de savoir si Apple, en tant que marque mondiale, arrivera à influencer ses concurrents pour qu’ils fassent de même. Après tout, elle y parvient bien à son corps défendant dans le domaine des terminaux : l’iPhone est souvent une source d’inspiration pour les autres marques.
Alors pourquoi pas sa politique climatique ? Elle avait d’ailleurs lancé l’idée, de manière un peu provocante. Rappel :
https://twitter.com/DavidMcClelland/status/458498117248512000
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