L’engagement a été pris en début d’année : Microsoft ne veut pas se contenter d’atteindre la neutralité carbone. L’entreprise américaine veut aussi présenter une empreinte carbone négative d’ici dix ans et, surtout, « rembourser » tout le dioxyde de carbone que la société a émis depuis sa création, en 1975, en en retirant davantage de l’atmosphère. Pour ce cap, le géant des logiciels se donne trente ans.
Cap vers une empreinte carbone négative
La firme de Redmond entend donc aller plus loin que la simple neutralité carbone, qui est une politique climatique visant à équilibrer les émissions de dioxyde de carbone (CO2) au moyen de différents leviers — des puits de carbone, comme des forêts. En clair, il s’agit de faire en sorte que le volume de CO2 qui est retiré de l’atmosphère soit équivalent au volume qui en est relâché.
La neutralité carbone est l’un des axes préconisés pour limiter le réchauffement climatique — c’est le cas du GIEC. Mais cette compensation entre les éliminations et les émissions fait l’objet de critiques, car elle peut être un frein aux efforts de réduction des émissions — après tout, il suffit « juste » de contrebalancer — et ne pas non plus suffire face à l’urgence du dérèglement en cours.
Pour répondre à ce défi, d’aucuns plaident pour des émissions nettes négatives. Dans ce cas de figure, il s’agit d’éliminer davantage de dioxyde de carbone dans l’atmosphère que ce qui est rejeté. C’est l’objectif que se fixe à long terme l’entreprise américaine : « D’ici à 2030, Microsoft sera neutre en carbone et retirera de l’environnement plus de carbone que nous n’en avons émis depuis notre fondation d’ici 2050. »
Le 21 juillet, le groupe a donné des nouvelles de son plan de bataille et détaillé un peu plus de quelle manière il compte s’y prendre. En particulier, il annonce une initiative, baptisée « Transform to Net Zero », pour échanger sur les bonnes pratiques en vue d’atteindre un tel objectif. De grands groupes ont déjà annoncé leur participation, dont Danone, Nike, Maersk, Starbucks, Unilever et Mercedes-Benz.
Les autres leviers qu’entend actionner le géant des logiciels sont connus, comme la baisse des émissions carboniques, en utilisant davantage de sources d’énergie renouvelables et recherchant des marges de manœuvre en matière de sobriété énergétique. Microsoft entend également éliminer l’équivalent de ses émissions dans l’atmosphère, ce qui sera par ailleurs plus facile s’il en émet moins.
Le groupe prévoit aussi de mobiliser sa puissance financière pour des investissements sur le plan environnemental et de la justice climatique. Parmi les montants significatifs, il est question d’un investissement d’un milliard de dollars dans un fonds d’innovation, avec pour mission de rendre plus efficaces les techniques pour capturer et éliminer le carbone. Ce montant avait déjà été annoncé en début d’année.
La question du financement politique
Les engagements de Microsoft annoncés en début d’année et rappelés cet été sont bien sûr une bonne nouvelle pour qui se préoccupe du climat — qui peut être contre ce genre d’objectifs ? Cependant, l’entreprise a encore des marges de progression si elle veut être au-dessus de tout soupçon. Et cela passe par l’arrêt des dons à des groupes ou des personnalités politiques climatosceptiques.
Cette réalité, rappelée par le New York Times, doit certes être nuancée : bien sûr, les montants en jeu ne sont jamais très élevés — ce ne sont que quelques centaines de milliers de dollars, ou à peine plus, ce qui à l’échelle d’une campagne électorale n’est pas grand chose. Évidemment, les compagnies prennent soin de faire des dons à chaque camp, pour ne pas être accusées de prendre parti.
Mais si les sociétés américaines veulent donner de l’épaisseur à leurs promesses écologiques, il faut questionner l’effet de versements à celles et ceux qui affaiblissent les normes environnementales. Ce problème n’est pas une vue de l’esprit, car aux USA, c’est le climatoscepticisme qui règne, comme à la Maison-Blanche, avec un président qui a lié la question du climat à un complot chinois, et qui a lancé son pays hors de l’accord de Paris.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez-nous sur WhatsApp !