Cédric O a fait savoir le 30 juillet que l’application StopCovid a été téléchargée entre 2 et 2,5 millions de fois. Mais cela ne dit rien de son utilisation réelle par la population.

Près de deux mois après son lancement, l’application StopCovid reste ignorée de la grande majorité de la population. Invité ce jeudi 30 juillet sur CNews pour évoquer ses nouvelles attributions au poste de secrétaire d’État au numérique, Cédric O a indiqué que le nombre de téléchargements se situe quelque part entre 2 et 2,5 millions. C’est peu à l’échelle d’un pays qui compte 67 millions d’habitants.

Ces statistiques sont à lire  avec du recul : les téléchargements ne correspondent pas à une base d’utilisateur de 2 à 2,5 millions d’individus, puisqu’un même utilisateur peut tout à fait au hasard des circonstances télécharger et supprimer plusieurs fois l’application. Et même dans ce cas-là, cela ne dit rien du nombre réel de personnes l’utilisant effectivement, car les désinstallations, qui sont aussi importantes, n’ont aucune incidence sur les statistiques de téléchargement.

Même en suivant un scénario optimiste, où il y aurait 2,5 millions d’usagers actifs, cela ne fait que 3,7 % de la population. Dans Le Figaro du 25 mai, Cédric O disait « qu’à partir de 10 % de personnes qui l’utilisent dans un bassin de vie, StopCovid a une efficacité systémique pour diminuer la diffusion de l’épidémie ». Un propos nuancé par la suite par l’intéressé, qui a estimé qu’elle est utile dès les premiers téléchargements.

Cédric O 27 mai 2020

Cédric O, le 27 mai 2020.

Source : Assemblée nationale

L’intéressé n’a toutefois pas donné de statistiques actualisées sur les notifications d’alerte qui ont été envoyées aux individus susceptibles d’avoir été en contact prolongé avec une personne malade. Lors d’un point presse survenu le 23 juin, il avait été révélé que le logiciel n’a transmis que 14 notifications depuis son démarrage le 2 juin, soit moins d’un message par jour.

Cédric O passe le relais à Olivier Véran

Néanmoins, Cédric O juge que cet outil reste pertinent et qu’il est trop tôt d’en faire le bilan alors que la crise sanitaire se poursuit et si l’évolution de l’épidémie continue sur sa lancée en France, avec une hausse des contaminations observée depuis plusieurs semaines. « Je pense qu’on ne sera pas mécontents si l’épidémie revient d’avoir cet outil dans la panoplie de réponses sanitaires », a-t-il prévenu.

Au micro de Damien Fleurot, Cédric O a aussi souligné que StopCovid n’était pas une lubie française : des programmes équivalents ont vu le jour dans les autres pays européens. Cependant, leur efficacité en matière sanitaire est également remise en cause. Par ailleurs, StopCovid ne partage pas les mêmes bases techniques que les autres applications, qui sont interopérables, mais avec l’outil français.

C’était en outre de sa responsabilité de contribuer à l’effort gouvernemental lors de la mobilisation face à la pandémie, rappelle-t-il : « Ma mission en tant que secrétaire d’État au numérique, c’était de faire en sorte qu’il y ait cet outil ». Qu’il soit ensuite ignoré par la population est un autre sujet. D’autant que le choix a été fait de ne pas la rendre obligatoire, ce qui aurait été juridiquement plus complexe à faire passer.

Ce dossier appartient désormais à Olivier Véran, le ministre de la Santé, selon Cédric O : « StopCovid est sur la table, maintenant c’est à Olivier Véran et aux autorités de santé de décider comment ils veulent le déployer encore plus ».  Des messages radio conseillant de l’installer sont toujours émis, mais de façon plus sporadique que lors des toutes premières semaines.

De son côté, Olivier Véran a publié un tweet invitant les Françaises et les Français à l’utiliser pendant les vacances.

En mai, Numerama avait imaginé dans quel cas de figure ce programme pouvait être utile  et mis en lumière toutes les conditions préalables à satisfaire pour que StopCovid puisse faire quelque chose en cas de détection d’un malade. Au-delà du faible engouement de la population pour ce logiciel, la cascade de conditions nécessaires à son fonctionnement explique aussi pourquoi peu de signalements ont été émis.

 

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