Dans la nuit du 31 juillet au 1er août 2020, le feuilleton TikTok a pris un tournant particulier. Accusé par les États-Unis d’être un outil d’espionnage pour le compte de la Chine, ce que personne n’a encore pu prouver, l’application de vidéo TikTok a été mentionnée coup sur coup dans deux déclarations du gouvernement américain.
Un rachat par Microsoft
Une première information indiquait que le gouvernement avait des projets pour extraire TikTok de Chine. Il s’agirait, pour les États-Unis, de forcer une entreprise qui opère chez elle à avoir un actionnariat américain. C’est ce qui s’est passé avec l’application de rencontres gay Grindr, détenue par un géant chinois et revendue en début d’année. Dans cette histoire, les propriétaires chinois de l’entreprise avaient cédé aux pressions des États-Unis et, comme TikTok aujourd’hui, l’application était considérée comme un enjeu de sécurité nationale.
Immédiatement, un nom étonnant a été lâché : Microsoft. Charles Gasparino, journaliste business pour la chaîne Fox, a affirmé que le géant de Redmond avait déjà entamé des pourparlers pour racheter le réseau social le plus apprécié des jeunes. Microsoft, qui n’a jamais percé dans le monde des réseaux sociaux et qui vient d’admettre l’échec de son service concurrent à YouTube et Twitch nommé Mixer, aurait un grand coup à jouer en achetant la division américaine d’une entreprise comme TikTok. Elle a déjà ses utilisateurs, ses codes et est une source d’inspiration pour les autres géants du web. Bytedance, l’entreprise chinoise derrière TikTok, a déjà scindé ses activités en Chine et en dehors de Chine et n’aurait qu’à se séparer de sa filiale.
Mais cette trajectoire semble avoir été balayée d’un revers de la main par le président Donald Trump, quelques heures seulement après avoir été considérée par son administration.
Bannir TikTok ?
À bord de l’avion Air Force One, le président des États-Unis n’a pas mâché ses mots devant la presse : « En ce qui concerne TikTok, nous allons les bannir des États-Unis », a-t-il lancé. Avant de répondre à un journaliste qui lui demandait comment il allait procéder, qu’il avait « cette autorité, par un ordre exécutif ». La méthode la plus simple pour arriver à cette fin serait d’empêcher Apple et Google, éditeurs d’iOS et Android, de travailler avec Bytedance. Le processus a déjà été employé pour le géant Huawei : le gouvernement américain pourrait tout simplement ajouter l’entreprise sur une liste d’entités avec lesquelles les sociétés américaines n’ont pas le droit de travailler — au motif qu’elles présentent un risque pour la sécurité nationale.
Si ce levier était activé, alors TikTok disparaîtrait de l’App Store et du Play Store, même si un expert interviewé par le magazine américain The Verge estime que ce serait extrême et à la limite de la légalité. Cette liste d’entités n’a en effet pas vocation à être le réceptacle des caprices du dirigeant américain, mais un bouclier pour les intérêts stratégiques des États-Unis. En ce sens, le cas Huawei avait déjà fait polémique pour les mêmes raisons, considéré par bien des observateurs comme un énième levier dans une guerre économique plutôt qu’un véritable danger pour la souveraineté américaine. Et comme pour Huawei, on peut craindre des dommages collatéraux à une telle décision : si Apple et Google ne peuvent plus travailler avec Bytedance, utilisateurs et utilisatrices du monde entier pourraient perdre l’accès à TikTok.
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