C’est une évidence : sur un trajet identique, un vélo pollue bien moins qu’une voiture. Et prendre l’avion relâchera beaucoup plus d’émissions de gaz à effet de serre qu’un voyage en train. Cependant, même si on les suppose, les écarts sont difficilement quantifiables pour le tout-venant. D’accord, certains moyens de transport sont plus néfastes pour le climat, mais à quel point ?
C’est là qu’un outil comme celui qu’a mis en place l’Agence de la transition écologique (ex-ADEME) révèle tout son intérêt. Il propose d’estimer l’empreinte environnementale de ses déplacements, en termes d’émissions de carbone, selon des trajets types (aller chercher son pain, se rendre au travail, traverser la région, la France ou voyager à l’étranger, etc.) et en affichant les transports correspondants.
Pour aller chercher le pain par exemple, un trajet qui est estimé à un kilomètre (le site laisse le soin de changer cette valeur, pour tenir compte des cas individuels) , le vélo et la marche sont bien sûr les deux modes de déplacement idéaux, car ils ne rejettent rien et n’ont besoin d’aucune source d’énergie, hormis celle que vous fournissez par vos jambes — en outre, vous en retirez un bénéfice sanitaire, en faisant de l’exercice.
Le comparateur tient également compte des situations de covoiturage : si pour aller au travail la voiture thermique n’est vraiment pas le moyen de transport le moins polluant, il a un impact moindre dès que l’on commence à embarquer d’autres personnes. Chercher un collègue qui n’est pas loin de son trajet devient même un peu plus écologique qu’un bus thermique — l’écart est certes modeste.
En donnant des indications chiffrées sur ce que rejette tel ou tel moyen de transport, le site mis en place par l’ADEME pourrait inciter les Françaises et les Français à reconsidérer leur façon de se déplacer — pas pour passer d’un extrême à l’autre, en envoyant sa voiture à la décharge et en ne misant dorénavant plus que sur la marche, mais en utilisant peut-être un mode de transport plus cohérent selon les trajets.
Les valeurs affichées sur le site de l’ADEME doivent être comprises comme des ordres de grandeur. Le simulateur « n’a pas vocation à rentrer dans un trop grand niveau de détail », explique l’agence, en incluant les modèles de voiture ou la façon de conduire. Certes, ces facteurs jouent, mais à la marge. En tout cas, ils ne pèsent pas assez au point de remettre en cause la hiérarchie des moyens de locomotion.
Faire réfléchir à la manière de se déplacer
Dans une démarche consistant à diviser par 6 les émissions de CO2, afin d’atteindre la neutralité carbone, l’information délivrée par cet outil « vise à rendre plus évidente la prise de conscience qu’il y a des déplacements qui ne seront tout simplement plus possibles, ou plus aussi souvent, car incompatibles » avec les objectifs de la France. Or, il y a encore d’importantes marges de manœuvre pour y arriver.
L’ADEME fait ainsi observer que la moitié des trajets effectués en France fait moins de 5 km. Rien d’insurmontable avec une trottinette ou un vélo, électrique ou non. On peut bien sûr aussi prendre la voiture, mais cela se fait au prix d’un kg de CO2 émis — pour à peine 5 km parcourus. Forcément : une auto pèse entre une tonne et une tonne et demi, et parfois plus, vu l’immense succès des SUV.
La bonne nouvelle, c’est que 47% des Français considèrent qu’au moins une partie de leurs trajets quotidiens pourraient être réalisés à vélo, ce qui suggère une ouverture d’esprit à la perspective de basculer sur un moyen de locomotion plus doux. Une bonne nouvelle d’autant plus importante que le transport est la première source d’émissions en France, et que la voiture pèse la moitié de ces émissions.
En France, le transport génère un tiers (31 %) des émissions de gaz à effet de serre, devant le bâtiment, l’agriculture et l’industrie. C’est là que le gros de l’effort doit être fait, avec les voitures hybrides, électriques ou à hydrogène, ou bien en renforçant l’isolation thermique des bâtiments. Cela ne veut pas dire qu’il faille ignorer les autres secteurs, comme le numérique, mais ce qui se joue ici est plutôt l’épaisseur du trait.
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