La justice américaine a été contrainte de rejeter la plainte déposée par le site Genius contre Google, a rapporté TechCrunch le 12 août 2020. Fin décembre dernier, le site qui agrège des paroles de chansons avait trainé la multinationale devant les tribunaux, l’accusant de profiter de son travail pour s’enrichir.
En résumé : Genius héberge des millions de paroles de chansons, qui bénéficient également d’annotations de bénévoles. Lorsque l’on tape un titre de chanson dans Google, des paroles s’affichent en aperçu sous la barre de recherche, ce qui évite aux internautes de se rendre sur un autre site, car les textes sont déjà à portée de regard, sur Google.
Quand Genius piégeait Google
Or, Genius avait découvert, en glissant des caractères spéciaux dans ses paroles pour « piéger » Google, que celui-ci reprenait bien les phrases directement depuis son site. La répartition des caractères spéciaux dans le texte permettait de coder en morse le mot « red-handed », soit « pris la main dans le sac ». Google avait pourtant passé un accord financier depuis 2016 avec le site LyricFind pour afficher leurs paroles, et affirme que le problème viendrait d’une erreur de son partenaire. « Nous n’absorbons pas les contenus d’autres sites », promet d’ailleurs la firme sur son site officiel.
La tactique de Genius pour exposer Google était donc habile, mais le volet juridique s’avère être bien plus compliqué, car Genius n’est pas vraiment propriétaire des paroles qu’il agrège — ce sont les auteurs et autrices qui en détiennent les droits. La plainte en décembre 2019, dans laquelle Genius demandait 50 millions de dollars, a été déposée sur la base d’une « rupture de contrat », « enrichissement et concurrence déloyale ».
Or le juge new yorkais chargé de l’affaire a estimé qu’il s’agissait plutôt d’un cas de violation du droit d’auteur, et qu’il n’était donc pas habilité à juger cette question, qui est hors de sa juridiction. Il n’a donc pas eu d’autre choix que de rejeter le dossier. Reste à Genius le choix de retenter d’attaquer Google sur le terrain du droit d’auteur, mais il lui sera toujours très compliqué de l’emporter, vu qu’il n’est techniquement pas lui-même propriétaire des textes qu’il affiche.
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