Les formulations utilisées par Google pour décrire le fonctionnement de ses réglages de confidentialité vous ont déjà désorienté ? Figurez-vous que vous n’êtes pas un cas isolé : selon des documents récemment rendus publics par la justice américaine, cette confusion était partagée également par un certain nombre d’ingénieurs travaillant pour la firme de Mountain View.
Le site Ars Technica, qui se fait l’écho de la presse quotidienne régionale américaine, a ainsi mis en lumière le 25 août 2020 plusieurs commentaires assez éclairants sur la façon dont ces paramètres étaient reçus en interne, alors même que l’on peut s’attendre à ce qu’ils soient compris par celles et ceux qui, justement, participent à leur élaboration technique ou, du moins, sont familiers avec les produits et les services de Google.
Les passages sont éloquents : « L’interface utilisateur actuelle semble conçue pour rendre les choses possibles, mais elle est suffisamment difficile pour que les gens ne s’en rendent pas compte », dit l’un. Un autre considère que la désactivation de la géolocalisation devrait vraiment désactiver la géolocalisation, sans exception, et non pas la neutraliser avec une ribambelle d’exceptions pouvant échapper à l’utilisateur.
« En effet, nous ne sommes pas très bons pour expliquer cela aux utilisateurs. Ajoutez-moi à la liste des Googlers qui n’ont pas compris comment cela fonctionne […] Nous avons livré une interface utilisateur qui embrouille les utilisateurs », continue un autre employé. Et un autre admet s’être fait avoir, en croyant avoir coupé la géolocalisation sur son téléphone, alors que ce n’était pas le cas en réalité.
Polémique sur la gestion de la géolocalisation
La publication de ces réactions s’inscrit dans une polémique initiée en 2018, quand il a été constaté que Google a continué de géolocaliser le public même quand l’historique des positions est désactivé. Ce suivi géographique n’était pas à proprement parler conduit en secret, mais il jouait en fait sur une interface déconcertante, en passant par les autres applications et par le service publicitaire du géant américain.
Aux USA, la découverte de cette collecte basée sur une interface alambiquée a donné lieu à des investigations de certains États fédérés. L’un d’eux, l’Arizona, a lancé des poursuites contre Google en mai 2020, au motif que les méthodes de Google enfreignent la législation locale. Initialement, de nombreux documents judiciaires étaient restés confidentiels, mais une action auprès de la justice a permis d’en publier.
Réagissant à ces extraits, un porte-parole de Google a déclaré : « Les contrôles de la vie privée sont depuis longtemps intégrés dans nos services et nos équipes travaillent en permanence pour en discuter et les améliorer. Dans le cas des informations de localisation, nous avons reçu des commentaires et nous avons travaillé dur pour améliorer nos contrôles de confidentialité. En fait, même ces extraits publiés, choisis parmi les meilleurs, indiquent clairement que l’objectif de l’équipe était de réduire la confusion autour des paramètres de l’historique de localisation ».
Google propose depuis 2016 un tableau de bord, appelé Mon activité, qui permet de visualiser les activités dont a connaissance Google sur ce que vous faites en ligne — historique de YouTube et des recherches sur le web, historique des positions géographiques. C’est à partir de cette section que l’internaute peut retirer tout ou partie de ses activités en ligne et demander l’arrêt de leur collecte.
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