Huit ans. C’est le délai que se donne Bouygues Telecom pour mettre à jour l’ensemble de son réseau de téléphonie mobile, afin de ne plus faire appel à du matériel conçu par l’équipementier chinois Huawei. Ce calendrier a été annoncé par Olivier Roussat, le PDG de l’opérateur téléphonique, lors d’un échange avec des journalistes, dont Reuters se fait l’écho dans son édition du 27 août.
« Un certain nombre de sites devront être progressivement démantelés », a fait savoir l’intéressé. En tout, ce sont 3 000 infrastructures qui sont concernées par cette bascule. « Le démantèlement s’effectuera sur une période de huit ans, avec un impact limité sur nos résultats d’exploitation ». En moyenne, Bouygues devra s’occuper d’un peu moins de 400 sites par an, jusqu’en 2028.
Exclusion progressive de Huawei des télécoms français
En France, Bouygues Telecom est l’un des deux opérateurs à faire appel à Huawei pour ses installations de télécommunications. L’autre est SFR. En revanche, Orange et Free Mobile ne passent pas par l’industriel chinois pour équiper leurs antennes-relais (du moins, en France, car à l’étranger, Orange achète bien du matériel de Huawei). Ils misent à la place sur deux groupes européens : Nokia et Ericsson.
Olivier Roussat n’a pas indiqué quelle alternative remplacerait Huawei au cours de la décennie qui vient. Les choix sont toutefois limités et se résument globalement à Nokia ou Ericsson, ou peut-être un panachage des deux. La discussion a permis au passage de révéler que le matériel de Huawei était déjà banni dans certaines villes : Brest, Paris, Rennes, Strasbourg et Toulouse.
Des raisons objectives peuvent justifier l’exclusion de Huawei de ces communes : Brest se trouve face à l’île Longue, qui est la base opérationnelle de la marine nationale pour ses sous-marins lanceurs de missiles nucléaires. Rennes est le nouvel épicentre de la cyberdéfense nationale. C’est à Strasbourg que se trouve le Parlement européen. Toulouse accueille le QG mondial d’Airbus. Enfin, Paris, en tant que capitale de la France, abrite de nombreux lieux de pouvoir.
Reste une question : pourquoi Bouygues Telecom se donne-t-il huit ans pour délaisser Huawei pour ses réseaux télécoms ?
Il s’agit de la durée maximale des autorisations que l’administration française peut donner aux opérateurs pour l’installation et le déploiement de certains matériels télécoms. Or, il apparaît que les autorisations pour les produits de Huawei ne seraient pas renouvelées au-delà d’un premier feu vert. La France cherche visiblement à se passer de Huawei d’ici dix ans, mais sans faire de vagues, contrairement au Royaume-Uni.
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