La nouvelle est tombée ce mardi 8 septembre. Bruxelles a annoncé que l’application TikTok, très prisée par les ados du monde entier, est désormais signataire du code de conduite de l’Union européenne contre les discours haineux en ligne. L’application mobile rejoint ainsi les plateformes Snapchat, Facebook, Twitter, Google, YouTube, Microsoft, Dailymotion, Instagram et JeuxVidéo.com, déjà engagés.
En place depuis 2016, ce code demande aux sociétés de réagir en moins de 24 heures dès la réception d’une notification visant un contenu litigieux et de le supprimer le cas échéant, ou d’en bloquer l’accès. Le code invite aussi à partager les bonnes pratiques et à fournir une meilleure information aux internautes pour les sensibiliser sur les contenus « qui ne sont pas autorisés ».
L’annonce du ralliement de TikTok au code de conduite européen contre la haine en ligne survient dans un contexte particulier : l’application risque d’être bannie du marché américain d’ici le 20 septembre sur ordre de Donald Trump, officiellement pour des raisons d’espionnage, de désinformation et de censure. Mais concrètement, un bannissement au niveau des États-Unis pourrait signifier son exclusion du monde occidental.
En effet, Google et Apple sont deux sociétés américaines. Or, elles sont aussi à la tête des deux principaux systèmes d’exploitation utilisés sur mobile, Android pour le premier et iOS pour le second. Elles ont aussi le contrôle des deux boutiques d’applications officielles, à savoir Google Play pour Android et l’App Store pour iOS. C’est depuis ces deux sources que l’extrême majorité des applications sont téléchargées.
Des signaux adressés à l’Union européenne
Le ralliement de TikTok aux directives européennes peut dès lors apparaître comme un geste à l’égard du Vieux Continent, qui n’entend pas marcher dans les pas de la Maison-Blanche sur ce dossier : début septembre, Thierry Breton, le commissaire en charge entre autres du marché intérieur et du numérique, confiait à Politico qu’il n’était pas prévu de faire de même au sein des vingt-sept pays membres.
Ce n’est d’ailleurs pas le premier signal envoyé en direction de Bruxelles : en juin, il a été annoncé que TikTok s’engageait cette fois à suivre un autre code de bonne conduite, celui contre la désinformation — et cela même si, dans les règles de fonctionnement de TikTok, la désinformation est déjà censée être proscrite. Ce code, mis en place en 2015, est aussi suivi par plusieurs entreprises du secteur de la tech.
En août, TikTok a également annoncé sa volonté de construire un centre de traitement de données en Irlande, pour y héberger et traiter les données de ses utilisateurs européens. Le data center est censé commencer ses activités en 2022 et ainsi constituer une alternative à un stockage aux États-Unis, rendu plus compliqué par une récente décision de justice, ou à Singapour.
« Les données européennes devraient être stockées et traitées en Europe »
Ce point est de nature à plaire à la Commission européenne : Thierry Breton a fait de la localisation des données sur le territoire européen l’une de ses grandes préoccupations. « Les données européennes devraient être stockées et traitées en Europe parce qu’elles appartiennent à l’Europe. Il n’y a rien de protectionniste là-dedans », a-t-il dit, soulignant que d’autres pays, comme les USA, font de même.
Il reste à voir si ces multiples signaux auront un effet sur Bruxelles, et de quel ordre. Il ne reste plus beaucoup de jours avant la date limite fixée par le décret présidentiel de Donald Trump — même si la maison-mère de TikTok, ByteDance, entend se défendre devant les tribunaux. Si l’application survit après la date limite, son engament contre la haine ne sera pas perdu, car elle est elle-même concernée par la haine en ligne.
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