Les signataires de la tribune appelant à un moratoire sur la 5G ont leur réponse : il n’y aura aucune pause dans le déploiement de l’ultra haut débit mobile. C’est Emmanuel Macron qui l’a affirmé lundi 14 septembre lors d’un échange avec les acteurs de la French Tech et de l’économie, à deux semaines de la prochaine phase d’attribution des fréquences 5G où concourront Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free Mobile.
« On va expliquer, débattre, lever les doutes, tordre le cou à toutes les fausses idées, mais oui, la France va prendre le tournant de la 5G, parce que c’est le tournant de l’innovation », a déclaré le président de la République. Ailleurs en Europe, la plupart des autres pays se sont lancés. Une carte fournie par Ookla montre d’ailleurs que des réseaux commerciaux sont déjà opérationnels ailleurs, mais pas en France.
Lors de son intervention, le chef de l’État a aussi lâché une petite phrase qui tourne depuis beaucoup sur les réseaux sociaux, puisque les contestataires de la 5G sont amalgamés aux amish, une communauté essentiellement nord-américaine qui refuse l’innovation et le progrès — en tout cas, technologique –et qui vive peu ou prou comme au 18ème siècle, en se déplaçant par exemple en carriole plutôt qu’en voiture.
« J‘entends beaucoup de voix qui s’élèvent pour nous expliquer qu’il faudrait relever la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile. Je ne crois pas au modèle amish. Et je ne crois pas que le modèle amish permette de relever les défis de l’écologie contemporaine », a ainsi asséné le président lors de son discours, qui a rappelé que « la France, c’est le pays des Lumières, de l’innovation ».
Une demande de la convention climat
Il est à noter que le moratoire de la 5G est aussi une demande de la Convention citoyenne pour le climat. Le document invite à « instaurer un moratoire sur la mise en place de la 5G en attendant les résultats de l’évaluation de la 5G sur la santé et le climat », et à « évaluer les avantages et les inconvénients de la 5G par rapport à la fibre avant et non après avoir accordé les licences pour son développement ».
Cette piste figure dans la proposition plus générale intitulée « accompagner l’évolution du numérique pour réduire ses impacts environnementaux », qui a pourtant été approuvée par l’Élysée — seules 3 propositions sur les 149 recommandations avaient été rejetées : les 110 km/h sur l’autoroute, la réécriture du préambule de la Constitution et la la taxe de 4 % sur les dividendes.
Si aucun report de la 5G n’est au programme, le gouvernement a toutefois pris la décision en 2018 de missionner deux agences spécialisées pour évaluer le risque sanitaire. L’avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) est attendu début 2021. Jusqu’à présent, la littérature scientifique n’a vu aucun effet néfaste avéré des ondes la santé.
« Beaucoup des défis que nous avons, sur tous les secteurs, se relèveront par l’innovation », a poursuivi Emmanuel Macron. « Il faut regarder les peurs en face. Il y a des peurs liées à ces innovations, il faut les lever en disant la vérité, en trouvant les bons compromis et en expliquant, en mesurant, par le débat citoyen éclairé », a-t-il ajouté. Quitte à mener de front le déploiement de la 5G… et son débat.
Après la seconde phase des enchères qui aura lieu fin septembre et pendant les quelques semaines suivantes, deux autres étapes sont encore prévues : le placement des opérateurs sur la bande de fréquences 5G et la publication des autorisations d’exploitation au Journal officiel. Le déploiement effectif devrait débuter vraisemblablement entre la fin 2020 et le début de l’année suivante.
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