Promises au bannissement aux États-Unis, les applications chinoises TikTok et WeChat reviennent de loin. Tout n’est pourtant pas encore totalement réglé.

Le souffle du boulet n’est vraiment pas passé loin pour TikTok et WeChat, mais les deux applications chinoises s’en sont sorties, pour l’instant. Alors qu’un bannissement aux États-Unis leur était promis pour le 20 septembre, elles ont réussi à s’en tirer au tout dernier moment. Tout n’est pour autant pas encore totalement résolu : si à très court terme, il n’y a plus de danger, c’est moins sûr ensuite.

La justice « sauve » WeChat au dernier moment

Dans le cas de WeChat, une messagerie instantanée semblable à Messenger, le salut est venu de la justice. Une juge fédérale a prononcé une injonction contre le décret interdisant effectivement à cette application chinoise de fonctionner outre-Atlantique, juste avant la date fatidique. La magistrate a estimé que les plaignants ont soulevé des problématiques sérieuses quant à des atteintes en matière de liberté d’expression.

Pour l’administration Trump, c’est un revers, mais possiblement temporaire. La décision rendue par le tribunal peut désormais faire l’objet d’un appel pour obtenir la levée de cette injonction — selon un porte-parole du département du commerce, cette option est en train d’être étudiée. WeChat appartient à l’entreprise chinoise Tencent, l’un des poids lourds du numérique dans l’Empire du Milieu.

L’administration Trump avait l’intention non seulement d’interdire le téléchargement de WeChat depuis les USA, en retirant l’application des grandes boutiques d’applications (à savoir Google Play pour Android et l’App Store pour iOS), mais aussi de neutraliser certaines fonctionnalités de la plateforme, en particulier celles permettant d’effectuer des transactions, comment achat ou paiement.

L’horizon de TikTok s’éclaircit grâce à Oracle et Walmart

Quant à TikTok, c’est un attelage étrange associant Oracle et Walmart qui a permis de tenir éloignée la perspective d’un bannissement. En effet, il est annoncé que ces entreprises américaines vont entrer dans le capital d’une nouvelle société, TikTok Global, qui sera basée aux États-Unis. Ensemble, les deux compagnies contrôleront 20 % de son capital : 12,5 % pour Oracle et 7,5 % pour Walmart.

Un attelage étrange, car Oracle est une société spécialisée dans le cloud, les logiciels de gestion de bases de données, et les programmes et les services pour les professionnels. Là voilà qui se tourne vers le grand public. Quant à Walmart, c’est un géant américain de la grande distribution, semblable en France à un groupe comme Carrefour. Microsoft, qui a été un temps dans la course a été mis sur la touche.

Ce deal est-il désavantageux pour les Américains ? Pas exactement : outre les 20 % de TikTok Global que vont contrôler les deux entreprises , il faut également savoir que la maison-mère de TikTok, la société chinoise ByteDance, a 40 % de son capital appartenant à des fonds américains. Ces deux participations permettent in fine aux Américains de contrôler d’une façon ou d’une autre 53 % de TikTok Global.

Plusieurs autres concessions ont été obtenues : la création d’emplois aux USA (un total de 25 000 postes est évoqué), une entrée à la bourse de New York d’ici d’un an, l’implantation du siège de TikTok Global aux États-Unis, un stockage et un traitement des données des internautes américains aux USA, par Oracle, et un alignement de TikTok Global sur la législation américaine en matière de données personnelles.

Tout est bien qui finit bien ? Cela reste à voir.

Le département du commerce a annoncé le 19 septembre le report au 27 septembre de la date butoir pour activer certaines dispositions contre TikTok (dont l’interdiction de télécharger l’application), compte tenu « des récents développements positifs ». Il reste encore à lever cette menace. En outre, la Maison-Blanche avait fixé une autre échéance au 12 novembre, qui pour l’instant demeure.

Car les contours finaux de l’accord doivent encore être finalisés et des points clarifiés. Ainsi, il semble y avoir un malentendu sur une déclaration de Donald Trump selon laquelle il aurait été promis un don de TikTok de 5 milliards de dollars à l’éducation aux USA. La société a réagi en faisant savoir qu’il s’agit plutôt d’une estimation de ce que devra payer TikTok en taxes, en tout, sur plusieurs années.

Peut-être s’agit-il d’une tactique électorale du président américain pour démontrer à ses partisans et aux indécis sa capacité à mener des négociations victorieuses et très favorables aux Américains ? Compte tenu de la campagne présidentielle, il est plausible que Donald Trump survende le deal TikTok-Walmart-Oracle. Il reste à voir si ces excès ne le feront pas capoter. Et la réaction de la Chine, aussi, sera très attendue.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !