L’unification d’Instagram, Facebook Messenger et WhatsApp a commencé. Mais si Facebook commence par les deux premières applications, c’est qu’il n’est pas encore prêt à chiffrer tous les messages de ses utilisateurs.

Facebook Messenger, Instagram et WhatsApp sont peut-être les plus grands concurrents à iMessage sur iOS. Les trois applications sous l’égide Facebook cumulent plusieurs milliards d’utilisateurs quotidiens, qui s’échangent des « centaines de milliards de messages » chaque jour, d’après le réseau social. Disponibles sur toutes les plateformes et sur n’importe quel navigateur, elles ont un avantage certain sur la concurrence qui manque soit de popularité (les tentatives de Google pour Android), soit de compatibilité (iMessage exclusif à l’écosystème Apple).

Mais pour que cet outil de messagerie tentaculaire existe, associant les trois plateformes, encore faut-il le créer. Après des tests en août, Facebook a officialisé le 30 septembre le rapprochement de Messenger et Instagram. C’est le réseau social dédié à la photographie qui en bénéficie le plus : les utilisateurs d’Instagram qui accepteront la liaison avec Facebook Messenger bénéficieront de nouvelles options autrefois exclusives à l’outil de chat.

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Au-delà d’une synchronisation des messages entre Instagram et Messenger, les utilisateurs d’Instagram pourront envoyer des messages qui disparaissent une fois que l’application est fermée, créer des stickers animés, utiliser des couleurs différentes pour chaque conversation, réagir avec des émojis à des messages, transférer des messages ou encore, envoyer des messages avec des animations. En somme, un ensemble de fonctionnalités cosmétiques ou pratiques piochées dans les produits de Facebook ou de la concurrence — on pense encore à Apple ou à Snapchat.

Si ce pas facilite la communication entre les utilisateurs des deux réseaux sociaux, il n’associe pas encore le troisième pilier de Facebook — WhatsApp. La cause ? Très probablement le chiffrement des messages pour protéger les conversations.

WhatsApp ne viendra pas sans chiffrement

Quand Mark Zuckerberg présentait ce projet d’association des plateformes, il ne manquait pas d’insister sur les bénéfices liés à la vie privée des utilisateurs. En effet, le projet de Facebook est de prendre le meilleur côté sécurité, c’est-à-dire WhatsApp et son chiffrement de bout en bout des conversations. La messagerie instantanée utilise en effet le Signal Protocol, du nom de la messagerie chiffrée très populaire, pour protéger les communications de ses utilisateurs. Sur le terrain du chiffrement, WhatsApp est donc aussi sécurisé que Signal et rend illisible tout message envoyé par un utilisateur pour un tiers — application incluse. Seul la personne qui le reçoit a les clefs pour le déchiffrer et donc le lire en clair.

Ce chiffrement fort, de bout en bout et par défaut, n’est pas encore la norme sur Facebook Messenger. Les utilisateurs de l’application peuvent l’activer pour une conversation dite secrète, mais cela n’est pas franchement accessible. Aucune mention de cette fonctionnalité n’a été faite par Facebook lors de l’annonce de l’interopérabilité avec Instagram et le chiffrement par défaut des conversations n’est pas évoqué.

C’est ce qui explique très probablement que WhatsApp ne soit pas encore intégré à la stratégie : Facebook doit d’abord trouver un moyen de chiffrer tous les messages envoyés par ses différentes applications, et les déchiffrer avec n’importe laquelle de ces applications. Un défi technique qui n’est pas anodin, puisque techniquement, un message chiffré ne peut être déchiffré que par son destinataire, qui ne saurait être trois applications différentes avec trois comptes différents — difficile, donc, de synchroniser les conversations.

Facebook devra pourtant trouver une solution à moyen terme s’il souhaite vraiment tenir sa promesse : impossible, par exemple, de sacrifier le chiffrement par défaut de WhatsApp sur l’autel d’une compatibilité avec Instagram et Messenger.

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