Changement de ton dans la modération sur Facebook. Désormais, tous les contenus en rapport à la mouvance complotiste QAnon seront systématiquement retirés du réseau social, y compris ceux qui « ne contiennent aucun contenu violent ». Cette nouvelle règle a été annoncée le 6 octobre dans un communiqué. La plateforme Instagram, filiale de Facebook, va suivre les mêmes directives.
Le site communautaire avait déjà commencé à prendre des mesures contre QAnon au mois d’août, mais à l’époque son action était circonscrite aux publications pouvant déboucher sur de la violence. À l’époque, rappelle l’entreprise, des mesures avaient été annoncées pour « perturber la capacité de QAnon et d’autres groupes militarisés à opérer et à s’organiser sur [sa] plateforme ».
QAnon est le nom donné à un collectif d’internautes rassemblé derrière la thèse qu’il existe un complot contre Donald Trump, organisé par « l’État profond », c’est-à-dire un pouvoir parallèle et institutionnel qui serait capable de contrer les actions du président américain pour préserver les intérêts de l’establishment. La mouvance est née à l’automne 2017 à la suite d’un message publié sur 4Chan.
Les cibles privilégiées de QAnon incluent des personnalités du parti démocrate, comme Barack Obama et Hillary Clinton, mais aussi des célébrités hollywoodiennes, qui sont toutes accusées d’avoir des activités criminelles secrètes, dont des abus sexuels sur des mineurs. Le succès de QAnon est tel qu’il a fini par pousser le FBI à le classer comme une potentielle menace terroriste intérieure en 2019.
Une mouvance qui se propage selon l’actualité
Facebook justifie le durcissement de la modération après avoir constaté que les adeptes de QAnon surfaient d’une thématique à l’autre pour tenter de rallier de nouveaux publics. « Nous avons vu d’autres contenus QAnon sur d’autres formes de dommages réels, dont des affirmations selon lesquelles les feux sur la côte ouest des USA ont été déclenchés par certains groupes d’individus ».
Le réseau social poursuit : « les messages de QAnon changent très rapidement et nous voyons des réseaux de supporters se constituer un public avec un message puis passer rapidement à un autre sujet. Nous voulons combattre cela plus efficacement avec cette mise à jour des règles, qui renforce et élargit notre modération contre ce mouvement de la théorie du complot ».
Au cours du premier mois d’action contre QAnon, c’est-à-dire entre août et septembre, le réseau social déclare avoir retiré 1 500 pages et groupes discutant entre autres d’actions violentes, et 6 500 autres pages et groupes liés à des milices diverses — plus de 300, selon le décompte du site communautaire. « Ces efforts doivent être renforcés lorsqu’il s’agit de QAnon », juge Facebook.
Compte tenu des croyances qui irriguent les pensées des partisans de QAnon, l’imminence de l’élection présidentielle américaine fait craindre une éruption de la violence, surtout si Donald Trump est battu — ce qui serait à coup sûr aux yeux des adeptes la preuve d’un complot contre lui. Pour ne rien arranger, le président sortant refuse de confirmer qu’il fera une passation de pouvoir pacifique.
Facebook prévient toutefois que la mise à jour de sa nouvelle politique commence tout juste à faire effet. L’entreprise estime qu’il lui faudra sans doute plusieurs jours, voire quelques semaines pour évacuer tous les contenus liés à QAnon, violents ou non. Quant à l’échéance électorale, elle est prévue le 3 novembre. Mais d’ici là, les adeptes de QAnon auront peut-être trouvé refuge ailleurs.
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