Pourquoi faire des robots qui nous ressemblent ? « Je pense que le désir de créer des machines à notre propre image vient de l’hubris très humaine de croire que notre ‘forme’ est en quelque sorte un idéal qui doit être répliqué », nous répondait un scénariste de la série de SF Battlestar Galactica, dans un décryptage Numerama sur ce sujet.
Comme un paradoxe face à cette propension si humaine à faire de la robotique une discipline toujours plus anthropomorphique, les robots à forme humaine nous posent un gros problème : à partir d’un certain moment, et dans des circonstances particulières, ils nous font froids dans le dos. Si vous en doutez encore, vous pouvez regarder cette vidéo sur Twitter, très largement partagée depuis le 6 octobre :
Cette courte vidéo est probablement l’une des meilleures incarnations d’un concept imaginé dans les années 1970 : la vallée de l’étrange, ou vallée dérangeante (uncanny valley en anglais). Imaginée par le roboticien japonnais Masahiro Mori, cette théorie postule que plus un robot nous ressemble, plus les « imperfections » qui transparaissent dans cette ressemblance nous provoquent un sentiment intensément dérangeant.
Pourquoi c’est dérangeant
Cette vidéo publiée sur Twitter rejoint le concept. L’androïde médical est très humanisé, avec un visage ultra réaliste, reprenant les traits humains… ainsi que la denture humaine, ce qui n’a évidemment pas sa place chez une machine — c’est contre-intuitif pour notre esprit. Mais la vidéo nous montre aussi le robot dans une position dysfonctionnelle : sans doute en raison d’un bugg, l’androïde voit son visage se tordre, crispant sa bouche, grande ouverte. Le visage gardant forme humaine tout du long, ce qui donne l’impression qu’elle est en train de souffrir le martyr. La sensation empathique en raison d’une forme humanisée est alors quasi inexistante ou bien temporaire, la scène faisant surtout froid dans le dos ou provoquant une gêne bizarre.
Cela suit exactement le processus de la vallée dérangeante : plus un robot nous ressemble, plus on ressent une forme d’empathie humanisée, jusqu’au moment où la ressemblance, trop frappante, associée à un défaut (ici, le visage qui se tord, faisant croire à de la souffrance alors que la machine ne ressent évidemment rien), génère un point de rupture où l’empathie disparaît pour être remplacée par l’effroi. C’est une forme de dissonance cognitive, où la fausseté du robot et son apparence humaine se confrontent. Au sein de cette théorie, la souffrance ou la maladie chez un robot font partie des facteurs pouvant provoquer la vallée dérangeante… même si ces souffrances ou maladies sont simulées sur un faux corps, et c’est donc bel et bien là le problème.
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