Les applications de traçage de contact comme StopCovid sont-elles condamnées à échouer ? Déjà ce printemps, des retours d’expérience de quelques pays européens suggéraient qu’elles ne parvenaient pas à démontrer leur utilité dans la gestion de la crise sanitaire. La tentative française n’a pas non plus été couronnée de succès, StopCovid ayant été largement boudée par le public.
Maintenant, c’est l’application britannique qui connaît des ratés. Non pas à cause d’un dédain de la population — l’application a été téléchargée plus de 12,4 millions de fois après quasiment une semaine de disponibilité , faisant de NHS COVID-19 l’application la plus rapidement téléchargée de l’histoire du pays –, mais parce que le logiciel peine de toute évidence à remplir son office.
C’est ce que montrent deux récits parus outre-Manche le 8 octobre.
Plus de notifications auraient dû être envoyées
Dans les colonnes de Sky News, il a été découvert que l’application n’a envoyé qu’une seule alerte alors qu’elle impliquait la découverte d’au moins un cas contaminé au coronavirus dans un lieu ouvert au public, dont le type n’a pas été précisé. Or, il aurait dû y avoir plus de signalements, correspondant peu ou prou au nombre de personnes ayant fréquenté l’établissement le jour de l’incident.
Comme le rappelle la chaîne de télévision britannique, l’application locale de traçage des contacts fonctionne à la fois avec une détection des autres smartphones à proximité, via le Bluetooth, comme StopCovid (pour qui un cas contact est une personne ayant été à moins d’un mètre pendant un quart d’heure), mais aussi par des « check-ins » par code QR, sur le même principe qu’à Singapour.
Le système des codes QR a été rendu obligatoire pour les restaurants, les bars et les pubs en Angleterre (mais pas au Pays-de-Galles, ni d’ailleurs en Écosse, qui utilise sa propre application de traçage des contacts), parce que le gouvernement misait beaucoup sur ce dispositif. Dès lors, il n’était en principe pas possible de passer à côté, même à supposer que tout le monde ne jouait pas le jeu.
Cet unique signalement est d’autant plus incompréhensible que ces lieux publics (bars, pubs) figurent parmi les principaux foyers épidémiques. Si l’alerte vient bien de l’un d’eux, le chiffre obtenu pour ce lieu public ne cadre pas ni avec les téléchargements de NHS COVID-19 ni avec l’obligation d’afficher des codes QR ni même avec le nombre de check-ins (le samedi post-lancement, il y en avait eu 1,5 million).
Des alertes fantômes à l’écran
De son côté, le Daily Mail signale un autre problème, qui en plus dure depuis plusieurs jours déjà : de fausses alertes de cas contact au public envoyées via l’application Aux dernières nouvelles, il n’a toujours pas été résolu ni par Google, ni Apple, ni les autorités, alors qu’il sème de toute évidence une confusion dans l’esprit des utilisateurs.
Pourquoi Apple et Google sont-ils évoqués dans cette affaire ? Parce que les Britanniques ont finalement rejoint la solution technique de traçage des contacts développée par les deux entreprises américaines. Or, poursuit le journal, ces alertes envoyées (« Covid-19 exposure logging » ou « Covid-19 exposure notifications » ) ne seraient en fin de compte que de simples rappels par défaut que l’application est train de fonctionner.
Le Daily Mail a contacté les autorités sanitaires pour des explications. Selon elles, c’est la faute d’Apple et Google : ce sont eux qui sont responsables de ces notifications fantômes, qui ne serviraient qu’à alerter l’utilisateur que l’application partage des informations. Elles ne serviraient pas à dire que telle ou telle personne a été en contact étroit avec un tiers dont le test de dépistage s’est révélé positif.
Ces rappels sont manifestement mal interprétés par la population, car des messages fleurissent sur les réseaux sociaux pour s’en plaindre et causer du stress inutile, signale le Daily Mail. En effet, la notification, quand on interagit avec, disparaît sans proposer quoi que ce soit ensuite, laissant les mobinautes quelque peu esseulés sur la marche à suivre, en matière de confinement ou de dépistage.
Une lecture clémente de ces incidents pourrait très bien conclure au fait que NHS COVID-19 est une application jeune, qui recevra des mises à jour ultérieures pour ajuster son fonctionnement. La preuve avec StopCovid, qui a eu droit à des correctifs successifs, par exemple pour éviter d’envoyer sur un serveur central tous les contacts croisés, mais seulement ceux qui sont de vrais cas contacts.
Mais ces deux récits sont peut-être aussi le signe que le traçage des contacts par une application n’est qu’un mirage, une manifestation du solutionnisme technologique qui mise sur des algorithmes et des liaisons sans fil pour résoudre le problème du suivi épidémique, alors qu’il faudrait plutôt se concentrer sur les gestes barrières et le pistage « à l’ancienne », qui a fait ses preuves. En somme, passer à autre chose.
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