Pour qui aime bien réguler sa vie par les données, l’émergence des objets connectés s’avère être un formidable terrain de jeu et d’exploration. Les montres connectées, en particulier, évoluent chaque année, de manière à étendre un peu plus le champ de ce qu’il est possible de mesurer, quantifier et suivre dans le temps. Cela se voit avec l’Apple Watch Series 6, qui est dotée d’un capteur dédié au taux d’oxygène dans le sang. Cela se voit aussi avec la Fitbit Sense.
Présentée au cœur de l’été 2020, la Fitbit Sense a en effet pour particularité d’évaluer le niveau de stress. C’est sa principale fonctionnalité, mais loin d’être la seule — même si, pour ce qui est des autres paramètres physiologiques que la montre connectée jauge, ce sont de plus en plus des paramètres intégrés « de série » que l’on retrouve dans la plupart des modèles récents, comme la fréquence cardiaque ou le cycle du sommeil. Cependant, contrairement à d’autres variables, la mesure du stress ne se fait pas en continu.
Quelle impression nous laisse cette montre connectée Fitbit Sense, après un peu plus de deux mois d’utilisation (nous avons reçu un exemplaire de ce modèle de la marque début octobre, qui est par ailleurs en cours de rachat par Google) ? Le premier contact avec l’appareil s’est surtout avéré l’occasion de découvrir les montres connectées, car c’était la première fois que votre serviteur en portait une. Jusqu’à présent, le seul gadget connecté qui s’était invité sur notre poignet était le bracelet Mi Smart Band 4 de Xiaomi, pendant quelques mois.
Un air d’Apple Watch
Il faut s’y connaître un minimum pour être capable de distinguer une montre connectée d’une autre, tout particulièrement quand elles sont issues du catalogue de la même marque. Prenez la Fitbit Versa par exemple : elle présente des dimensions similaires à la Sense, ainsi qu’un boîtier à l’apparence identique. Ce n’est qu’en observant attentivement l’anneau que l’on se rend compte des petites variations de design, nécessaires pour incorporer les nouvelles fonctionnalités qu’elle contient.
Si on la compare à l’inévitable Apple Watch, le boîtier est à peine plus épais. En termes de géométrie, la Fitbit Sense est carrée, là où sa concurrente est rectangulaire. Différence notable, qui existait déjà sur les anciens modèles, l’absence de roue crantée sur le côté (la « Digital Crown », ou couronne numérique, selon la terminologie de la firme de Cupertino). Ici, c’est définitivement une question de goût, mais notre préférence va à un boîtier lisse, sans aucune aspérité ou presque.
La Fitbit Sense est proposée en deux combinaisons de couleurs, l’une sombre, l’autre claire. La première associe un bracelet noir (dont le coloris est baptisé carbone) et un boîtier en acier inoxydable graphique. La seconde présente un bracelet avec le coloris « blanc lunaire » et un boîtier en acier inoxydable or pâle. C’est la première fois que Fitbit propose de telles associations avec des montres connectées. Cependant, si le bracelet ne vous convient pas, vous pouvez en commander un autre auprès du fabricant.
Si le bracelet de base peut sembler un peu élémentaire, voire bon marché, il a le mérite d’être résistant à l’eau et de se nettoyer facilement. Pour gagner en prestance, il vous faudra sans doute opter pour un bracelet vendu en option. Plusieurs possibilités s’offrent à vous : bracelets tissés, tricotés, en cuir, en partenariat ou non avec des marques (Horween, Pentleton, Victor Glemaud). Il existe enfin une déclinaison de bracelet pour le sport, qui est annoncé comme plus respirant.
Un écran, plusieurs affichages possibles
L’écran s’appuie sur la technologie AMOLED (active-matrix organic light-emitting diode, soit matrice active à diodes électroluminescentes organiques), désormais courante dans le monde des smartphones. Il bénéficie en outre d’un traitement pour renforcer le verre (Corning Gorilla Glass de troisième génération, datant de 2013, mais il y en a eu six autres depuis). Une protection bienvenue : on ne compte plus les fois où l’on a heurté l’écran contre des rebords, sans toutefois ne jamais l’esquinter.
L’écran peut être réveillé de deux façons différentes : soit « bouton » seulement, c’est-à-dire un tapotage sur l’écran, soit « bouton et mouvement du bras ». Pour détecter ce dernier, la montre mobilise en fait l’accéléromètre et le gyroscope pour savoir s’il s’agit du mouvement de bras classique que l’on effectue pour consulter sa montre. Cependant, cela nous a joué des tours parfois : en étant allongé dans un lit, la montre n’arrivait pas à reconnaître la trajectoire du bras.
De base, l’affichage de la Fitbit Sense est temporaire. Quand vous ne vous en servez pas, l’écran s’éteint et ne se réveille qu’à votre commande ou s’il détecte un geste adéquat. Mais si vous ne voulez pas avoir un carré noir au poignet, vous pouvez opter pour le mode affichage permanent. L’écran reste alors allumé avec un affichage à basse consommation d’énergie — qui ne montre que l’heure — afin de ne pas trop nuire à l’autonomie. Il est en outre possible de jouer sur le niveau de luminosité.
Pour naviguer dans les rubriques de la montre, c’est donc à des mouvements de doigt sur l’écran qu’il faut s’en remettre, faute de Digital Crown. La navigation est globalement fluide, même si on sent que le système embarqué connaît de très légers ralentissements, heureusement presque imperceptibles, quand on fait défiler les menus rapidement du bout du doigt. Rien de bien embêtant, même si l’appareil pourrait gagner en fluidité. L’arborescence, par contre, nous est apparue un peu difficile à appréhender au début, car des sous-rubriques existent en nombre.
Tout l’attirail pour suivre son bien-être et sa santé
C’est tout l’intérêt des montres connectées : proposer des services qui vont au-delà du simple affichage de l’horaire — sinon, une simple montre suffirait, ou bien le smartphone. En la matière, la Fitbit Sense ne lésine pas sur l’offre : suivi de la saturation en oxygène (SpO2), capteur de température cutanée au poignet, évaluation du sommeil, fréquence respiratoire, surveillance du rythme cardiaque et même électrocardiogramme (ECG) pour repérer des irrégularités éventuelles.
Confinement oblige, il a été difficile d’éprouver dans la durée la Fitbit Sense dans un contexte de sport. Pour les quelques sessions de course à pied que l’on a pu faire, ainsi que les voies d’escalade que l’on a explorées, la montre s’est montrée opérationnelle et jamais gênante. Elle a même détecté toute seule les séances de jogging. Nous n’avons pas pu par contre la tester dans un dernier environnement, à savoir les sports de combat, car les règles de sécurité nécessitent de retirer tout accessoire. Mais ce n’est pas si grave : après une séance, on sait de toute façon que notre cardio a été mis sens dessus dessous. Pas besoin d’une montre pour ça.
Après deux mois de test, il faut toutefois bien admettre un changement d’attitude à l’égard de la Sense : si les premières semaines, il était très divertissant de découvrir ici le nombre de pas effectués dans la journée, là notre fréquence cardiaque, ou l’évolution de notre température au cours de la nuit dernière, la vie quotidienne finit par nous rattraper et nous détourne du suivi jusqu’ici quotidien que l’on avait de toutes nos caractéristiques physiologiques — même si Fitbit nous envoie quand même un mail récapitulatif chaque semaine pour savoir où l’on en est.
Aujourd’hui, ce que l’on continue de suivre avec une certaine attention, c’est la qualité du sommeil — est-ce que l’on a dormi suffisamment ? Comment la nuit s’est-elle passée ? Les horaires de coucher ou de lever ont-ils bougé ? Est-ce que le nouveau matelas que l’on a acheté a une vraie incidence ou pas tant que ça ? Ou bien y a-t-il des facteurs exogènes qui ont une influence néfaste ? Ce désintérêt pour les autres variables s’explique aussi par le fait que, une fois que l’on a constaté la stabilité des courbes, et que l’on est bien dans les normes, il n’y a moins de raison de s’en faire. Tout roule.
Mesure du stress, service exclusif de la Fitbit Sense
La particularité de Sense, c’est la présence d’un capteur EDA (acronyme pour activité électrodermale, ou ElectroDermal Activity en anglais), qui sert à mesurer le stress. C’est d’ailleurs une fonctionnalité unique, car son constructeur a affirmé, au moment de sa présentation, que la montre était la seule du genre à embarquer un tel dispositif. Même l’Apple Watch, qui pourtant ne lésine pas sur ses efforts pour se dire à la pointe de la technologie, n’en propose pas. En tout cas, pas encore.
Fitbit est prudent sur la manière dont il présente cette fonctionnalité : la mesure « peut être une indication de la façon dont votre corps réagit au stress », en captant l’activité électrique à la surface de la peau. Toutefois, celle-ci peut varier du fait d’autres circonstances comme le mouvement, le bruit ou encore le changement de température. Fitbit explique inclure d’autres données pour affiner son bilan de stress, afin d’éviter faux positifs négatifs et qui pourraient s’avérer inutilement préoccupants.
Fitbit ne manque pas de faire savoir que son détecteur a été mis au point par ses équipes en tenant compte des conseils d’experts médicaux issus d’institutions académiques. Une manière pour la marque de donner une assise médicale à cette nouvelle fonctionnalité et ainsi d’éviter les accusations qui pourraient lui rétorquer que tout cela semble très accessoire et manque de fiabilité. Outre la mesure elle-même, l’application contient aussi des conseils pour s’apaiser, avec un travail sur la respiration et une consignation de son ressenti immédiat.
Il est à noter que l’analyse du niveau de stress ne se fait pas en continu, comme le rythme cardiaque : pour effectuer une mesure à un instant t, il faut placer la paume de sa main sur la face avant de l’appareil, afin que le capteur EDA puisse scanner l’activité électrodermale. Ce choix de design se heurte toutefois à une réalité : si au début on mesure consciencieusement notre stress, il s’avère qu’au bout d’un certain temps, vie quotidienne oblige, on ne prend plus trop le temps de voir si ça va.
En conclusion
Le verdict
Sense
On a aimé
- Un cadran au design soigné et élégant
- Une autonomie satisfaisante
- Un paquet de mesures en tout genre
On a moins aimé
- Un bracelet de base inesthétique
- Des mesures qui paraissent anecdotiques
- Quelques ralentissements à l'écran
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