Google a ces dernières années eu plusieurs idées pour proposer un accès à Internet. L’entreprise a proposé dès 2010 un service Google Fiber, pour déployer de la fibre optique aux USA (mais le projet est suspendu depuis 2016). En 2013, la firme de Mountain View a lancé le projet Google Loon, qui se sert de ballons stratosphériques pour acheminer des liaisons sur de grandes distances.
Et aujourd’hui, c’est le projet Taara que le groupe américain entend mettre en avant.
Sur le site de son laboratoire dédié aux projets à l’avenir incertain (Wing pour la livraison par drone, Loon, Waymo pour la conduite autonome, Verily dans le domaine de la santé, Glass pour les lunettes connectées, Chronicle pour la cybersécurité ou encore Brain dans l’intelligence artificielle), une nouvelle initiative est présentée. Comme Loon et Fiber, elle concerne la connexion à Internet.
Le projet Taara pour apporter de la fibre optique « sans fil »
Concrètement, l’idée avec Taara est d’apporter les débits que propose couramment la fibre optique dans des régions mal desservies par les infrastructures de télécommunications, mais sans fibre optique. Comment ? En installant des pylônes qui communiqueraient entre eux grâce à des faisceaux de lumière invisibles à l’œil nu. Comme la fibre optique, donc, qui utilise aussi la lumière pour véhiculer des données.
Concrètement, Taara s’adresse avant tout aux pays les moins bien équipés en télécoms. Dans une image animée, Google imagine par exemple le scénario où un premier pylône situé dans une grande ville enverrait son faisceau lumineux jusqu’à un autre pylône, qui se trouverait dans un village. Ce pylône émettrait ensuite des ondes pour fournir une liaison sans fil à tous les appareils à portée.
« C’est comme la fibre, mais sans les câbles », résume Alphabet, la maison-mère de Google. « Taara utilise la lumière pour transmettre des informations à très grande vitesse dans l’air sous la forme d’un faisceau très étroit et invisible. » En théorie, cette approche permet de couvrir des distances de plus de 20 kilomètres (si le temps est dégagé) et d’apporter des débits jusqu’à 100 Gbit/s.
Couramment, il faudra plutôt s’attendre à un débit de 20 Gbit/s, à lire Google : « Avec une ligne de vue dégagée, ces communications peuvent transmettre des données sans fil à des débits élevés allant jusqu’à 20 Gbit/s ». C’est suffisant pour que des milliers d’internautes regardent YouTube en même temps. Et cela est une solution pour étendre le réseau de fibre optique dans les ultimes kilomètres à raccorder.
« C’est comme la fibre, mais sans les câbles »
La technologie dont se sert Google n’est pas nouvelle. On l’appelle communication optique en espace libre (Free-space optical communication ou FSOC). Ses racines remontent à 1880, avec la technique de téléphonie optique inventée par Alexander Graham Bell, qui a été baptisée photophone. À l’époque, on se servait de miroir et la portée n’excédait pas 200 mètres.
Quant à l’idée de connecter les pylônes entre eux, ce n’est pas non plus quelque chose de révolutionnaire. Comme le rappelle le régulateur français des télécoms, il y a des sites mobiles qui sont reliés aux réseaux des opérateurs par des liens en fibre optique, mais aussi par des liens sans fil (qu’on appelle « faisceaux hertziens ») et parfois même par une liaison satellitaire.
Un projet en gestation depuis quelques années
Quoiqu’il en soit, Google trouve que cette piste est prometteuse. L’entreprise l’avait déjà mentionnée en décembre 2017, mais elle ne s’appelait pas encore Taara, juste projet FSOC. Presque trois ans plus tard, la société s’est fendue le 10 novembre d’un article de blog pour évoquer son partenariat avec Econet, l’opérateur Liquid Telecom, mais aussi et surtout le déploiement annoncé au Kenya.
Taara « aidera à fournir une connectivité à haut débit dans les endroits où il est difficile de poser des câbles en fibre optique, ou lorsque le déploiement de la fibre optique pourrait être trop coûteux ou dangereux — par exemple au-dessus des rivières, à travers les parcs nationaux, ou dans les zones post-conflit », détaille Mahesh Krishnaswamy, qui a la charge du projet.
Des bénéfices en termes de coût sont donc à attendre, puisque les travaux seront moins importants et peuvent profiter par ailleurs de certaines infrastructures déjà en place (les antennes-relais pour les liaisons mobiles par exemple). L’empreinte au sol devrait aussi être moindre, car il ne sera pas nécessaire de creuser par exemple une tranchée pour y enfouir un câble de fibre optique.
Les communications optiques en champ libre, bien qu’encourageantes, doivent aussi faire avec des contraintes : il faut que les dispositifs aient une vue directe entre eux pour communiquer. Ensuite, la météo peut nuire à la qualité des liaisons, comme la pluie, la neige ou le brouillard. Si la première contrainte est aisée à contourner en s’installant sur les points hauts, il sera plus difficile de contrer les caprices du temps.
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