Le 10 novembre sera un jour dont l’histoire de l’informatique se rappellera : Apple a commencé sa transition des processeurs Intel vers des processeurs maison basés sur une architecture ARM. Pour Intel, c’est un coup dur, puisque le géant américain perd l’un de ses plus gros clients, qui part en pointant du doigt des processeurs qui n’évoluent pas assez. Et cette stagnation du côté d’Intel a fait émerger avec Apple un concurrent encore plus dangereux qu’AMD, maîtrisant son sujet sur les processeurs mobiles depuis plusieurs années. Son arrivée sur le marché des ordinateurs n’est pas un bon signe.
Car si l’on en croit l’analyse détaillée des experts d’Anandtech, les déclarations d’Apple au soir du 10 novembre au sujet des processeurs M1 ne sont pas du bullshit marketing. En travaillant sur la puce A14 déjà présente dans les derniers iPhone et en l’adaptant à une intégration dans des ordinateurs, Apple a techniquement toutes les armes techniques pour réaliser tout ce qu’il a annoncé le 10 novembre. Le processeur M1 serait donc bien plus puissant, moins consommateur d’énergie et plus polyvalent que les processeurs Intel qu’il remplace.
Mais la conférence du 10 novembre, très généreuse côté technique, était peut-être moins accessible au grand public. Une question reste particulièrement en suspens : en pratique, qu’est-ce que le passage d’Intel aux puces Apple Silicon M1 change pour un utilisateur ?
Les logiciels Mac fonctionneront-ils sur les Mac équipés de puces M1 ?
La première question légitime est la suivante : si on change complètement d’architecture, est-ce que les logiciels disponibles sur Mac vont continuer à fonctionner ? La réponse d’Apple est positive. Le géant de Cupertino a deux manières de garantir que la transition vers sa puce M1 ne posera aucun souci de compatibilité pour les utilisateurs.
- La création d’applications universelles par des développeurs partenaires est évidemment encouragée. Cela signifie que si vous possédez un logiciel sur votre Mac actuel et qu’elle est convertie en « application universelle », c’est cette version qui vous sera proposée sur votre Mac équipé d’une puce M1. Côté professionnels, Adobe a par exemple annoncé des versions « M1 » de ses logiciels, en commençant par Lightroom et Photoshop. Évidemment, tous les logiciels Apple, des plus simples (Messages, FaceTime…) aux plus complexes (Final Cut, Logic Pro, X Code…) sont ou seront rapidement des applications universelles, conçues pour les processeurs M1.
- Dans le cas où un développeur n’a pas les ressources pour convertir son logiciel vers l’architecture M1 tout de suite, Apple a créé un outil d’émulation nommé Rosetta 2. Pour le dire simplement, il va simuler un processeur x86 (comme ceux d’Intel) et exécuter le logiciel quand même. Apple affirme que dans ses tests, la puissance allouée à l’émulation est anecdotique : les logiciels non convertis en applications universelles tournent parfois plus vite avec le processeur M1 qu’avec un processeur Intel.
En bref, côté logiciels, vous ne devriez voir aucune différence à l’usage entre un Mac M1 et un Mac Intel — même les opérations d’émulations se font en arrière-plan, sans que vous ayez à faire quoi que ce soit. C’est la condition pour que la transition se passe bien pour les utilisateurs : ne pas perdre de logiciels. Nous vérifierons bien entendu cette promesse en pratique lors de notre test.
Deux catégories très spécifiques d’instructions ne pourront pas d’être traduites automatiquement : les extensions kernel et les logiciels de virtualisation. Cette limite ne concerne pas vraiment le grand public et les ordinateurs actuellement commercialisés avec puce M1 ne sont pas les plus adaptés à ces usages.
Les applications iOS seront-elles disponibles sur Mac ?
Si vous êtes hermétiques au jargon technique, retenez tout de même une chose : en utilisant un processeur Apple Silicon, Apple a unifié matériellement ses MacBook et Mac mini avec ses autres produits (iPhone, iPad, mais aussi Apple TV, Apple Watch et HomePod). Cela signifie en théorie que les applications sur votre iPhone peuvent être exécutées sur votre MacBook avec un processeur M1. Le processeur conçu par Apple est en effet capable d’exécuter les mêmes applications qu’un processeur d’iPhone.
Dès lors, on peut s’attendre à avoir beaucoup plus d’applications disponibles sur l’App Store du Mac. Cela dépendra des développeurs, qui pourront choisir de rendre leurs applications iOS disponibles ou non sur le Mac App Store, mais Apple semble optimiste : pourquoi se couper d’un marché, de nouveaux usages et d’une continuité de l’expérience entre les appareils ?
Apple envisage en tout cas la transition sereinement et affirme que des applications seront disponibles dès le lancement des nouvelles machines, prévu pour le 18 novembre 2020.
Quels sont les avantages du processeur M1 ?
Le M1 que l’on trouve dans les MacBook Pro, MacBook Air et Mac mini est le même « SoC » (System On Chip), dénomination qui caractérise un ensemble de composants (processeur, RAM, processeur graphique, puce liée à la sécurité, puce dédiée au machine learning…). La seule différence entre les M1 se trouve dans le MacBook Air entrée de gamme : il est le seul à avoir une puce graphique (GPU) à 7 cœurs au lieu de 8.
Les trois principales caractéristiques que vous constaterez à l’usage sont la vitesse d’exécution, l’autonomie de votre Mac et le silence en utilisation. La vitesse est liée à une maîtrise complète par Apple du matériel et du logiciel, comme sur iPhone. L’autonomie des Mac (annoncée à 17h pour le MacBook Air et 20h pour le MacBook Pro) vient de la capacité des puces M1 à utiliser des cœurs peu puissants et peu consommateurs pour les tâches courantes. Le silence est la conséquence des deux premiers points : une meilleure gestion de l’énergie demande moins de refroidissement.
Le MacBook Pro est-il plus puissant que le MacBook Air ?
Dès lors, comment expliquer qu’un MacBook Pro ou un Mac mini pourront exécuter plus rapidement des tâches lourdes qu’un MacBook Air ? Apple confirme que le M1 présent dans un MacBook Pro ou le Mac mini n’est pas une version « surcadencée » du M1 présent dans le MacBook Air. Mais les deux ordinateurs les plus puissants ont un avantage : un système de refroidissement actif par ventilation.
Dès lors, le résultat est très simple à comprendre : plus une puce est sollicitée par des applications, plus elle fait de calculs et monte en fréquence et plus elle chauffe. Comme une puce est conçue pour ne pas griller (heureusement), sa puissance maximale et sa capacité à être à puissance maximale dans la durée sont subordonnées à sa capacité à être refroidie. Dans le MacBook Pro et le Mac mini, la ventilation active permet au processeur M1 d’être sollicité à pleine puissance sans limites. Dans le MacBook Air, le fait qu’il n’y ait aucun ventilateur contraint la puce à limiter ses « pics d’utilisation » ou à lisser sa puissance.
Pour donner un exemple, imaginons un clic sur un logiciel : la puce M1 va passer à 100 % de sa puissance disponible pour donner l’ordre au disque de le lancer le plus vite possible, pendant une très courte durée. Un MacBook Air et un MacBook Pro devraient être à égalité. Mais si l’on prend un export d’un fichier vidéo qui est une opération longue, le MacBook Air va devoir limiter la puissance disponible pour cette tâche, afin que la puce ne surchauffe pas. Le MacBook Pro va pouvoir activer ses ventilateurs et garder la puce à 100 % sur la durée.
Apple affirme cela dit que toutes les tâches d’un MacBook Air seront exécutées plus rapidement avec un processeur M1 qu’avec un processeur Intel — de la compilation de code à l’export d’une vidéo en passant par le rendu d’une photo.
Vous l’aurez compris en tout cas : le MacBook Air, sans ventilateur, sera parfaitement silencieux. Une machine idéale pour les particuliers et les professionnels qui n’ont pas des tâches lourdes dans leurs métiers.
Un nouveau clavier
Qui dit rapprochement avec iOS et nouvelles fonctions mises en avant dit nouveau clavier. Les changements sur le Magic Keyboard sont peu nombreux, mais assez notables pour être remarqués. Nous leur avons dédié un article complet.
Des Mac moins cher
Pour marquer le coup et comme Apple ne doit plus payer à Intel ses processeurs, les Mac sous processeur Apple Silicon M1 baissent de prix. On se doute que mutualiser des chaînes de production et faire ses propres composants permet à Apple d’économiser beaucoup plus que la baisse de prix, mais pour le client, c’est toujours quelques euros de gagnés.
Les MacBook Air M1 débutent à 1 129 € avec une excellente option à 1 399 € (plus de stockage, meilleur GPU). Les MacBook Pro coûtent désormais 1 449 € en prix plancher. Les Mac mini, enfin, démarrent à 799 €.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !