Pour la deuxième fois depuis la création de l’App Store, Apple module la commission sur les ventes prélevées aux développeurs en échange des services. Elle passe à 15 % au lieu de 30 % pour les développeurs générant moins d’un million de dollars de chiffre d’affaires annuel.

Le 18 novembre 2020, Apple a annoncé un nouveau programme pour les développeurs qui publient des applications sur l’App Store. Nommé « Small Business Program », il concerne tous les développeurs réalisant moins d’un million de dollars de chiffre d’affaires sur l’App Store pendant une année calendaire. La seule différence avec le programme classique est de taille : la commission prélevée par Apple sur les ventes d’applications ou de paiement in-app passe à 15 % au lieu des 30 %, standards dans l’industrie et pratiqués par Apple.

Nouveau programme, mêmes avantages

Ce programme sera lancé le premier janvier 2021 et les développeurs concernés pourront y entrer en fonction de leur chiffre d’affaires sur l’App Store de 2020. Le passage de l’un à l’autre des programmes est particulièrement flexible : faire une année record dépassant le seuil fera passer un développeur dans le programme classique, mais si ses revenus baissent l’année suivante, il retournera dans le programme Small Business.

Ce sont les revenus de l’année écoulée qui font passer un développeur sur un seuil ou un autre : avoir gagné par exemple 900 000 dollars en revenus App Store en 2020 permettra au développeur de commencer 2021 avec une commission de 15 % sur ses ventes. S’il dépasse un million de dollars au cours de l’année, la commission des 30 % s’appliquera à toutes les ventes réalisées jusqu’à la fin de l’année. De la même manière, si son chiffre d’affaires baisse de nouveau, il retournera à 15 % l’année suivante.

Au-delà de cas limites problématiques (quid du développeur gagnant 1 million et 1 dollar ?) qui seront peut-être pris en compte par Apple doit encore préciser des modalités dans le courant du mois de décembre, le programme allègera sans nul doute tous les studios de développement qui sont bien au-dessous de ces seuils. L’idée derrière ce programme n’est d’ailleurs pas tant d’arranger les développeurs qui sont proches du million de dollars de revenus, que de faciliter l’arrivée de nouveaux développeurs qui n’ont pas encore les reins solides.

En somme, c’est aussi une manière de répondre à la critique qui dit que l’App Store est un frein à l’innovation : les premiers mois d’existence d’une application permettront aux développeurs de toucher une plus grande partie de l’argent généré sur l’App Store et de s’assurer un avenir plus sereinement.

C'est l'App Store qui concentre une bonne part des critiques de la coalition des applications. // Source : Pixabay

C'est l'App Store qui concentre une bonne part des critiques de la coalition des applications.

Source : Pixabay

Il faut également noter deux choses sur ce programme. D’une part, la baisse de la commission Apple est appliquée sur les revenus éligibles générés dans l’App Store. Cela signifie qu’une multinationale au chiffre d’affaires en centaines de millions de dollars peut être éligible si elle lance une petite activité sur l’App Store qui génère moins d’un million de dollars. D’autre part, il faut savoir que le seuil est calculé en dollar : Apple va utiliser ses outils de conversion des devises classiques pour harmoniser les différentes monnaies. Dès lors, pour un développeur ne vendant par exemple qu’en France, le seuil sera atteint autour de 850 000 € de chiffre d’affaires, au taux actuel du dollar.

Les développeurs qui entreront dans ce nouveau programme auront accès à tous les outils disponibles dans le programme classique : API Apple, diffusion sur les App Store à l’international, gestion sécurisée des paiements, programme de mise à jour, etc. Difficile de projeter en revanche quelle sera la part de revenus reversée en plus par Apple une fois ce modèle mis en place : d’après les chiffres de l’entreprise, 85 % des applications sur l’App Store ne sont pas concernées par la commission Apple (soit parce qu’elles sont gratuites, soit parce qu’elles vendent des biens physiques, soit parce qu’elles proposent d’autres types de transactions numériques). Le Small Business Program concerne donc qu’une partie des 15 % d’applications concernées.

Des mesures suffisantes pour calmer la fronde contre ces taux de commission, critiqués notamment par Epic et Spotify ? Pas sûr : les deux géants du numérique profitent déjà assez largement du service d’Apple pour générer des millions d’euros.

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