C’est depuis le 18 novembre que les opérateurs télécoms ont l’autorisation d’exploiter les fréquences dédiées à la 5G. Un premier opérateur s’est déjà lancé : il s’agit de SFR, à Nice. Les autres préfèrent pour l’instant patienter jusqu’au moment qui leur semblera opportun pour dévoiler leur jeu. Ce ne sont d’ailleurs pas les seuls à temporiser : la ville de Paris aussi retarde l’arrivée de l’ultra haut débit mobile.
Selon les informations du Journal du dimanche, la capitale est suspendue à la tenue d’une conférence citoyenne qui doit permettre au public de prendre la parole — ce débat a été voté par le conseil de Paris début octobre, quelques jours après la fin de la phase principale de la procédure d’attribution des fréquences 5G, à travers des enchères qui ont se départager Orange, SFR, Free Mobile et Bouygues Telecom.
Une conférence citoyenne et une charte
Dans ces conditions, aucune ouverture de réseau commercial à Paris n’est prévue pour la 5G, avant le 7 décembre. Le journaliste Arnaud Tousch signale que l’allumage des réseaux 5G dans la capitale est conditionné par la mise à jour d’une charte de la téléphonie mobile qui est négociée depuis 2003 avec les opérateurs télécoms pour « maîtriser l’évolution de l’exposition aux ondes électromagnétiques ».
Mais ce n’est pas le seul facteur. Outre le fait que les opérateurs ont dû patienter un mois après le 20 octobre — délai incompressible — dans le cadre du dépôt de leurs demandes d’autorisations techniques, le président du régulateur des télécoms faisait observer au début du mois de novembre qu’ils devaient aussi prévenir un mois à l’avance les mairies de l’usage de nouvelles fréquences.
L’impossibilité, pour au moins les deux prochaines semaines, de déployer la 5G à Paris est une contrariété pour les opérateurs, car la ville, du fait de sa densité, de sa population et de son dynamisme, représente un vivier clé pour couvrir rapidement et facilement près de 2,2 millions d’individus — sans parler de toutes les personnes qui se rendent dans la ville pour y travailler ou la visiter.
Les maires n’ont pas le pouvoir d’empêcher l’arrivée d’une technologie sur leur territoire, car cela ne relève pas de leurs prérogatives. Les édiles peuvent néanmoins perturber le calendrier. « La mairie retient les autorisations alors que tous les opérateurs ont rempli les dossiers d’informations », relève ainsi Arnaud Tousch, en conditionnant le feu vert à la soumission cette charte renouvelée sur l’exposition.
Le consensus scientifique n’a pas établi l’existence d’un risque sanitaire avéré pour la santé humaine du fait des ondes, quand elles respectent les normes. Un rapport sur les aspects techniques et sanitaires du déploiement de la 5G remis au gouvernement en septembre a rappelé ce constat. Cependant, un autre rapport sanitaire remis par une autre agence de l’État, l’Anses, est attendu pour début 2021.
Pour dissiper les craintes sur la 5G, plusieurs mesures ont été prises. Outre le rappel de l’état actuel des connaissances scientifiques pointant l’innocuité des ondes, des stations expérimentales ont été déployées pour tester l’ultra haut débit, mais aussi mesurer leurs effets. Plus récemment, le secrétaire d’État chargé du numérique a promis une hausse des contrôles pour les smartphones et des antennes.
C’est dans ce contexte que le régulateur des télécoms a invité les opérateurs à ne pas bousculer les maires, car cela ne ferait que creuser le fossé avec une partie du public.« S’ils n’ont pas besoin de l’autorisation du maire », a noté l’intéressé, « ce serait vraiment de bon aloi que les opérateurs respectent ces concertations et ne passent pas en force ». En clair, il faut laisser le temps à la démocratie locale.
Des capteurs d’exposition sont en place à Paris
En attendant que cette conférence citoyenne arrive à son terme, l’Agence nationale des fréquences a fait savoir le 20 novembre qu’elle a mis en place trois capteurs dans le huitième arrondissement de Paris afin de surveiller justement l’évolution de l’exposition. Cette installation a été réalisée en coopération avec la ville de Paris et elle doit permettre de nourrir les réflexions sur l’ultra haut débit mobile.
« Ils sont implantés en hauteur et placés à environ 100 mètres d’une antenne qui devrait être prochainement activée en 5G. Des mesures sont réalisées périodiquement, sur une durée de 6 minutes, à différents moments de la journée et de la nuit. Afin de détecter les fluctuations d’exposition, ces capteurs mesurent les niveaux d’exposition toutes les 2 heures environ », décrit l’Agence.
Des dispositifs similaires ont déjà été installés ce printemps à Marseille et à Nantes. Ceux déployés à Paris sont actifs depuis le 13 novembre. Les données que ces capteurs recueillent une dizaine de fois par jour peuvent être consultées sur le site dédié. Il est à noter que ces appareils ne se limitent pas à la 5G. Ils ratissent large, dans les bandes allant de 80 MHz à 6 GHz, ce qui inclut le Wi-Fi, la TNT ou encore la radio.
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