Depuis ce printemps, Twitter s’emploie à réduire la propagation de tweets contenant des informations discutables, voire trompeuses.
Le réseau social américain a en particulier pris des mesures contre les photos et vidéos manipulées (notamment les « deepfakes »), les propos liant la 5G et le covid-19 et pouvant aboutir à des dégradations d’installations télécoms, les déclarations sur le coronavirus ne reposant pas sur le consensus scientifique ou encore celles mettant en cause l’intégrité des élections — un motif qui concerne surtout les États-Unis.
Twitter agit sur les « likes » douteux
Cet effort se poursuit, avec l’annonce, le 24 novembre, d’un changement : désormais, si un membre du site communautaire « like » un tweet controversé (mais qui n’est pas jugé assez grave pour justifier sa suppression séance tenante), alors Twitter fera d’abord apparaître un encart d’avertissement pour expliquer que le message auquel vous voulez manifester votre approbation est discutable.
« Il est essentiel de mettre en contexte les raisons pour lesquelles un Tweet étiqueté est trompeur […]. Ces alertes ont permis de réduire de 29 % les citations d’informations trompeuses sur les tweets. Nous les élargissons donc pour prévenir quand vous aimez un tweet de ce genre », explique le réseau social. Un lien figurera dans le message afin que l’internaute puisse comprendre les raisons de ce marquage.
« Il est essentiel de mettre en contexte les raisons pour lesquelles un Tweet étiqueté est trompeur »
Cette disposition vise à réduire la viralité de tweets mensongers ou aux affirmations qui sont invérifiables, sans pour autant les empêcher d’exister, s’ils ne vont pas trop loin. En effet, de la même façon qu’il est possible de voir par exemple l’un de ses abonnés faire un retweet d’un message, il est possible de voir quand un tweet est « aimé » par un internaute que l’on suit, ce qui peut lui faire gagner en visibilité.
La liberté d’expression, oui, la viralité, non
C’est une ligne de crête difficile pour Twitter, qui doit à la fois faire en sorte de préserver la liberté d’expression, sans pour autant permettre la diffusion de propos qui pourraient avoir des conséquences graves, notamment sur le plan sanitaire. Comme le relevait justement Wired en 2018 « free speech is not the same as free reach » (la liberté d’expression, ce n’est pas le droit d’avoir accès à une vaste audience).
D’après Twitter, ces mises en garde, déjà en place pour les retweets, ont permis de réduire de 29 % la citation de tweets douteux, ce qui est significatif. C’est pourquoi le site s’est décidé à l’étendre aux « likes ».
En juin, Twitter avait aussi testé le déclenchement d’une fenêtre de validation si vous partagez un article sans l’avoir ouvert dans l’application, et donc peut-être sans l’avoir lu. Et fin octobre, d’autres changements étaient introduits pour vous inviter à commenter ce que vous partagez, plutôt que de le partager aveuglément. Cette invitation à commentaire est toutefois facultative.
Les changements apportés aux « likes », qui sont donc en cours de déploiement, au niveau de la conception de l’interface risquent néanmoins de se heurter à une autre réalité : celle de l’expérience utilisateur.
Il s’avère que les « likes » sont aussi utilisés comme des favoris par les membres du réseau social, pour garder un message de côté afin d’y revenir plus tard. Certes, Twitter propose bien un système de signets, mais il est moins intuitif et accessible que le « like », qui est juste sous le tweet (le signet nécessite une action en plus et est niché dans un sous-menu, ce qui requiert de savoir déjà où il se trouve).
L’évolution annoncée par Twitter pourrait rendre l’usage du « like » moins agréable, sauf à supposer que Twitter procède dans la foulée à une retouche de son interface. Cela étant, il faut bien noter que ces alertes ne viseront que les tweets signalés comme suspects — et heureusement, ceux-ci ne sont qu’une fraction finalement assez minimes de l’ensemble des messages qui circulent sur la plateforme.
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