15 901. Voilà, sur le papier, le nombre de sites autorisés en France à émettre dans la 5G. Mais dans les faits, les installations télécoms qui sont véritablement en fonctionnement en ultra haut débit sont nettement moins nombreuses. Elles ne se trouvent d’ailleurs qu’à Nice, car il s’agit de la seule commune en France qui est actuellement desservie en ultra haut débit mobile, par SFR.
C’est l’Agence nationale des fréquences (ANFR), dont les missions incluent la gestion des bandes de fréquences (c’est sur elles que circulent les télécommunications mobiles) et le suivi des implantations des stations au sol, qui a communiqué ce nombre. Il regroupe les demandes formulées par les quatre opérateurs (Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free Mobile) qui ont obtenu un feu vert.
À cette occasion, l’ANFR a partagé une carte donnant une idée approximative de la zone où sont installées ces infrastructures, en précisant que les 40 communes de plus de 100 000 habitants sont toutes concernées par cette première vague d’autorisations. Par ailleurs, 6 866 communes de plus petite envergure sont aussi concernées par cette première vague de sites 5G autorisés.
Il devra y en aura bien d’autres pour atteindre les 100 % de couverture, dans la mesure où, pour certaines villes, l’autorisation n’inclut qu’un seul site 5G, ce qui sera parfois insuffisant pour desservir tout le territoire. En effet, les signaux ont une portée limitée, plus ou moins forte selon les fréquences utilisées, mais aussi selon les obstacles qui peuvent obstruer leur propagation, comme des immeubles en ville.
Ainsi, la bande 3,5 GHz à une portée moyenne de 400m en ville, mais de 1,2 km en zone rurale. Une telle portée pourrait sans doute être accrue, mais il faudrait pour cela pousser l’intensité de l’émission de chaque antenne, ce qui serait de nature à provoquer une levée de boucliers. Ainsi, paradoxalement, si on veut limiter la puissance des antennes, tout en tenant des objectifs de couverture, il faut en installer plus.
À titre indicatif, le déploiement de la 4G, qui a commencé au début des années 2010, a donné lieu à plus de 54 300 sites 4G autorisés en date du 1er novembre, dont un peu moins de 49 000 sont en service (sur cinq bandes de fréquences: 700 MHz, 800 MHz, 1800 MHz, 2,1 GHz et 2,6 GHz). Et ce chantier n’est même pas encore terminé : les ultimes trous de couverture seront comblés en 2022.
Une carte qui n’indique pas les sites 5G actifs
Il est important de noter que la carte partagée par l’ANFR ne montre pas les territoires qui sont actuellement desservis en 5G. Pour le dire autrement, les sites 5G autorisés ne sont pas nécessairement des sites 5G actifs. La preuve : un seul opérateur en France a ouvert son réseau. Il s’agit de SFR, et seulement à Nice. Bouygues prévoit de le faire le 1er décembre et Orange le 3, dans un nombre limité de villes.
D’ailleurs, l’ANFR en fait la remarque dans son communiqué : « Le fait que ces sites soient autorisés ne signifie pas qu’ils sont déjà en service. Les opérateurs mobiles décident de la date d’activation des sites autorisés et indiquent à l’ANFR la date de mise en service de chaque site ». Pour certains de ces sites, la 5G ne sera active que dans plusieurs années et non pas à la date à laquelle l’autorisation a été délivrée.
Autre subtilité à relever : la carte n’agrège pas seulement les sites 5G utilisant la bande 3,5 GHz, qui est actuellement la seule bande autorisée à servir dans l’ultra haut débit mobile. Elle ajoute aussi deux futures bandes, qui sont actuellement pour faire de la 4G, à savoir les fréquences 700 MHz et 2,1 GHz. Or, concernant la bande 3,5 GHz, le nombre de sites 5G autorisés est bien moins spectaculaire : à peine 1 092 sites.
À l’heure actuelle, la 5G n’est opérationnelle que sur la bande 3,5 GHz. À moyen et long terme, d’autres fréquences devraient aussi être mobilisées en faveur de l’ultra haut débit mobile. C’est le cas des bandes 700 MHz et 26 GHz, qui seront vraisemblablement les prochaines à servir. D’autres fréquences sont aussi envisagées, notamment toutes celles qui servent à la 2G, 3G et la 4G.
En termes de portée, la bande 700 MHz couvre un rayon de 2 km en zone urbaine et de 8 km en zone rurale. Cette distance importante a fait que cette bande a été surnommée « bande en or », afin de couvrir rapidement les campagnes sans multiplier les installations. Quant à la bande 26 GHz, qui est à l’étude et envisagée à long terme pour la 5G, elle a une portée très réduite : 150 m en moyenne.
Il faudra des années pour concrétiser sur le terrain ce que montre cette carte de l’ANFR sur la 5G. D’abord, d’importants travaux de génie civil seront requis pour déployer les stations adéquates. Ensuite, les opérateurs devront aussi faire face à la réticence, ici d’un maire, là de collectifs citoyens, à l’égard de cette nouvelle génération de télécoms. Un observatoire du déploiement est prévu, à des fins de transparence.
Pour qui est intime avec l’actualité des télécoms, ces mises en garde peuvent sans doute paraître superfétatoires. Mais compte tenu de la sensibilité du public au sujet de la 5G, qui a donné lieu à des rumeurs, des tromperies et des théories du complot (il a par exemple été avancé que « des décisions ont été prises lors de l’état d’urgence pour généraliser la 5G », ce qui est faux), ces précisions sont nécessaires.
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