Les lauréats ont été choisis le 3 décembre : pour le premier trimestre 2021, les moteurs de recherche alternatifs qui seront proposés en France, en plus de Google, au moment du premier lancement du système d’exploitation Android sont Bing (le moteur de recherche de Microsoft), Info.com et PrivacyWall. Trois moteurs de recherche américains, donc, au grand dam des solutions européennes, et françaises.
Ces trois moteurs de recherche sont d’ailleurs ceux qui raflent quasiment toutes les places disponibles. Info.com a obtenu les 31 emplacements qu’il pouvait décrocher. Privacy Wall a fait presque aussi bien, avec une présence dans 27 pays. Bing est le plus modeste des trois, malgré la puissance financière de Microsoft, car il n’a décroché que 11 créneaux — mais rien ne dit qu’il concourrait ailleurs.
Et les autres ? C’est GMX, un moteur de recherche allemand, qui s’en sort le mieux, car il a obtenu 17 places. Yandex, d’origine russe, s’en tire aussi convenablement, car il repart avec 8 emplacements. Quant aux quatre autres participants, ils n’ont pu sécuriser qu’une seule position : il s’agit de DuckDuckGo (en Belgique), Seznam (en République tchèque), Qwant (au Luxembourg) et Ecosia (en Slovénie).
Cette proposition de moteurs de recherche alternatifs dans Android est la conséquence directe des nouvelles obligations auxquelles Google est soumis, au nom d’une meilleure concurrence. Le dispositif est actif depuis ce printemps dans l’Union européenne et il fait en sorte que lors de la première configuration d’un smartphone nouvellement acheté, un choix entre quatre moteurs de recherche apparaît.
L’affichage de ces moteurs se fait de manière aléatoire sur chaque smartphone. Google, qui apparaît tout le temps et qui ne participe pas aux enchères (il gagnerait toutefois tout le temps, compte tenu de sa puissance financière), n’est donc pas toujours en tête de la liste. Reste que la puissance de sa marque demeure considérable, même si elle se trouve parfois derrière des solutions peu familières.
Agacement chez les moteurs alternatifs
Ce dispositif est combattu par certains des concurrents de Google, à l’image de Qwant ou de DuckDuckGo, parce qu’il repose sur un système d’enchères dont la particularité n’est pas de reposer sur l’acquisition d’une place, mais sur le montant qu’une société est disposée à verser à Google par mobinaute l’ayant choisi comme moteur de recherche par défaut.
Ecosia, qui a un temps boycotté ces enchères, comme d’autres, avant de revenir sur sa décision, est aussi très mécontent de la situation. Pour le moteur de recherche, Google a inventé un processus qui favorise les moteurs de recherche axés sur le profit, ce qui est une impasse pour des solutions à but non lucratif, ou pour des services qui n’ont pas la monétisation des données comme priorité.
« Notre mission est de lutter contre le changement climatique, et non de nous laisser prendre par des enchères à but lucratif dont les recettes sont prélevées sur des projets vitaux de plantation d’arbres pour être versées à Google », argue ainsi Sophie Dembinski, la responsable des politiques publiques chez Ecosia. À ses yeux, cela nuit aux Européens qui veulent accéder à un autre type de tech.
Pour souligner ce problème, Ecosia souligne qu’il est étrange qu’il n’ait pu obtenir qu’un seul marché alors qu’il se revendique comme le plus grand moteur de recherche alternatif basé en Europe et le deuxième moteur de recherche indépendant le plus populaire sur le continent, avec 15 millions d’utilisateurs dans le monde. En l’état, estime Ecosia, il n’est pas possible de se faire une place sur Android.
Cette situation a été remontée à la Commission européenne, à la demande d’une coalition de moteurs de recherche alternatifs (DuckDuckGo, Ecodia, Lilo, Seznam et Qwant). Il s’agit de mettre en place une réunion trilatérale entre Bruxelles, Google et cette coalition pour régler les insuffisances de ce dispositif, quitte à prendre des dispositions supplémentaires coercitives contre la firme de Mountain View.
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