La menace planait depuis plusieurs jours au-dessus de la tête de l’industriel chinois. Elle s’est concrétisée le 3 décembre. Le fondeur SMIC a été ajouté à la liste américaine des organisations qui ont des liens très étroits avec l’Armée populaire de libération. Elle a été inscrite en même temps que trois autres compagnies officiant dans le pétrole, la construction et l’ingénierie.
Le Pentagone ne cache pas l’objectif qu’il poursuit en s’attaquant à ces quatre sociétés. Il s’agit de « contrer la stratégie de développement civilo-militaire de la Chine, qui soutient les objectifs de modernisation de [son armée] en lui assurant l’accès à des technologies de pointe et à l’expertise acquises et développées par les entreprises, les universités et les programmes de recherche. »
En somme, les USA considèrent que SMIC (acronyme de Semiconductor Manufacturing International Corporation), bien qu’elle « semble être une entité civile », a des ramifications dans le secteur militaire. Et cela pose un problème de fond à Washington, qui ne veut pas que sa domination technologique soit remise en question. C’est ce qu’a d’ailleurs encore rappelé le chef d’état-major début décembre.
Huawei, victime collatérale
En s’attaquant à SMIC, les États-Unis portent aussi un coup indirect à Huawei. En effet, le géant des télécoms voit s’estomper ses chances de faire des affaires avec des compagnies étrangères, notamment dans le domaine des processeurs. Les pointures du domaine, à savoir l’américain Intel, le sud-coréen Samsung et le taïwanais TSMC ont pour l’heure pris leurs distances avec le fleuron chinois.
SMIC peut certes fournir des processeurs à Huawei, mais sa capacité de production se limite pour l’instant à une finesse de gravure de 14 nanomètres (nm), là où les trois autres en sont à produire des processeurs en 5 nm et s’organisent pour sortir des composants encore plus complexes, de l’ordre de 3 voire 2 nm. L’écart représente plusieurs années de recherche et de développement.
Pour l’heure, SMIC fait le dos rond. Dans un communiqué daté du 4 décembre, la firme rejette les accusations américaines, expliquant que ses produits n’ont qu’un usage civil et qu’elle se conforme pleinement à la législation des pays dans lesquels elle exerce. SMIC estime qu’il s’agit-là d’un « malentendu fondamental », mais ajoute par ailleurs qu’elle ne pense pas souffrir significativement de cette exclusion.
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